Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Choux de Siam
13 février 2008

Mauvaise blague

  • Si Ryan O'Byrne avait volé le sac à main d'une jeune femme dans un bar pour lui soutirer de l'argent, il ne l'aurait pas gardée dans ses mains, sous les yeux de ses coéquipiers devant la boîte de nuit. (Mathias Brunet, dans La Presse.)

C'était donc la petite Poucette?

(Rappelons-le à toutes fins utiles : le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe. Il n'aurait pas gardé qui ou quoi? Non, pas la jeune femme, mais son sac à main : gardé.)

* * * * *

  • Son geste n'était pas intelligent, et pas très galant non plus. Il a mal mesuré l'impact de son geste.

... Il en a mal mesuré l'impact [ou mieux : les conséquences].

* * * * *

  • ... pour que les fautifs puisse repasser la frontière sans problème.

... puissent...

* * * * *

  • Les sanctions imposées à Carbonneau et à Nilan n'avait pas rendu Jean Peron très populaire dans le vestiaire. Perron a payé le prix __ ces incidents, Il n'a duré qu'un an après avoir gagné la Coupe.

Les sanctions [...] n'avaient pas rendu Jean Perron très populaire dans le vestiaire. Perron a payé le prix de ces incidents : il n'a duré qu'un an après avoir gagné la Coupe.

Line Gingras
Québec

«Une farce plate qui a mal tourné» : http://www.cyberpresse.ca/article/20080212/CPSPORTS0101/802120428/1002/CPSPORTS

14 février 2008

Elle s'est prononcé...

Elle s'est prononcé ou elle s'est prononcée; ils se sont prononcé ou ils se sont prononcés; elles se sont prononcé ou elles se sont prononcées; se prononcer, accord du participe passé; grammaire française; orthographe d'accord.

  • La Communauté de la foi islamique, organisation religieuse locale qui avait attiré l'attention sur les caricatures lors de leur parution, a déclaré condamner le projet d'assassinat de Westergaard et s'est prononcé pour le règlement des désaccords par les voies légales. (Dépêche de l'agence Reuters, traduite par Marc Delteil.)

Selon le Multidictionnaire, le participe passé du pronominal se prononcer s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet du verbe :

Les électeurs se sont prononcés en faveur du oui. (Petit Robert.)

Qui est-ce qui s'est prononcé, dans la phrase à l'étude? La Communauté de la foi islamique : ... et s'est prononcée pour le règlement...

Line Gingras
Québec

«Complot contre un caricaturiste danois, trois arrestations» : http://www.lemonde.fr/web/depeches/0,14-0,39-34283884@7-37,0.html

15 février 2008

Efficace à faire entendre les conversations

Efficace à + infinitif; efficacité à + infinitif; grammaire française; syntaxe du français.

  • Chez certaines personnes sourdes, l'implantation cochléaire qu'elles ont subie est peu efficace à leur faire entendre les conversations d'un film doublé ou celles qui ont cours dans la voiture qu'elles conduisent. (Pauline Gravel.)

Avec quelle préposition doit s'employer l'adjectif efficace (ou le substantif efficacité), lorsqu'il a pour complément un infinitif indiquant le but que l'on veut atteindre? J'ai consulté le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, aux articles « efficace », « efficacité », « inefficace » et « inefficacité », mais n'ai trouvé que les deux exemples suivants :

Un moyen efficace pour le faire avouer. (Petit Robert.)
Je connais un moyen efficace pour le faire accepter. (Lexis.)

Je conseillerais d'écrire :

... est peu efficace pour leur faire entendre les conversations...
... est de peu d'utilité pour leur faire entendre les conversations...
... n'aide pas beaucoup à entendre les conversations...

Line Gingras
Québec

« Faut-il restreindre l'usage du langage des signes? » : http://www.ledevoir.com/2008/02/12/175796.html

21 février 2008

Flirter les journalistes

Flirter quelqu'un, flirter avec quelqu'un; flirter, verbe transitif ou intransitif; grammaire française; syntaxe du français.

  • On adoooooooore les journalistes quand on a besoin d'eux [...] on les courtise, on les flirte... (Richard Martineau.)

D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, flirter s'emploie uniquement comme intransitif. Ce verbe n'a donc jamais de complément d'objet direct :

Ce député flirte avec l'opposition. (Multidictionnaire.)

La Chine flirte avec les États-Unis. (Lexis.)

... je n'aime pas les catholiques [...] qui flirtent avec la Sorbonne... (Péguy, dans le Trésor.)

Il aurait fallu écrire :

... on les courtise, on flirte avec eux...

Line Gingras
Québec

« L'âge des ténèbres » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2008/02/20/l_age_des_tenebres_1#comments

22 février 2008

Un sport de morrons?

Morron ou moron; anglicisme; orthographe.

  • Ce qui m'amène à cette question douloureuse : cout'donc, le hockey serait-il un sport de morrons? (Pierre Foglia.)

Le mot anglais* a été choisi pour des raisons stylistiques, mais cela ne dispense pas d'en vérifier l'orthographe. Mes dictionnaires donnent moron, avec un seul r :

Ce moron a laissé brûler les marrons.

Line Gingras
Québec

* Moron peut se traduire par idiot, crétin, débile, taré. (Source : Robert & Collins Super Senior.)

« Une question douloureuse » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080221/CPOPINIONS05/802210840/6750/CPOPINIONS05

23 février 2008

Être et avoir

  • « ... je n’ai jamais eu de problèmes avec eux par rapport à ce qu’ils leur aient reproché devant les tribunaux. » (Matthieu Boivin, citant dans Le Soleil le frère Guy Bédard, qui a fait cette déclaration au téléphone.)

Pour la clarté de la phrase, il ne me paraît pas inutile d'établir une distinction entre avoir et être, entre un pronom personnel et un pronom relatif :

... je n'ai jamais eu de problèmes avec eux par rapport à ce qui leur est reproché devant les tribunaux.

Line Gingras
Québec

« Québécois arrêtés : un capucin émet des doutes sur les accusations » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080222/CPSOLEIL/80222037/1019/CPACTUALITES

27 février 2008

Douze par chambres

Par chambres ou par chambre; nombre du complément introduit par la préposition par; grammaire française; orthographe d'accord.

  • ... des ouvriers peuvent s'entasser à douze par chambres... (Stéphane Baillargeon.)

Il arrive que le complément introduit au moyen de par se mette au pluriel; c'est le cas dans la phrase suivante, où la préposition signifie « à certains » :

Son discours était par moments inaudible.

Dans l'exemple qui nous intéresse, toutefois, on a voulu dire que des ouvriers peuvent s'entasser à douze dans chaque chambre; il fallait donc écrire par chambre, au singulier.

Line Gingras
Québec

« Éthique et cirque - Le Cirque du Soleil dans la fournaise féodale de Duba et de Macao... » : http://www.ledevoir.com/2008/02/19/176805.html

1 mars 2008

À part pour ces erreurs...

À part pour; à part de; à part; locution prépositive; grammaire française; syntaxe du français.

  • À part pour une ou deux petites erreurs [...] elle s'en est bien tirée. (Paul Journet, dans La Presse.)

Le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain font observer que la locution prépositive à part « se construit sans la préposition de » (Villers) :

Que fait-il, à part copier? (Hanse-Blampain.)

À part ça, tout est au point. (Multidictionnaire.)

De fait, dans tous les exemples que j'ai relevés, à part est suivi du complément, sans autre préposition :

Personne n'a voulu rester à part moi. (Petit Robert.)

À part toi, personne n'est au courant. (Lexis.)

À part cet oubli, tout est parfait. (Multidictionnaire.)

À part ça, comment vont les affaires? (Ponchon, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Je relis l'oraison funèbre d'Henriette de France. À part l'admirable portrait de Cromwell et certaine phrase du début (...), je n'y trouve pas beaucoup d'excellent, du moins à mon goût. (Gide, dans le Trésor.)

Je recommanderais d'écrire, par conséquent :

À part une ou deux petites erreurs...

Line Gingras
Québec

« Le monstre, le rescapé et l'english chez Guy A. » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080218/CPARTS/802180784/1017/CPARTS

2 mars 2008

Elle a nuit

Elle a nuit ou elle a nui; participe passé du verbe nuire; grammaire française; orthographe.

  • ... jugeant que la situation actuelle entretient une certaine confusion chez l'électorat et qu'elle lui a nuit lors des dernières élections. (Alexandre Shields.)

On doit faire la distinction entre nuit, troisième personne du singulier du présent de l'indicatif, et nui, participe passé :

Cette situation nuit au parti.
Cette situation a nui au parti.

Line Gingras
Québec

« Françoise David veut mettre un terme à l'aventure bicéphale » : http://www.ledevoir.com/2008/03/01/178484.html

3 mars 2008

Les tirets et l'accord du verbe

Passage entre tirets; accord du verbe; antécédent du pronom relatif; noyau d'un syntagme; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord.

  • La seule différence visible entre les enfants de Soweto et ceux du quartier Hochelaga-Maisonneuve est l'uniforme des premiers - chemisette blanche éclatante, pantalon ou jupe marine, chaussures noires - qui leur donnent cette allure dont ils sont si fiers. (Denise Bombardier.)

Les composantes de l'uniforme sont placées entre tirets; elles apportent une précision sans doute intéressante, mais accessoire : ce passage peut être retranché de la phrase sans que la compréhension en souffre. Ce ne sont donc pas les éléments de cette énumération que représente le pronom relatif qui, mais le noyau du syntagme auquel ils se rapportent, l'uniforme des premiers : le passage encadré ne fait que décrire cet uniforme, qui leur donne [aux enfants de Soweto] cette allure dont ils sont si fiers.

Line Gingras
Québec

« Voyage à l'heure planétaire » : http://www.ledevoir.com/2008/03/01/178422.html

8 mars 2008

Participer à désengorger...

Participer à + infinitif; participer à faire quelque chose; grammaire française; syntaxe du français.

  • ... cette mixité va-t-elle au contraire participer à désengorger le système public? (Richard Martineau.)

D'après les nombreux exemples que je vois dans les dictionnaires, participer a pour complément un nom, jamais un verbe à l'infinitif :

Il participe aux dépenses, à notre chagrin. (Hanse-Blampain.)

Les enfants ont participé à l'achat de ce cadeau. (Multidictionnaire.)

Chaque convive a participé aux frais du banquet. (Petit Robert.)

Mlle Cynthia participait à la conversation. (Vailland, dans le Lexis.)

... obliger les hommes valides à participer au sauvetage général. (Camus, dans le Petit Robert.)

... un système dans lequel les salariés « participeraient » à la fois à la direction et aux bénéfices de l'entreprise. (Romeuf, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Une banque qui s'intéresse à une affaire [...] participe largement à une augmentation ultérieure du capital... (Romeuf, dans le Trésor.)

J'aime lire tout en marchant. C'est un écran immatériel qu'on dresse entre soi et la vie; écran fragile, crevé sans cesse, car tout de même on participe à l'animation de la rue. (Gide, dans le Trésor.)

Il faudrait donc écrire :

... cette mixité va-t-elle contribuer/aider à désengorger le système public?

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Place au privé » : http://martineau.blogue.canoe.ca/2008/02/19/place_au_prive

9 mars 2008

Quand ça goutte, on y goûte!

Goûter et goutter; homonymes; orthographe.

  • « Je goûte de partout! » Les yeux exorbités et les cheveux en broussaille, Michèle Lewin tentait d'enlever la neige collée à son long manteau rouge. (Catherine Handfield, dans La Presse.)

Madame Lewin, originaire de Nîmes, goûtait peut-être à sa première tempête de neige, mais ce qu'elle a dit, c'est plutôt qu'elle gouttait de partout.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« En deux heures, la ville s'est éteinte » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080309/CPACTUALITES/803090498

10 mars 2008

Profiter que

Profiter que; profiter de ce que; grammaire française; syntaxe du français.

  • Kovalchuk a profité que Bégin n'avait plus de bâton... (Robert Laflamme, PC.)

Le Multidictionnaire signale que le verbe profiter, au sens de tirer avantage de, s'emploie « avec la préposition de suivie d'un nom ou avec la locution conjonctive de ce que suivie de l'indicatif » :

Elle a profité de ce qu'il pleuvait pour étudier. (Multidictionnaire.)

Les enfants ont profité de ce que nous n'étions pas là pour faire des bêtises. (Lexis.)

Pourquoi ne pas profiter de ce que vous êtes riches? (Hugo, dans le Petit Robert.)

Je profitai de ce que la duchesse changeait de place pour me lever aussi. (Proust, dans le Hanse-Blampain.)

Selon le Petit Robert (2007) et le Trésor de la langue française informatisé, la construction profiter que est populaire et fautive :

... elle profita que nous demeurions loin, pour rentrer de plus en plus rarement à la maison. (Céline, dans le Trésor.)

Nous devrions profiter qu'ils sont encore là pour nous débarrasser des communistes. (Vailland, dans le Trésor.)

Hanse et Blampain, après avoir affirmé : « Il est certain que l'usage recommande profiter de ce que », font observer : « Profiter que est étrangement condamné comme populaire et donc à éviter, alors qu'on recommande avertir que, informer que, etc. »

Un texte d'information devant être rédigé dans une langue soutenue, il aurait fallu écrire :

Kovalchuk a profité de ce que Bégin n'avait plus de bâton...

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Chris Higgins marque deux fois dans la victoire de 5-1 du Canadien » : http://www.canoe.com/sports/nouvelles/archives/2008/02/20080226-222132.html

12 mars 2008

Sous la recommandation de

Sous la recommandation de; sur la recommandation de; choix de la préposition devant recommandation; grammaire française; syntaxe du français.

  • Sous la recommandation de Guillaume Latendresse, le Canadien a obtenu Olivier Latendresse en retour de Cory Urquhart. (François Lemenu, PC.)

Je ne trouve rien, dans les ouvrages de difficultés, sur le choix de la préposition devant recommandation (j'ai vu le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais); le Petit Robert et le Lexis ne donnent aucun exemple utile, non plus, à l'article «recommandation». Cependant, le Trésor de la langue française informatisé signale que l'on écrit à ou sur la recommandation de quelqu'un :

Les religieux [...] nommèrent, à la recommandation du duc de Bourgogne, maître de Villette, jeune bachelier fort docte en théologie. (Barante.)

Je l'ai engagé, en effet, sur la recommandation de Mme de Montanel. (Bernanos.)

Ce même dictionnaire propose, à différents articles, trois autres exemples de la construction avec sur (j'ai cherché sur la recommandation, sur sa recommandation, à la recommandation, à sa recommandation, sous la recommandation, sous sa recommandation). Je conseillerais donc d'écrire :

Sur la recommandation de Guillaume Latendresse...

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

«Un deuxième Latendresse avec le Canadien» : http://www.cyberpresse.ca/article/20080219/CPSPORTS0101/80219197/-1/CPSPORTS0101

13 mars 2008

Le corps était décédé

Décéder; sujet du verbe décéder.

  • Le corps de l'archevêque chaldéen de la ville irakienne de Mossoul, retrouvé mort jeudi, ne portait pas de trace de balles et était décédé depuis au moins trois jours, a-t-on appris de sources concordantes. (AFP.)

D'après ce que je vois dans le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, décéder a pour sujet un nom ou un pronom désignant une personne : dans le cas présent, c'est l'archevêque qui est décédé. Le verbe ne peut donc s'employer à propos du groupe sujet le corps de l'archevêque chaldéen de la ville irakienne de Mossoul, dont corps est le noyau. Je proposerais :

Le corps de l'archevêque chaldéen de la ville irakienne de Mossoul, retrouvé mort jeudi, ne portait pas de trace de balles, et le décès remontait à trois jours au moins, a-t-on appris de sources concordantes.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Pas de trace de balles sur le cadavre de l'archevêque de Mossoul » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080313/CPMONDE/80313157/5024/CPDMINUTE

15 mars 2008

Conventions typographiques et carnet Web

Ponctuation; typographie; espacement; espace fine; espace insécable; guillemets français; point d'interrogation; point d'exclamation; point-virgule; deux-points.

Un lecteur attentif me demande si je ne devrais pas utiliser l'espace insécable devant certains signes de ponctuation comme le point d'interrogation, le point d'exclamation et le point-virgule. Il y a longtemps que je voulais aborder cette question des conventions typographiques, mais pour vous parler surtout des guillemets français...

Le problème est clairement exposé dans cet extrait d'un ouvrage très populaire au Québec, Le français au bureau (sixième édition), de l'Office québécois de la langue française :

Les codes typographiques indiquent l'espacement qui accompagne les divers signes de ponctuation. Ces indications s'appliquent avant tout et intégralement aux textes composés traditionnellement, par photocomposition ou par éditique [...] Malheureusement, peu de codes prévoient des adaptations pour les textes dactylographiés et pour ceux qui sont produits par traitement de texte.

Lorsqu'on travaille avec un logiciel de traitement de texte courant, comme Word, on peut utiliser aisément des espaces insécables; impossible par contre, à ma connaissance, de faire des distinctions comme celle que l'on établit, en typographie, entre espace fine et espace forte*. Les possibilités techniques sont donc limitées - et elles le sont davantage encore chez les hébergeurs de blogues.

En typographie soignée, on met une espace fine devant le point d'exclamation, le point d'interrogation et le point-virgule; toutefois, si l'on utilise un logiciel de traitement de texte, il est d'usage au Québec, d'après Le français au bureau, de ne pas mettre d'espacement devant ces signes, qui sont par contre suivis d'un espace. C'est cette règle que je m'efforce d'observer dans mon carnet. Le deux-points, lui, doit être suivi d'un espace ordinaire, et précédé d'un espace insécable; il semble que mon hébergeur ait prévu cet espace, que je n'ai pas de mal à obtenir.

Ce même espace insécable, j'aimerais pouvoir l'insérer après le guillemet ouvrant et devant le guillemet fermant, comme il se devrait. Hélas, je n'y arrive généralement pas dans Canalblog (même si je sais qu'il faut taper, en mode HTML,  ). Après avoir opté, jusque tout récemment, pour l'absence d'espace, j'ai pris le parti suivant : j'essaie de mettre l'espace insécable; une fois le billet publié, s'il y a un guillemet isolé en début ou en fin de ligne (ce que je veux éviter à tout prix), je supprime partout les espaces accompagnant les guillemets, dans le billet en question. Vous verrez donc, en ce qui concerne les guillemets, une regrettable absence d'uniformité dans mon carnet - pensez qu'au début, je ne savais pas même comment obtenir les guillemets français!

On fait ce qu'on peut...

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

* Espace est un nom féminin dans le vocabulaire spécialisé des typographes.

16 mars 2008

Les défaillances à leur venir en aide

Un lecteur m'a demandé, à propos de mon billet du 14 mars, s'il serait correct d'écrire ... des défaillances des autorités fédérales à leur venir en aide (au lieu de pour leur venir en aide, formulation que j'ai condamnée).

Cette construction avec à me paraît douteuse; elle est d'ailleurs absente des dictionnaires que j'ai consultés. D'après ce que je peux voir, défaillance s'emploie seul ou suivi d'un complément déterminatif introduit par de :

Ces hommes, que l'on voit très grands, ont parfois des minutes de solitude et de défaillance. (Duhamel, dans le Lexis.)

Une défaillance du système de freinage. (Multidictionnaire.)

Défaillance du train au milieu de la côte. (Romains, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Défaillance du cœur, défaillance cardiaque. (Trésor.)

Une défaillance de mémoire, d'attention. (Lexis.)

Défaillance de la volonté, de l'énergie. (Petit Robert.)

Ce ministre étrange, qui donc l'avait choisi, ou plutôt subi par défaillance de volonté. (Clemenceau, dans le Trésor.)

Défaillance à faire quelque chose (ou défaillance de quelqu'un à faire quelque chose) ne me semble pas idiomatique; je soupçonne l'influence de l'anglais failure to do something, que le Robert & Collins Super Senior évite de rendre de façon littérale : on suggère ainsi de traduire because of his failure to help us par du fait qu'il ne nous a pas aidés. Le Meertens (Guide anglais-français de la traduction) donne également des exemples que je trouve révélateurs.

Merci à Gilles d'avoir posé la question.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

17 mars 2008

Un bébé qui a tout le monde contre lui

  • Dans le box des accusés, le père indigne a regardé le sol tout au long de ce sombre récit. Alors que la mère de leur enfant, encore adolescente, sanglotait.

    Tous les événements se seraient déroulés en son absence et elle dit ne s'être doutée de rien.

    Vu le très jeune âge de l'enfant, les médecins ne peuvent prévoir de quelles séquelles il souffrira.

    Me Paquin réclamera contre lui une peine de pénitencier, donc plus de deux ans. (David Santerre, dans Le Journal de Montréal.)

Je pense que la peine de pénitencier, le cas échéant, devrait s'appliquer au père maltraitant, et non au bébé.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Coupable d'avoir torturé son bébé qui pleurait trop » : http://www.canoe.com/infos/societe/archives/2007/11/20071113-092300.html

19 mars 2008

Les autorités

  • Les autorités du MRI avaient tenté pendant trois mois de régler le conflit à la délégation. Incapable de s'entendre avec Bruno Fortier, ils ont ordonné son rappel. (Tommy Chouinard, dans La Presse.)

... Incapables de s'entendre avec Bruno Fortier, elles ont ordonné son rappel.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Québec met à la porte son délégué général à New York » : http://www.cyberpresse.ca/article/20080319/CPACTUALITES/803190732/1019/CPACTUALITES

20 mars 2008

Aucune concession

  • Au printemps dernier, aucune concession n'aurait pu convaincre l'ADQ d'appuyer le budget, peu importe les concessions qu'on aurait pu lui faire. (Michel David.)

L'idée serait complètement exprimée si la phrase se terminait après le budget. Néanmoins, afin de produire un effet d'insistance, on pourrait écrire :

Le printemps dernier, rien n'aurait pu convaincre l'ADQ d'appuyer le budget, peu importe les concessions qu'on aurait pu lui faire.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Du moment que ça passe » : http://www.ledevoir.com/2008/03/14/180411.html

26 mars 2008

La tragédie s'était produit

Se produire; accord du participe passé du verbe pronominal; pronominal subjectif; grammaire française; orthographe d'accord.

  • Ayant une idée approximative de l'endroit où s'était produit la tragédie, les sauveteurs munis de gaffes ont fouillé l'amas de neige pendant près d'une heure. (PC.)

Selon Marie-Éva de Villers, le participe passé du verbe se produire «s'accorde toujours en genre et en nombre avec le sujet» :

Des séismes se sont produits. (Multidictionnaire.)
Une chose incroyable s'est produite. (Petit Robert.)

Se produire est un pronominal subjectif, c'est-à-dire un verbe accidentellement pronominal (pas toujours employé à la forme pronominale) qui fait corps avec le pronom réfléchi; celui-ci a pour seul rôle de marquer la forme pronominale, et ne s'analyse donc pas séparément. Et avec quoi s'accorde le participe passé du pronominal subjectif? Avec le sujet - pourvu que le verbe, lorsqu'il est employé à la forme active, admette un complément d'objet direct. (Exemple : Cette entreprise produit des jouets pour enfants.)

Dans la phrase qui nous occupe, le sujet est inversé, ce qui ne l'empêche pas d'entraîner l'accord au féminin singulier :

Ayant une idée approximative de l'endroit où s'était produite la tragédie...

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

«L'adolescent retrouvé sous la neige est mort» : http://www.cyberpresse.ca/article/20080321/CPACTUALITES/80321172/1019/CPACTUALITES

27 mars 2008

Eurent été, eussent été?

Conditionnel passé deuxième forme; passé antérieur de l'indicatif; grammaire française; orthographe.

  • En programmant, par exemple, la Symphonie n° 70 de Haydn, Nagano et l'OSM seraient arrivés à un résultat supérieur en faisant le boulot pour lequel ils sont payés et en économisant au passage à la fois le cachet d'un soliste et le souffle des cuivres. Et s'il s'agissait d'employer madame Hewitt, la suggestion évidente pour illustrer « l'art de la fugue » était la Wanderer-Fantaisie de Schubert orchestrée par Liszt. Dans l'un ou l'autre cas, les passerelles Haydn-Bruckner ou Schubert-Bruckner eurent été autrement plus efficaces. (Christophe Huss.)

Le journaliste voulait sans doute employer le conditionnel, pour dire que les passerelles auraient été autrement plus efficaces; au lieu du conditionnel passé première forme, auraient été, il a choisi, comme il le pouvait très bien, le conditionnel passé deuxième forme, eussent été.

Il a cependant écrit eurent été, troisième personne du pluriel du passé antérieur de l'indicatif :

Après qu'ils eurent été relâchés, les deux aventuriers s'embarquèrent pour l'Amérique.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Concerts classiques - Une idée à la noix » : http://www.ledevoir.com/2008/03/26/182184.html

29 mars 2008

Chambre des joueurs

Chambre des joueurs;  players' room; vestiaire; anglicisme; calque de l'anglais.

  • Même suspendu, Patrick Roy prépare le plan de match, est présent dans la chambre des joueurs et demeure de facto l'entraîneur des Remparts. (Gil Courtemanche.)

Je connais peu M. Patrick Roy, mais je ne pense pas qu'il soit du genre à entrer dans la chambre de ses protégés pour les border ou pour leur chanter une berceuse.

Blague à part, le chroniqueur a sans doute voulu imiter le langage de certains amateurs de hockey : on emploie souvent l'expression chambre des joueurs, qu'il faut tenir pour le calque de players' room (voir le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron ou le Dagenais). Le mot français vestiaire ne fait peut-être pas assez intime...

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

« Gang de rue » : http://www.ledevoir.com/2008/03/29/182710.html

5 avril 2008

Frais et dispo

Dispo ou dispos; frais et dispo ou frais et dispos; orthographe.

  • Carbo a d'ailleurs salué l'effort de son fougueux attaquant. «Lorsque Steve est frais et dispo, il est un joueur très important [...] parce qu'il apporte beaucoup d'énergie et qu'il utilise son corps énormément. Mais lorsqu'il donne des signes d'usure, il n'est plus le même joueur.» (Marc Antoine Godin, dans La Presse.)

Je ne sais pas si le journaliste a été seulement distrait ou s'il s'imagine que dispo est une forme abrégée de disponible*, comme Carbo est employé pour Carboneau. Quoi qu'il en soit, c'est dispos qu'il fallait écrire (cet adjectif fait dispose au féminin) :

Un jeune homme bien dispos de corps et d'esprit. (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Fanny toute neuve, rajeunie, dispose. (Colette, dans le Trésor.)

L'expression frais et dispos, d'usage courant, signifie «en bonne santé et dans un état euphorique, actif» (Petit Robert).

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

* Il ne serait pas le seul à le croire, ainsi que le montre une recherche Google.

«Carey Price entre dans sa bulle» : http://www.cyberpresse.ca/article/20080404/CPSPORTS0101/804040770/5128/CPSPORTS01

7 avril 2008

Les objectifs que je m'étais fixés

Les objectifs qu'elle s'était fixée; les objectifs qu'elle s'était fixés; se fixer, accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe d'accord.

  • Les objectifs que je m'étais fixés ont été atteints.

L'accord de fixés est-il correct, me demandait hier Danaée? Quelle est la règle?

Lorsque le verbe pronominal a un complément d'objet direct, c'est toujours avec celui-ci que le participe passé s'accorde, pourvu que le complément soit placé devant le verbe : j'avais fixé quoi? des objectifs. On écrit donc, comme l'a fait Danaée :

Les objectifs que je m'étais fixés ont été atteints.

Si le complément est placé après le verbe, le participe demeure invariable :

Elle s'était fixé des objectifs.

Et le pronom réfléchi, s' (ou m', dans l'exemple soumis par Danaée)? Dans le cas présent, c'est un datif - un complément d'attribution (objet second répondant à la question « à qui? ») désignant la destinataire de l'action exprimée par le verbe : elle avait fixé des objectifs à elle-même.

Line Gingras
Traductrice indépendante
Québec

Archives