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Choux de Siam
31 juillet 2006

Avec quoi ça s'accorde?

L'accord du verbe séparé de son sujet; l'accord du verbe avec son sujet inversé; la relative explicative et la virgule; la proposition relative et la virgule; grammaire française; syntaxe du français; ponctuation; orthographe d'accord.

  • Mais une certitude demeure : les rôles de con, à l'image de Brice, semble__ toujours lui plaire... (Fabien Deglise.)

Le verbe ne s'accorde pas toujours avec ce qui vient juste avant : ici, «à l'image de Brice» n'est qu'une sorte de parenthèse servant à préciser ce qu'on veut dire par «les rôles de con»; ce sont eux qui semblent toujours plaire.

* * * * *

  • Autant d'avantages que lui procurent son statut de vedette_ dont il aime savourer chaque seconde avec sourire et humilité.

Il arrive aussi que le sujet soit placé après le verbe : le «statut de vedette» procure des avantages, et non l'inverse. Le contraire pourrait être vrai (certaines personnes sont célèbres en raison de leur fortune), mais alors on écrirait : Autant d'avantages qui lui procurent...

Par ailleurs, la relative introduite par dont ne détermine pas de quel «statut de vedette» il s'agit; elle n'introduit pas une information essentielle au sens de la phrase, mais accessoire. Nous n'avons donc pas affaire à une proposition subordonnée déterminative, mais explicative, qui doit être précédée de la virgule.

Line Gingras

«De bouffon à espion» : http://www.ledevoir.com/2006/07/18/113942.html

30 juillet 2006

L'caveau de douor

Venise; albergo San Samuele.

Les deux dernières fois où je suis allée à Venise, j'ai logé au San Samuele, petit hôtel modeste mais sympathique et bien tenu, dans la salizzada du même nom.

L'enseigne est discrète. Je sonne à la porte, on m'ouvre d'en haut; je pénètre dans un rez-de-chaussée non habité, marque de sagesse dans la ville de l'acqua alta.

Et je respire, en faisant les quelques pas qui mènent à l'escalier, cette odeur ancienne. Étrange et familière à la fois. Je pourrais dire, même, familiale. Parce que c'est l'odeur du caveau de douor.

En un instant, cette odeur me transporte dans le p'tit rang croche; j'entends la rivière dévaler de la montagne, de l'autre côté du chemin de gravelle. Et ici, à gauche du gros peuplier au tronc fendu, il y a l'caveau de douor, creusé dans la terre.

Je me rappelle la vieille porte; à l'intérieur, les patates, les carottes, les choux, les choux de Siam qu'on y conserve - qu'on y conservait, parce que tout cela a été détruit avec l'élargissement de la route.

Et l'odeur de terre, la même qu'au rez-de-chaussée du San Samuele, à Venise.

Line Gingras

29 juillet 2006

C'est moi qui ne sait pas

C'est moi qui et l'accord du verbe; accord du verbe avec le pronom relatif qui ayant pour antécédent un pronom personnel; orthographe d'accord; grammaire française; syntaxe du français.

  • Comme bien d'autres choses incomprises, la péréquation demeure toutefois un «dossier» qui, s'il est mal ajusté, peut donner lieu à une forme de déséquilibre fiscal.

    «Et le déséquilibre fiscal, je tiens à dire que c'est moi qui ne sait pas ce que c'est», a dit le fédéral qui passait par là.
    (Jean Dion.)

Le verbe ayant pour sujet le pronom qui ne se met pas nécessairement à la troisième personne; il s'accorde plutôt avec l'antécédent du relatif - dans le cas présent, il s'agit du pronom moi, de la première personne du singulier : ... c'est moi qui ne sais pas...

Line Gingras

«Des nouvelles de tout le monde» : http://www.ledevoir.com/2006/07/29/114753.html

28 juillet 2006

Comité aviseur

Comité aviseur; calque; anglicisme; usage.

  • ... M. Dallaire craint toutefois que l'exercice n'ait pas reçu une oreille attentive de la part du comité aviseur. (Alexandre Shields.)

J'ai rarement rencontré le terme comité aviseur pendant la quinzaine d'années que j'ai passées dans l'administration fédérale. Une recherche au moyen de Google confirme qu'il est peu souvent utilisé dans la fonction publique canadienne : je trouve, dans les sites .gc.ca, un nombre d'occurrences beaucoup moins élevé pour comité aviseur que pour comité consultatif.

C'est heureux, parce que le Grand dictionnaire terminologique, le Multidictionnaire et le Chouinard condamnent comité aviseur : il s'agit en effet du calque de l'anglais advisory committee, qui se rend par comité consultatif.

Le mot aviseur ne figure ni dans le Petit Robert (2003), ni dans le Lexis, ni dans le Trésor de la langue française informatisé. Bien entendu, le journaliste aurait été forcé d'employer cet adjectif si ce dernier avait fait partie d'une appellation officielle; ce n'est pas le cas ici, toutefois, puisque le nom générique auquel il se rapporte, comité, est écrit avec une minuscule initiale.

Voilà un anglicisme qui paraît sorti de l'usage courant; tâchons de ne pas l'y ramener.

Line Gingras

«SOS Parc Orford revient à la charge» : http://www.ledevoir.com/2006/07/27/114599.html

27 juillet 2006

Parties participantes

  • Bref, les trois parties participantes à cet exercice de rapprochement en fin de semaine, soit l'Union européenne, les États-Unis et les économies émergentes, se sont accusées mutuellement de l'échec de cette rencontre à Genève. (Claude Turcotte.)

Bref, les trois parties à cet exercice...
Bref, les trois participants à cet exercice
[...] se sont accusés...

  • En revanche, pour les Américains, la responsabilité de l'impasse se trouve chez les partenaires qui ont cherché à protéger toute une série de produits agricoles sensibles de la baisse des droits de douane agricoles.

L'adjectif agricoles n'a pas à figurer deux fois.

  • Cette impasse est peut-être, selon lui, une bonne occasion de repenser tout le processus, et on pourrait en arriver à penser que le modèle canadien de la gestion de l'offre serait une bonne solution.

... une bonne occasion de revoir tout le processus...

  • Il a souligné que les pays membres de l'OMC sont soumis à des facteurs politiques dans chacun de leur_ pays.

... des facteurs politiques intérieurs.

Line Gingras

«OMC : la libéralisation du commerce mondial compromise» : http://www.ledevoir.com/2006/07/25/114442.html

26 juillet 2006

Les soldats sont imputables de leurs actes

Imputable; être imputable de ses actes; imputable appliqué à une personne ou à un groupe de personnes; usage.

  • Il serait en tout cas très étonnant que le président Bush accepte que les soldats américains soient imputables des actes qu'ils commettent sur le sol irakien et soient traduits devant les tribunaux irakiens. (Serge Truffaut.)
  • On se souviendra que, depuis l'offensive en Afghanistan, la position de l'administration n'a jamais changé : tout militaire américain est imputable devant la loi américaine.

Imputable veut dire «qui doit être attribué à quelqu'un, à quelque chose» (Multidictionnaire). Synonyme d'attribuable, il s'applique seulement à des choses, comme le montrent les nombreux exemples relevés dans les dictionnaires :

Accident imputable à quelqu'un (Petit Robert), au manque de sécurité (Trésor de la langue française informatisé).

Une faute imputable à la négligence. (Hanse et Blampain.)

Il n'y a là qu'un retard imputable à des défauts de transmission. (De Gaulle, dans le Lexis.)

L'insuccès ne pouvait être expliqué à ses yeux que par quelque faute très grave imputable à ses chefs. (Sorel, dans le Trésor.)

Ces abus ne sont imputables qu'à la mauvaise administration du pays. (Académie, dans le Trésor.)

Ce premier succès [...] était également imputable à la fermeté du commandement... (Joffre, dans le Trésor.)

L'attitude des Anglais dans l'affaire de Madagascar est, selon lui, imputable aux seuls militaires. (De Gaulle, dans le Trésor.)

Marie-Éva de Villers signale que l'on commet une impropriété en parlant de l'imputabilité d'un gestionnaire, d'un fonctionnaire, etc., au sens d'«obligation de rendre compte, reddition de comptes, responsabilité».

Une personne n'est pas imputable de ses actes, mais elle en est responsable; elle doit en rendre compte.

Line Gingras

«Sauver les apparences» : http://www.ledevoir.com/2006/07/26/114470.html

25 juillet 2006

Le régime qui les oppressait

Oppresser et opprimer; usage.

  • C'est d'ailleurs ce que Boyden a fait. Il s'est penché sur le sort de ces soldats amérindiens de la Grande Guerre qui, tout comme les Noirs américains au Vietnam et les tirailleurs sénégalais, ont poussé l'obligeance jusqu'à voler au secours du pays et du régime qui les oppressaient. (Louis Hamelin.)

Le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain signalent qu'il faut distinguer entre oppresser et opprimer. Oppresser quelqu'un, c'est lui causer une gêne dans ses fonctions respiratoires ou, au figuré, l'«étouffer sous un poids, une angoisse» (Multidictionnaire); opprimer quelqu'un, c'est le «soumettre à une autorité excessive et injuste», le «persécuter par des mesures de violence» (Petit Robert) :

Il me semblait que l'intensité des ténèbres m'oppressait et me suffoquait. (Baudelaire.)

Christophe voulait parler, une angoisse l'oppressait. (Rolland.)

Il fut l'homme qui frappe, opprime, égorge, exile... (Hugo.)

Opprimer un peuple, les faibles. (Petit Robert.)

Line Gingras

«La chair humaine» : http://www.ledevoir.com/2006/07/22/114227.html?338

24 juillet 2006

Comment ça coûte?

Comment ou combien; comment ça coûte ou combien ça coûte; à coup de ou à coups de; grand-frère; la proposition relative explicative et la virgule; usage; orthographe; ponctuation.

  • Comment ça coûte, une guerre, quand elle débarque chez vous? (Éric Desrosiers.)

Comment est un adverbe de manière, et non pas un adverbe de quantité. J'ai déjà entendu comment ça coûte, mais il me semble que c'était dans la langue populaire; l'emploi comme adverbe de quantité ne figure même pas dans le Petit Robert (édition 2003). Normalement, on demande combien ça coûte.

  • Son centre-ville, rebâti à coup de milliards ces dix dernières années, et hier encore bourdonnante d'activités, a des allures de ville fantôme.

C'est le centre-ville, d'après la structure de la phrase, qui était bourdonnant d'activités. Je mettrais par ailleurs activité au singulier, mais le pluriel ne me paraît pas condamnable.

D'après le Hanse-Blampain, on écrit à coups de (et non pas à coup de) :

À coups de bâton, à coups de dictionnaire.

Le Petit Robert reçoit cependant les deux graphies, sans établir de distinction :

Il se maintient à coup de médicaments.

Les universités se disputent les professeurs à coups de billets de banque. (Duhamel.)

Et je lis dans le Girodet un point de vue différent des deux premiers : «Au sens figuré, on écrira traduire un texte à coups de dictionnaire (en se servant souvent du dictionnaire), mais acquérir quelque chose à coup de billets de banque, à coup de dollars

J'écrirais à coups de, mais je ne pense pas que l'on puisse refuser le singulier.

  • Il faut dire que l'on reçoit un sérieux coup de pouce du grand frère américain_ qui donne en moyenne chaque année deux milliards en aide, dont les deux tiers en assistance militaire.

On écrit grand-frère, avec un trait d'union. Et comme il n'y a qu'un seul grand-frère américain, la subordonnée relative qui suit ne sert pas à désigner celui dont il est question, à le distinguer d'un autre grand-frère américain, moins généreux - ce serait dans ce cas une subordonnée relative déterminative -, mais à expliquer ce qu'on entend par le segment de phrase qui précède; il s'agit donc d'une subordonnée relative explicative, laquelle doit être précédée de la virgule.

Line Gingras

«Perspectives - Le prix de la guerre» : http://www.ledevoir.com/2006/07/24/114323.html?338

23 juillet 2006

Du paradis

Grands Feux; chutes Montmorency; chute Montmorency; feux d'artifice; compétition pyrotechnique; spectacle de l'Italie.

Je reviens du paradis.

D’abord, il faut vous dire que mon amie Léone, toute la semaine, a suivi de près la situation météorologique : c’est que nous voulions voir le premier des Grands Feux de cette année, aux chutes Montmorency* – mais qu’un spectacle de pétards mouillés, ça ne nous attirait pas. Or, vendredi soir, au moment où nous devions réserver nos sièges, on annonçait des nuages, rien de plus.

Samedi, jour J, c’était pluvieux.

Après un nouveau pique-nique, sous un feuillage abondant qui nous a dispensées d’ouvrir nos parapluies (Léone avait rempli des thermos de soupe aux gourganes, et c’était de la vraie soupe aux gourganes du Lac Saint-Jean qui avait mijoté toute la nuit dernière), nous nous sommes lancées dans l’aventure.

L’autobus nous a laissées dans ce que j’appellerai, parce que ça décrit la chose assez fidèlement, un grand champ de boue. Contrôle des billets, contrôle de sécurité – un peu fantaisiste, celui-là. Un jeune homme s’égosille à donner des instructions aux arrivants. Finalement nous trouvons nos places, nous nous installons; on demande à tout le monde de fermer les parapluies. Nous sortons nos sacs de poubelle. On nous fait lever pour l’hymne national de l’Italie. Pendant ce temps-là, nos sièges reçoivent l’averse. Nous nous rasseyons enfin. Un jeune garçon passe avec des bouteilles d’eau, de limonade. Pauvre petit. Dix, neuf, huit...

Que dire.

Heureusement qu'y mouillait pas à siaux, ou à bouère deboutte, parce que je me serais étouffée. Jamais je ne saurai exprimer la poésie des artificiers, l’humilité et la grandeur de leur prière à la beauté.

À un certain moment, parmi toutes ces boules de feu, ces fusées, ces fontaines jaillissantes, ces serpents incandescents, ces nuées de lucioles, ces tulipes, ces marguerites et je ne sais quelles autres fleurs, et cela présenté non pas pêle-mêle, comme j’en donne l’impression, mais avec l’art nécessaire pour ajouter à la musique et aux paroles, pour rendre hommage à la noblesse du lieu, il s'est produit comme un silence; on a dirigé des projecteurs sur la chute principale, le Grand Sault. Tout là-haut, des flammes de différentes couleurs se sont élevées, se sont penchées l’une vers l’autre, comme pour se rejoindre. Et au-dessus de l’énorme masse d’eau, une chute de lumière est apparue.

Il a plu, modérément, pendant tout le spectacle d’une demi-heure, que le public a suivi avec recueillement. Il a fallu retraverser le champ de boue. Comme je l’avais prédit, à notre retour à Québec la pluie avait cessé.

Mais quelle soirée.

* http://fr.wikipedia.org/wiki/Chutes_Montmorency

Line Gingras

22 juillet 2006

Nécessiter

Le sujet du verbe nécessiter; place de l'antécédent du pronom relatif; grammaire française; syntaxe du français.

  • À peine une quarantaine de personnes, qui n'avaient nulle part où aller, ont nécessité le soutien d'urgence offert par la Croix-Rouge, dont la moitié étaient en transit vers une autre ville du Canada. (Lisa-Marie Gervais.)

Non, ce n'était pas la moitié de la Croix-Rouge qui se trouvait en transit (et encore moins le soutien d'urgence), mais on le dirait à première vue; voilà pourquoi il est toujours souhaitable, afin d'éviter une ambiguïté même passagère, de placer le pronom relatif près de son antécédent.

Selon le Petit Robert et le Hanse-Blampain, le verbe nécessiter doit avoir pour sujet un nom de chose.

Je verrais plusieurs façons de se tirer d'embarras :

À peine une quarantaine de personnes, dont la moitié étaient en transit vers une autre ville du Canada, n'avaient nulle part où aller et ont eu recours au soutien d'urgence offert par la Croix-Rouge ou n'avaient nulle part où aller et ont eu besoin de l'aide d'urgence offerte par la Croix-Rouge.

À peine une quarantaine de personnes, dont la moitié étaient en transit vers une autre ville du Canada, ont eu recours au soutien d'urgence offert par la Croix-Rouge parce qu'elles n'avaient nulle part où aller ou ont eu besoin de l'aide d'urgence offerte...

À peine une quarantaine de personnes, qui n'avaient nulle part où aller, ont eu recours au soutien d'urgence offert par la Croix-Rouge ou ont eu besoin de l'aide d'urgence offerte par la Croix-Rouge; la moitié étaient en transit vers une autre ville du Canada.

Line Gingras

«Entre soulagement et frustration» : http://www.ledevoir.com/2006/07/22/114303.html

21 juillet 2006

À cent lieux

À cent lieues; à cent lieux; lieues et lieux; lieue et lieu; homonymes; orthographe d'usage.

  • Le premier ministre canadien semble en effet avoir choisi d'étouffer toute critique à l'égard du président américain. L'attitude de Stephen Harper est à cent lieux, par exemple, du soutien critique d'Angela Merkel. (Christian Rioux.)

On trouve plus de quatre-vingts lieux de pèlerinage au Québec*. Vous seriez à cent lieues de le croire que cela n'y changerait rien.

* http://www.patrimoine-religieux.qc.ca/pelerinage/pelerinagef.htm

Line Gingras

«Perspectives - Des relations plutôt tièdes» : http://www.ledevoir.com/2006/07/19/114026.html?361

20 juillet 2006

Loger un appel

Loger un appel; plan de contingence; présentement; anglicisme; calque; régionalisme; usage.

  • ... des appels logés par les Canadiens depuis le Liban... (Bernard Descôteaux.)

Qu'il soit question d'un appel en justice ou, comme c'est le cas ici, d'un appel téléphonique, on commet un anglicisme, selon Marie-Éva de Villers, en utilisant le tour loger un appel. De fait je ne vois rien dans le Petit Robert, à l'article «loger», qui autorise cet emploi.

  • Toutes les grandes entreprises ont ce qu'on appelle des plans de contingence pour parer aux situations qui pourraient interrompre leurs activités.

D'après le Grand dictionnaire terminologique, plan de contingence est un calque de l'anglais. René Meertens, dans son Guide anglais-français de la traduction, propose de rendre contingency plan par plan d'intervention (en cas d'urgence), plan d'urgence, plan de secours; il donne d'ailleurs cet exemple, dont pourrait s'inspirer à l'avenir notre bon gouvernement :

Il existe un plan d'urgence prévoyant l'évacuation de la zone.

  • Présentement, les autorités canadiennes font tous les efforts qu'ils peuvent dans les circonstances.

Je ne vais pas critiquer l'adverbe présentement. Il ne me paraît pas sans intérêt de savoir, toutefois, que son emploi est «courant au Québec», mais «vieilli dans le reste de la francophonie*» (Multidictionnaire).

* Je vous invite à consulter les commentaires pour des observations à ce sujet.

  • Ce n'est pas la première fois que la réaction du gouvernement pour venir en aide à des citoyens canadiens se trouvant en danger à l'étranger tarde à venir.

Je suggérerais :

Ce n'est pas la première fois que le gouvernement tarde à venir en aide à des citoyens canadiens se trouvant en danger à l'extérieur du pays.

  • Dans la situation actuelle, il faut faire la part des choses dans tout ce qui est dit et écrit. Certes, il faut comprendre l'émotion ressentie par ces personnes qui attendent un bateau pour les éloigner de Beyrouth.

Dans la situation actuelle, on doit faire la part des choses...

Line Gingras

«Opération sauvetage» : http://www.ledevoir.com/2006/07/20/114045.html

19 juillet 2006

Une membre de la famille

La membre, le membre; une membre, un membre; membre, masculin ou féminin; genre du nom membre.

  • Il faisait ainsi allusion aux propos qu'une membre de la famille canadienne décimée a tenus en conférence de presse lundi, à Montréal. (Clairandrée Cauchy et Alexandre Shields.)

Le mot membre «ne comporte pas de forme féminine», ainsi que le fait observer Marie-Éva de Villers. Ce nom est toujours employé avec un déterminant - article, ou adjectif possessif, démonstratif, interrogatif ou indéfini - masculin. Songeons que c'est exactement l'inverse pour le mot personne.

Line Gingras

«Harper demeure inébranlable» : http://www.ledevoir.com/2006/07/19/114022.html

19 juillet 2006

Ma tante Yvonne

Yvonne Auclair; Yvonne Roussel; Émile Roussel; Magella Auclair.

Lorsque j'étais enfant, ma grand-tante Yvonne nous arrivait dans le p'tit rang croche plusieurs fois par année, soufflée vers nous, depuis la mystérieuse contrée de Rivière-du-Loup, par un vent joyeux qui bousculait le travail, échevelait le quotidien, chamboulait les certitudes.

Elle nous étreignait tous avec passion, riait, elle si menue, de voir que ses petits-neveux allaient bientôt la dépasser; elle voulait accompagner mon père au marché Saint-Roch, tenait à visiter toute la parenté, se mettait à cuisiner.

Son entrain épuisait sa soeur aînée - Magella, ma grand-mère paternelle, qui l'adorait tout en s'inquiétant de ses idées extravagantes : sa soif de liberté, son nomadisme, son manque d'enthousiasme pour la messe du dimanche. Faut dire qu'elle fréquentait, ma tante Yvonne, les lacs, les rivières, les forêts bien plus que les églises.

Mon grand-oncle Émile l'accompagnait quelquefois et nous divertissait avec ses tours de magie. Il est mort lorsque j'avais huit ou neuf ans. Grand-maman Dion nous a gardés, mes frères, ma soeur et moi, pendant que mes parents s'absentaient pour les obsèques.

C'est ma tante Yvonne, je m'en souviens, qui m'a donné mon premier livre, Une journée au bord de la mer. J'avais quatre ans, je ne savais pas encore lire; mais j'ai été intriguée, pendant des années, par une expression bizarre qui s'y trouvait : en deux temps, trois mouvements; et certaines des illustrations sont restées étonnamment nettes dans ma mémoire. Plus tard, c'est elle aussi qui m'a apporté, entre autres, Sur les ailes de l'oiseau bleu et Une révolte au pays des fées, de Marie-Claire Daveluy. Des oeuvres dont j'ai raffolé, surtout la première.

Malgré cela je lui en ai longtemps voulu, à ce petit bout de femme toute ronde et aimante; j'ai eu longtemps, très longtemps une dent contre elle - oh! pas bien grosse et comme honteuse, un peu cachée derrière les autres, celles qui sourient, mais quand même.

C'est un de mes souvenirs les plus lointains. Je suis assise sur le petit pot, installé au beau milieu de la pièce principale, sur la trappe de la cave. Et pendant que je suis là, le pantalon baissé, condamnée à mener à terme une opération plutôt intime devant tout le monde, ma tante Yvonne me fait l'offense de me prendre en photo.

Ma dignité a fini par s'en remettre, une trentaine d'années plus tard - lorsque, feuilletant un vieil album, je suis tombée sur cette image que je n'avais jamais vue : une fillette aux longs cheveux en boudins, l'air impassible, sur le pot en question, que l'on devine (parce que le pantalon dissimule tout ce qu'il peut y avoir à dissimuler); elle n'a pas deux ans. Trop mignonne. Moi aussi, je l'aurais photographiée.

Ma tante Yvonne, je l'ai su lundi soir, est morte samedi dernier. Elle venait d'avoir 96 ans.

Je la reverrai, jeune et pétulante, dans les bois éternels.

Line Gingras

[Note : J'ai décidé de nommer les personnes dont je parle ici, dans ce portrait pour le moins personnel et forcément très incomplet. Il m'a semblé que les descendants qui chercheraient leur trace, dans cette région de notre univers qu'est Internet, ne devaient pas repartir bredouilles.]

18 juillet 2006

Non au défaitisme

  • Même si je reconnais et déplore ce fait qui fait partie de l'ouragan anglophone qui déferle sur la terre entière, «même en France et aussi sur l'Union européenne», il y a peu de choses à y faire. (Gilles Bousquet.)

Il est question, dans cette courte lettre au Devoir, de la progression de l'anglais à Montréal, où «le français se porte mal». Au lieu de baisser les bras, l'auteur aurait pu, il me semble, retravailler son texte de manière à éliminer quelques répétitions.

  • L'anglais est devenu la langue universelle du commerce et du tourisme et d'à peu près de tout le reste, à la place de l'espéranto, qui n'a vraiment jamais décollé, et des autres langues, incluant le français, qui deviennent culturelles.

L'anglais, selon M. Bousquet, est devenu la langue universelle de quoi? du commerce; du tourisme; d'à peu près tout le reste. La préposition de ne doit être employée qu'une seule fois pour introduire le complément déterminatif.

Il aurait suffi d'un peu plus d'attention...

Line Gingras

«Lettres : Le français implose partout» : http://www.ledevoir.com/2006/07/18/113910.html

17 juillet 2006

Faire application pour un amendement à la loi

Faire application, appliquer; amendement ou modification; anglicisme; usage.

  • Olson avait déjà fait application pour une libération conditionnelle après 15 ans de peine, en 1996, mais sa requête avait été rejetée en 15 minutes par la Commission. (PC.)

J'ai la certitude que tous les étudiants en traduction, au Canada, apprennent à éviter faire application, calque de to make an application. Ce terme est fréquemment utilisé (de même que appliquer) au sens de «poser sa candidature», «postuler un emploi», «présenter une demande d'emploi»; la faute est signalée par des ouvrages canadiens comme le Multidictionnaire, le Colpron, le Dagenais et le Chouinard.

Une vérification dans le Petit Robert confirme que appliquer et application ne possèdent aucune acception se rapprochant d'une demande quelconque.

* * * * *

  • La semaine dernière, le ministre fédéral de la Justice, Vic Toews, indiquait que le gouvernement envisageait de nouveaux amendements au Code criminel dans le cas des meurtriers en série.

J'ai déjà eu l'occasion de parler du verbe amender : on amende un projet de loi, on modifie une loi. Les substantifs amendement et modification s'emploient de façon correspondante.

Line Gingras

«Les proches des victimes d'Olson prient pour qu'il reste en prison» : http://www.ledevoir.com/2006/07/17/113867.html

16 juillet 2006

Ne rien oublier

Il y a eu le violon de la mer et ses nuances de nacre, chez Léone; ensuite la promenade au Bois de Coulonge et les courses d'écureuils; plus tard, dans le Petit-Champlain, la crème glacée molle à la vanille et à l'érable; enfin le traversier jusqu'à Lévis, pour les lumières; la remontée jusqu'à la rue Saint-Louis; le retour en évitant les zones dévastées par la guitare électrique.

Et avant le dessert, avec Anne-Marie, il y a eu le pique-nique. Avant le pique-nique, l'orage, qui s'est invité tout seul.

Mais vous le savez ou vous devez le savoir, les Québécoises - les de souche, du moins - ont la couenne dure; habituées aux terribles hivers canadiens, interminables et oh! combien rigoureux, nièces de coureurs des bois, filles de hardis défricheurs et de vaillantes laboureuses*, elles ne craignent rien. Et réalisent, toujours, ce qu'elles ont juré de réaliser. Ça comprend les pique-niques, qui ne peuvent en aucun cas se tenir à l'intérieur.

Quand même, nous avons attendu qu'il cesse de pleuvoir. Et puis nous sommes bravement parties souper all'aperto, sur les plaines d'Abraham.

Tout allait à merveille, jusqu'à ce que la pluie recommence. Il y a eu un moment étrange où, protégées par notre arbre, nous la regardions tomber en bruine sans rien sentir. Ensuite, l'une après l'autre, nous avons sorti le nécessaire.

Nous devions faire un joli tableau, trois bavardes rigolant sous l'arbre, un verre à la main, l'autre tenant un parapluie. Il a tonné. Nous avons décidé, je pense, qu'un batteur répétait son solo. L'ondée est passée; notre vin n'a pas même été changé en eau.

* D'après le Petit Robert, le Trésor de la langue française informatisé et même le Multidictionnaire, laboureur est seulement un nom masculin. Allons donc.

* * * * *

Dur dur d'être un établissement

  • En 2005-2006, plus des trois quarts des établissements ont connu un déficit et elles ont toutes prévu le même scénario négatif pour l'année prochaine... (Marie-Andrée Chouinard.)

On a sans doute substitué établissements à universités, mais il fallait penser aux changements qu'entraînait cette décision.

  • Si l'établissement présente un déficit, le versement de la subvention est conditionnel à l'adoption de mesures nécessaires au rétablissement de leur équilibre budgétaire.

L'adjectif possessif ne renvoie pas à un pluriel; la journaliste a oublié, semble-t-il, qu'elle vient d'employer le mot établissement au singulier. Par ailleurs, pour éviter la répétition, on pourrait songer à remplacer établissement par université, ou rétablissement par retour.

Line Gingras

«Universités : les recteurs fulminent contre Québec» : http://www.ledevoir.com/2006/07/12/113489.html

15 juillet 2006

Ils choisissent d'opter...

  • Tandis qu'on assiste à une escalade de la violence entre Israël et des groupes palestiniens, des ressortissants des deux communautés installés à Montréal choisissent plutôt d'opter pour le dialogue. (Brigitte Saint-Pierre.)

On peut choisir le dialogue, ou opter pour le dialogue. Dans un cas comme dans l'autre, c'est une sage décision.

«Contre la violence, l'arme du dialogue» : http://www.ledevoir.com/2006/07/13/113573.html

14 juillet 2006

Stimuler des images

Stimuler; les milles et une ou les mille et une; usage; orthographe.

  • Installé sur une terrasse ensoleillée, je me laisse emporter par la magie de cette boisson qui me rappelle les cigales, l'accent, la brise, l'accordéon, le bouquet des milles et une plantes et fleurs, la garrigue et surtout la vie toute provençale. (Jean-François Demers.)

Vingt milles à pied, ça use, ça use...

Eh! oui, ça use les souliers; cependant il n'est pas question de milles ni de kilomètres, ici, mais plutôt de l'adjectif numéral, toujours invariable.

* * * * *

  • Évidemment, les deux pieds sur le trottoir de la rue Saint-Denis, ça prend plus qu'un verre de pastis pour stimuler toutes ces images. Mais, n'empêche, ce cocktail n'a pas son pareil pour célébrer cette douce France.

Stimuler quelqu'un, c'est lui donner de l'énergie, de l'ardeur; l'inciter, le pousser à agir :

Je marchais rapidement, pénétré et comme stimulé par ce bain de lumière, par ces odeurs de végétations naissantes. (Fromentin, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Stimulés par la nécessité, nos alliés poussèrent la construction de leurs voies ferrées autour de la mer Blanche. (Joffre, dans le Trésor.)

Avec pour complément un nom de chose, stimuler s'emploie dans le domaine économique :

Stimuler l'industrie. (Lexis.)

Il peut aussi s'appliquer à une fonction organique :

Le grand air stimule l'appétit. (Petit Robert.)

Ou encore à une faculté, une disposition d'esprit, un sentiment :

[Les espérances] stimulèrent son amour-propre sans lui donner l'orgueil. (Balzac, dans le Petit Robert.)

De l'hôpital, j'avais couru à la prévôté stimuler le zèle des gendarmes. (Vercel, dans le Trésor.)

Le sport [...] stimule l'esprit d'association, la loyauté dans les combats... (Morand, dans le Trésor.)

Stimuler les imaginations. (Trésor.)

Un verre de pastis, ou deux, ou trois, cela peut sans doute stimuler l'imagination - à supposer qu'elle ait besoin d'aide pour évoquer toutes ces images de lieux aimés.

* * * * *

  • ... adapter les heures d'ouverture des SAQ différentes aux besoins des quartiers.

Je crois qu'on a voulu parler des différentes succursales de la SAQ (Société des alcools du Québec).

Line Gingras

«Le pastis du 14 juillet» : http://www.ledevoir.com/2006/07/14/113597.html?338

13 juillet 2006

Quelques vérifications

  • Un nouveau négationisme (titre d'un article signé par André Le Corre, membre de PAJU [Palestiniens et Juifs unis]).

L'auteur du titre pourrait ne pas être celui de l'article; quoi qu'il en soit, je trouve dans le Petit Robert le mot négationnisme, avec deux n avant la finale en -isme.

  • Il ne faut pas oublier ce qu'a dit Ariel Sharron...

Comme je ne connais pas grand-chose à la question du Moyen-Orient, j'ai effectué une petite recherche au moyen de Google, cette orthographe me paraissant inhabituelle; résultat : 1050 occurrences de la graphie Ariel Sharron; 9 490 000 pour Ariel Sharon. Et c'est cette dernière qui figure dans le Petit Robert des noms propres.

Line Gingras

«Un nouveau négationisme» : http://www.ledevoir.com/2006/07/12/113429.html

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