Emploi de l'adjectif démonstratif calqué sur l'anglais; emploi de l'adjectif démonstratif au lieu du possessif; en coeur ou en choeur; homonymes; orthographe; anglicisme.
- Mais que faire devant ceux qui n'ont désormais qu'un objectif : assassiner la liberté elle-même? Les réactions pacifistes dans ce pays cet été ne nous ont pas apporté de réponse valable à cette terrible question. (Denise Bombardier.)
De quel pays s'agit-il? Aucun n'est mentionné précisément dans le paragraphe que termine cette phrase, bien que le mot pays s'y rencontre à deux reprises, au pluriel; dans le paragraphe qui précède je trouve l'Afghanistan, mais ce n'est manifestement pas à lui que pense ici madame Bombardier. Je vois bien, à la lecture du reste de son article, qu'elle parle plutôt du Canada - et que le démonstratif a valeur de possessif, comme c'est fréquemment le cas en anglais :
An Ipsos-Reid survey, released today, indicates that many Canadians identify low adult literacy as "very important" and "a major problem" in this country.
Selon les résultats d’un sondage d’Ipsos-Reid rendu public aujourd’hui, un grand nombre de Canadiens qualifient de «très important» et de «problème majeur» le faible niveau de littératie* chez les adultes dans notre pays.
[Source de ces deux citations : http://www.abc-canada.org/media_room/news/news_releases2005.shtml]
* Littératie ne figure pas dans le Petit Robert (2007), dans le Multidictionnaire ni dans le Trésor de la langue française informatisé; il est admis, toutefois, dans le Grand dictionnaire terminologique : http://www.granddictionnaire.com/btml/fra/r_motclef/index800_1.asp
Si vous avez l'occasion de lire ou d'entendre, en français, les propos de Stephen Harper ou de certains de ses ministres, vous remarquerez, si ce n'est déjà fait, que nos dirigeants utilisent très souvent les tours «ce gouvernement», «ce pays», là où l'on attendrait «notre gouvernement», «mon gouvernement», «le Canada», «notre pays». C'est une faute bien excusable chez des anglophones; malheureusement, plus on y est exposé, plus on risque de l'«attraper»!
Je suggérerais donc de modifier légèrement la phrase à l'étude :
Les réactions pacifistes des Canadiens, cet été, ne nous ont pas apporté...
Les réactions pacifistes observées au Canada, cet été, ne nous ont pas apporté...
* * * * *
- À notre époque de démocratie émotionnelle où la primauté semble être de vibrer en coeur, il est difficile, voire périlleux, de tenter l'exercice intellectuel qui consiste à remettre les faits en contexte.
Oui! bonne idée, tentons notre petit exercice intellectuel à nous; nous pourrons même le faire sans briser notre linge, comme dirait Jean Dion à l'exemple de ma grand-mère. Allons-y bravement, réfléchissons un peu : lorsque les coeurs vibrent à l'unisson, ils vibrent en choeur, vous ne croyez pas? (Voir le Petit Robert, à l'article «choeur».)
- ... la politique certes douteuse qu'ont trop souvent menée les gouvernements américains, y compris Bill Clinton...
Le président des États-Unis, qui qu'il soit et en dépit de toute sa bonne volonté, n'est pas un gouvernement à lui tout seul; il aurait fallu écrire : ... les gouvernements américains, y compris celui de Bill Clinton...
Line Gingras
«Rude été» : http://www.ledevoir.com/2006/09/09/117744.html