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Choux de Siam
4 août 2021

Où est-ce qu'on signe?

  • Un dossard de la Marche du pain et des roses, signée par ses participantes.
    (Aurélie Lanctôt, dans Le Devoir du 18 juin 2021.)

Ce n'est pas la marche qui a été signée par les participantes, mais un dossard :

Un dossard de la Marche du pain et des roses, signé* par ses participantes.

Line Gingras
Québec

* Le 22 août, je constate que la correction a été apportée.

« Un acte de foi » : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/611892/un-acte-de-foi?utm_source=infolettre-2021-06-18&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

30 juin 2021

Pour le bon motif

  • À la fin du procès, la défense a demandé à la juge St-Gelais de se récuser pour motif d’impartialité, une requête rejetée par la magistrate. Il s’agit d’ailleurs de l’un des motifs d’appel de Benoit Cardinal.
    (Louis-Samuel Perron, dans La Presse du 7 juin 2021.)

Faire preuve d'impartialité, c'est se montrer sans parti pris. Je doute que la défense ait pu invoquer pareil motif de récusation; on s'attendrait à lire plutôt :

À la fin du procès, la défense a demandé à la juge St-Gelais de se récuser pour motif de partialité, une requête rejetée par la magistrate. Il s’agit d’ailleurs de l’un des motifs d’appel de Benoit Cardinal.

Line Gingras
Québec

Meurtre de Jaël Cantin | Benoit Cardinal porte sa condamnation en appel | La Presse

22 octobre 2021

C'est l'explosion

  • L’explosion du télétravail et du commerce en ligne ont aussi décuplé la demande d’emballages en carton et alimenté les tensions dans le secteur du bois.
    (Mathilde Dumazet, AFP, dans Le Devoir du 15 octobre 2021.)

C'est l'explosion du télétravail et du commerce en ligne qui a décuplé la demande et alimenté les tensions.

Line Gingras
Québec

« Le monde en rupture de stock » : https://www.ledevoir.com/economie/640587/consommation-le-monde-en-rupture-de-stock

24 août 2005

De toute façon

25 août 2005

Un peu de logique

Michaëlle Jean; Jean-Daniel Lafond; gouverneure générale; fonctions protocolaires; opinions politiques; avancement des minorités visibles; causes sociales.

(J'aurais voulu publier ce texte il y a quelques semaines. J'ai manqué de temps, mais le voici quand même...)

Ah! lalalala, très chers amis, on nous prend pour des idiots.

Non mais, se peut-il que certains, se peut-il qu'un seul d'entre nous décide de voter libéral, aux prochaines élections, par suite de la nomination de madame Michaëlle Jean au poste de gouverneure générale?

Elle est charmante, madame Jean, elle est belle et intelligente et tout, de fait elle montre des tonnes de qualités appréciables qu'il ne me souvient pas d'avoir vues appréciées avec autant d'enthousiasme chez beaucoup de ses prédécesseurs, mais elle ne sera pas candidate.

Vous vous en étiez aperçus aussi, j'en suis certaine.

Elle n'aura même pas les pouvoirs d'un sénateur. Son travail, n'est-ce pas ce qu'on nous a dit, ce sera en gros de lire à haute voix (ce n'est pas si facile qu'il y paraît, j'ai essayé), de couper des rubans, de remettre des prix, de passer les troupes en revue, de serrer des mains, d'aller en visite, de recevoir des visites, de faire la conversation (dans tous les domaines et avec les grands de ce monde comme avec les gens les plus simples), de suivre les avis de ses conseillers, et toujours de bien paraître, de donner une image avantageuse du Canada.

Ce n'est pas elle, c'est encore moins monsieur Lafond, qui décidera de l'emploi des sommes dont dispose le gouvernement fédéral ou qui établira la politique extérieure du Canada; ce n'est pas elle non plus, c'est encore moins monsieur Lafond, à qui l'on demandera d'empêcher le Québec de se séparer, que ce soit par des arguments solides, par des histoires de bonhomme Sept Heures, par un nouveau programme de commandites ou par la location d'autocars pour un blitz d'affection pancanadienne de dernière minute.

On nous l'a assez répété, que pendant la durée de ses fonctions, toutes protocolaires, elle ne serait guère plus qu'une marionnette. À supposer que ce soit vrai, pourquoi s'inquiéter de ses opinions politiques - passées, présentes ou à venir? Demande-t-on à un choriste s'il croit en Dieu avant de le laisser chanter le Requiem de Fauré? (Certainement pas s'il est ténor.)

Peu importe ce que nous pensons du poste de gouverneur général et de sa justification dans notre monde moderne, madame Jean a accepté cette nomination, semble-t-il, pour contribuer à l'avancement des minorités visibles et pour défendre des causes sociales qui lui tiennent à coeur. J'espère qu'elle y parviendra comme elle le souhaite, qu'elle et monsieur Lafond n'auront pas sacrifié leur liberté en vain.

Pas vous?

Line Gingras

Déclaration de madame Jean et photographie en compagnie de sa fille, Marie-Éden, et du premier ministre du Canada, Paul Martin : http://www.pm.gc.ca/fra/news.asp?id=557

29 août 2005

Statistiques

Les statistiques sont mortes
Et si ça se trouve, aussi les commentaires
C'est temporaire, j'espère

Vivent* les statistiques
Et plus encore les commentaires

lg

* Mais oui, l'accord est permis, quoique l'invariabilité soit plus courante. (Consulté Joseph Hanse et Marie-Éva de Villers.)

"Commentaires et autres statistiques étonnantes" : http://cigarettesetcafe.over-blog.com/article-196319.html

1 septembre 2005

Avis aux ventres délaissés*

Le chien avait beau tirer sur sa laisse
Son maître ne voulait pas suivre
Il pataugeait dans les flaques d’eau
Il piétinait à qui mieux mieux le soleil
C’était toujours à recommencer
Le chien, lui, commençait à avoir faim
Il aurait bien aimé dormir, sinon dîner
Mais voilà, cela ne se pouvait pas
Alors il se jeta sur un mollet, puis deux, puis trois
Ce n’était pas l’oeuf de Christophe Colomb
Mais tout de même, que c’était bon

lg

L'oeuf de Christophe Colomb : http://www.cristobal-colon.net/Divers/C10p1p2.htm

4 septembre 2005

Machine à traduire

Énoncé de qualités; profil linguistique du poste; fonction publique fédérale; CBC; SRC; traduction de l'anglais au français; machine à traduire.

Un ami m'a raconté, hier soir, la dernière absurdité - vous allez voir, je suis quelqu'un de très gentil - dont il a été le témoin amusé, en qualité de fonctionnaire de l'administration fédérale.

Un collègue éberlué lui a présenté, pour appréciation personnelle et réaction immédiate aussi bien que spontanée, un énoncé de qualités dûment traduit. Vous savez ce qu'est un énoncé de qualités? Un texte bref où sont décrites, très sommairement, les fonctions que devra remplir le titulaire d'un poste à pourvoir, et les exigences auxquelles doivent répondre les candidats. On y trouve bien entendu, placé en évidence, le "profil linguistique" du poste, c'est-à-dire, sous forme de cotes, le résumé des compétences requises, en anglais et en français, au chapitre : 1. de la compréhension de l'écrit; 2. de l'expression écrite; 3. de l'interaction orale. Tout cela est expliqué dans le site de la Commission de la fonction publique.

Les cotes sont au nombre de quatre : il y a la cote P, qui s'applique aux compétences spéciales que l'on associe à la traduction, par exemple; et il y a les trois cotes correspondant aux "normes de compétence générale", c'est-à-dire A, B et C - la cote A marquant le niveau le plus bas et la cote C, le plus élevé.

Il va sans dire - il devrait aller sans dire, pardon - que ces cotes ne se traduisent pas.

Toutefois...

C'est la beauté de la vie quotidienne, à la FP comme ailleurs dans le monde merveilleux de la planète Terre, que tout peut y arriver et y arrive en effet - spécialement les choses les moins vraisemblables.

Donc, l'énoncé de qualités. Profil linguistique pour je ne sais laquelle des deux langues officielles, selon le texte original anglais : CBC. Et dans la traduction française, attention au tournant : SRC*.

"Ça ne s'invente pas", dirait Jean Dion.

M'est avis qu'il doit rester de grands naïfs dans la fonction publique fédérale, qui font encore exécuter des traductions par une machine. Une ineptie pareille, sûrement que ça dépasse les faibles capacités d'un être humain normal.

Line Gingras

* Explication pour les ceusses qui me lisent des vieux pays : Les lettres CBC, lorsqu'elles ne servent pas à décrire un profil linguistique, peuvent désigner la Canadian Broadcasting Corporation - soit la Société Radio-Canada (SRC), en français. Et je le sais bien, que ç'a pas rapport.

Vous ne connaissez pas Jean Dion? Qu'à cela ne tienne : http://devoir.ca/2004/10/28/67096.html?347

13 septembre 2005

Une soirée de chant choral

Hier soir, première répétition de l'Ensemble vocal André Martin, dont je fais partie depuis mon retour à Québec, l'an dernier.

Qu'est-ce que nous préparons? À l'automne de 2004, c'était un concert sur le thème de la chasse, évocateur de forêts d'or et de grandes chevauchées; au printemps de 2005, des "chants de la destinée", avec au programme des oeuvres de Mendelssohn, Brahms et Bruckner. Cette année nous donnerons un concert de Noël, le samedi 10 décembre; et ce soir-là...

Dans la céleste chapelle des Soeurs de Saint-Joseph-de-Saint-Vallier, on entendra du Bach, du Carissimi; mais aussi, entre autres petites choses, des motets de Francis Poulenc et des oeuvres toutes chaudes de notre chef, André Martin.

Nous avons étrenné hier soir, en particulier, un motet à cinq voix daté du 15 août 2005, Omnes de Saba venient... J'ai encore, frais à la mémoire, le mystère, les parfums, les sonorités de l'Orient. Une marche longue, très longue, un défilé interminable dans le désert. Et la perfidie d'Hérode, et l'avertissement de l'ange.

Ce sera beau.

Line Gingras

Pour en savoir davantage sur l'Ensemble vocal André Martin : http://www.thecanadianencyclopedia.com/index.cfm?PgNm=TCE&Params=Q1ARTQ0001138

15 septembre 2005

Attentats suicides

Attentats suicides; attentats suicide; attentat suicide; missions suicides; missions suicide; mission suicide; timbres-poste; timbre-poste; orthographe d'accord; grammaire française.

Encore des attentats à Bagdad : la routine, quoi. Avec la paix finit par s'installer l'ennui, c'est bien connu. Et l'Irak jouit de la pax americana.

Onze en un seul jour, tout de même. Près de 160 morts, plus de 240 blessés, nous apprend une dépêche.

*   *   *   *   *

Deux fois, dans l'article en question, on utilise au pluriel l'expression attentats suicides - mais en omettant d'accorder suicide.

On ne saurait pourtant faire ici le même raisonnement que pour un nom composé du genre de timbre-poste; ce dernier s'écrit au pluriel timbres-poste, explique André Jouette, parce qu'il s'agit de "timbres pour la poste". Par contre, dans attentats suicides, les attentats sont aussi des suicides, d'où l'accord des deux éléments au pluriel. J'ai relevé d'ailleurs dans le Petit Robert, à l'article "suicide", l'exemple Des missions suicides.

Dommage qu'il faille apprendre les règles s'appliquant à des termes comme ceux-là.

* * * * *

Note du 6 janvier 2008 : L'édition 2003 du Petit Robert, je viens de le vérifier, donne bien l'exemple Des missions suicides. Je trouve cependant Des missions suicide, au même article, dans l'édition 2007. Allez savoir pourquoi.

Line Gingras

Article sur les attentats : http://www.ledevoir.com/2005/09/15/90432.html

16 septembre 2005

Bonheur électoral

Nouvelle diablement réjouissante aujourd'hui : le Parti Rhinocéros est de retour!

Enfin un discours politique pouvant se lire à l'endroit comme à l'envers et spécialement dans tous les sens parce que sans bon sens et refusant de se tenir sens dessus dessous.

Enfin l'absence de suite dans l'incohérence.

Enfin des promesses en l'air, par terre et dans le poêle à bois qui, non accomplies, feront espérer d'une mare à l'autre des lendemains qui rigolent.

Après avoir entendu entre les branches, lorsque j'habitais à Ottawa, que je n'avais pas droit au titre de Québécoise bien que née au Québec et ayant vécu au Québec les vingt-cinq premières années de mon existence, je me passerai de permission et promets solennellement d'encorner quiconque s'y opposera : la présente est une déclaration unilatérale d'appartenance au Parti Rhinocéros renouvelé.

Je m'engage dès maintenant à n'assister à aucune de ses réunions et à ne voter pour aucun de ses éventuels candidats.

Comme tout rhinocéros qui se respecte, je promets aussi de ne pas tenir mes promesses.

Choubine

Où l'on proclame la bonne nouvelle : http://www.ledevoir.com/2005/09/16/90515.html
Site sur Jacques Ferron : http://www.ecrivain.net/ferron/index.cfm?p=1_Vie/bio_details/reperes_bio(1971_1972).htm

19 septembre 2005

Autant devant un adjectif

Autant incertain que; autant + adjectif + que; adjectif + autant que; autant que après un adjectif; autant et aussi.

  • Il est autant modeste qu'habile.

J'ai eu la chance, pendant les deux premières années du cours secondaire, d'avoir comme professeur de français un homme qui traitait ses élèves non pas comme des cruches à remplir, mais comme des êtres doués d'intelligence qu'il fallait encourager et guider dans leur apprentissage.

Monsieur Laganière, lorsque je soulevais une objection, ne se servait pas de son autorité pour me remettre à ma place; non, il était ravi au contraire : "Allons voir ce qu'en dit Larousse", ordonnait-il avec un large sourire; ou "Allons voir ce qu'en dit Laurence"; c'était selon.

Et toute la classe d'ouvrir dictionnaire ou grammaire, parce que chacun avait son exemplaire, bien sûr. Il paraît que ce n'est pas le cas dans toutes nos écoles aujourd'hui.

J'ai toujours le nez dans les ouvrages de langue, c'est en partie mon métier qui le veut; mais j'aime à croire que mes anciens camarades ont conservé, eux aussi, le réflexe de les consulter au moindre doute.

Tout à l'heure je lisais dans Le Devoir un article de François Brousseau. À propos de l'effet des élections qui ont eu lieu hier en Afghanistan, il écrit :

  • Autant dire que le verdict attendra encore un peu : diagnostic réservé et incertain. Pas autant incertain, toutefois, que celui d'une autre consultation similaire, le mois prochain : le référendum constitutionnel en Irak.

Question : Autant peut-il s'employer immédiatement devant un adjectif?
Réponse : Allons voir ce qu'en dit Robert.

Le Petit Robert, à l'article "autant", ne propose aucun exemple de ce type. Mais ce n'est pas une condamnation.

Allons donc voir ce qu'en disent Hanse et Blampain.

Dans la quatrième édition du Nouveau dictionnaire des difficultés du français moderne, je trouve ce qui m'intéresse : "Autrefois, autant pouvait précéder l'adjectif." Mais c'était dans le bon vieux temps. Aujourd'hui, cet adverbe ne s'utilise plus de cette façon; devant un adjectif, il faut le remplacer par aussi. On écrira donc :

Il est modeste autant qu'habile.
MAIS
Il est aussi modeste qu'habile.

Line Gingras

"Élections, élections..." : http://www.ledevoir.com/2005/09/19/90685.html

20 septembre 2005

Se rapporter et se présenter

Se rapporter; se présenter; on va à Old Orchard.

  • Ces joueurs devront se rapporter au camp des Bulldogs.

Ma première vue de la mer, c'est Old Orchard qui me l'a donnée.

Je dois avoir treize ou quatorze ans. C'est l'été, que je passe à vendre des fraises en rêvant du retour à l'école (j'en mange bien quelques-unes aussi, en attendant les framboises qui viendront dans quelques semaines - et les bleuets). Mon père, hier soir, est rentré fourbu et nous a annoncé la seule décision qu'il a dû prendre tout seul dans sa vie d'homme marié : à 4 h du matin, nous allions partir pour... ce que par souci de vérité toponymique j'appellerai Old Orchard.

Des heures et des heures plus tard, nous, les enfants dont je suis l'aînée, trouvons le chemin terriblement long. La nouveauté de la ligne jaune au milieu de la route, elle est épuisée. L'étrangeté des plaques
d'immatriculation, l'orthographe de «Mets sa chaussette» ont fait leur temps. Patience, on va arrêter pour une crème à glace. Et quand est-ce qu'on arrête pour une crème à glace? Ah! mais. Ah! mais il faut qu'il y ait un comptoir. Ah! mais il faut l'apercevoir à temps. Ah! mais ça serait meilleur de la molle. Ah! mais il faut rouler si on veut coucher à soir.

En plus, à chaque sortie d'autoroute, il se trouve plein d'enfants pour demander : est-ce qu'on est rendus, là? Non?

Moi, je ne dis plus rien : après les comptoirs de crème à glace et les étalages de souvenirs, je surveille les écriteaux. Or, voici que nous bifurquons et que la route, tout soudain, est bordée de motels. La voiture s'arrête. On est arrivés, annoncent mes parents. Mais comment ça se fait? Je n'ai pas vu l'écriteau.

Ah! mais si. Sauf que moi, je cherchais «Le Lotcheur».

Ce vrai souvenir de mon premier voyage à Old Orchard, c'est la chronique de Jean Dion pour aujourd'hui qui me l'a rappelé. Alors que mon père, au Lotcheur, s'inquiétait de son commerce, Jean Dion, lui, se préoccupe, ou du moins il s'en préoccuperait peut-être si la saison était commencée, de ce que fabrique le Canadien en son absence.

Parce que oui, Jean Dion est bien allé à Old Orchard en fin de semaine, il a eu la gentillesse de me le confirmer. Entre chroniqueurs, hein.

Hem. Bon.

Donc, pendant que le journaliste laissait son regard vaguer sur les flots, que fabriquait le Canadien? - Il tenait son "gros camp", le Canadien, et se préparait à disputer dimanche soir un match hors concours, et commençait à sélectionner ses joueurs. C'est ce que je retiens d'une dépêche intitulée "Les huit premiers joueurs retranchés du camp d'entraînement", où je lis :

  • Le Canadien a procédé à sa première réduction de personnel hier en cédant huit joueurs qui devront se rapporter au camp des Bulldogs de Hamilton, à compter de vendredi.

Se rapporter?

Le Petit Robert n'admet pas ce verbe au sens de "se présenter". Le Hanse-Blampain ne parle pas de la question; cet emploi est néanmoins signalé comme anglicisme dans tous les ouvrages canadiens que j'ai consultés, soit le Multidictionnaire, le Dagenais, le Colpron et le Chouinard. Et René Meertens propose plusieurs façons de rendre to report, selon le contexte - mais se rapporter ne figure pas au nombre des équivalents.

Les huit joueurs vont donc se présenter au camp des Bulldogs.

Line Gingras

Un site sur Old Orchard : http://www.proseandphotos.com/old_orchard_beach.htm
"À Old Orchard" :
http://www.ledevoir.com/2005/09/20/90756.html?339
"Les huit premiers joueurs retranchés du camp d'entraînement" : http://www.ledevoir.com/2005/09/20/90760.html

22 septembre 2005

Accoucher d'une entente de principe

Sans que + ne explétif; craindre que + ne explétif; accoucher; accoucher de quelque chose.

Comment éviter la fausse note?

Ma professeure de chant me l'a recommandé je ne sais combien de fois : "Entends la note." (La bonne. Avant de la chanter, est-il besoin de le dire.) Et tous les chefs de choeur le répètent inlassablement : "Écoutez-vous, soyez toujours à l'écoute les uns des autres."

Je m'autoriserai donc une allusion au travail que nous faisons ce trimestre à l'Ensemble vocal André Martin (voir le billet du 13 septembre) : si les mages n'avaient pas perçu de note discordante dans l'intérêt manifesté par Hérode à l'égard de l'enfant dont ils suivaient l'étoile, de quoi aurait l'air, je vous le demande, la vente de cannes de Noël?

(On est profonde, ici, des fois.)

Toute cette magnifique digression pour en venir à ce mot d'ordre banal : tâchons donc de nous servir de nos oreilles, au propre et au bien lavé figuré, lorsque nous écrivons.

Vous allez trouver que je fais mine de poser de grandes questions pour ne m'attacher finalement qu'à des vétilles, mais qu'y puis-je si on ne m'offre que des peccadilles à relever? (Si ça continue, je vais être obligée de chercher ailleurs que dans Le Devoir...)

  • Les négociations se sont poursuivies hier entre les enseignants du primaire et du secondaire et le ministère de l'Éducation, sans toutefois que cette journée additionnelle d'échanges, bien qu'intensive, n'ait permis d'accoucher d'une entente de principe. (Marie-Andrée Chouinard.)

Quand je vous parlais de fausse note, c'est à cette utilisation du verbe accoucher que je pensais : dans un article d'information tout ce qu'il y a de plus sérieux, cet emploi figuré, qui relève normalement de la plaisanterie (vérifié dans le Petit Robert), détonne.

Mais il est un autre point dont j'aimerais vous toucher un mot : l'emploi du ne explétif (c'est-à-dire non nécessaire au sens) après sans que.

Le ne explétif s'utilise très correctement, par exemple, avec le verbe craindre à la forme affirmative :

Je crains qu'il ne vienne.

Après la locution sans que, toutefois, son emploi est déconseillé par le Hanse-Blampain, et condamné par le Multidictionnaire. Il faudrait donc écrire :

[...] sans toutefois que cette journée additionnelle d'échanges, bien qu'intensive, ait permis (plutôt que n'ait permis) d'arriver à une entente de principe.

Ce ne serait pas l'accord parfait, mais nous ne sommes pas des anges.

Line Gingras

Négociations... : http://www.ledevoir.com/2005/09/21/90864.html

23 septembre 2005

Dont et son antécédent

Dont; antécédent; complément du nom; complément déterminatif; pronom relatif dont; dont ayant pour antécédent un terme complément d'un nom introduit par une préposition.

Mais comment simplifier tout ça?

  • Une décision dont on doute de la sagesse dans les circonstances [...] (Guy Taillefer.)

En voyant ce bout de phrase à la fin d'un éditorial sur la difficulté de la reconstruction en Afghanistan, je devais avoir la mine perplexe de Julie Andrews jouant le personnage de Maria, future baronne von Trapp, au moment où elle se demande comment elle va bien pouvoir s'y prendre pour enseigner les rudiments de la musique aux enfants.

La construction est fautive, aucun doute là-dessus, mais comment énoncer la règle qui s'applique? Le problème est de taille, et dépasse de vingt-trois mille six cent quarante-sept kilomètres et demi le b.a.-ba de la grammaire, en ce qui me concerne en tout cas; n'empêche, allons-y hardiment, avec l'aide de nos valeureux amis Hanse et Blampain :

Le pronom relatif dont ne peut avoir pour antécédent un terme complément d'un nom introduit par une préposition - sauf si le terme en question "est aussi complément d'un autre nom qui précède" le nom introduit par une préposition.

?

Qu'est-ce que je vous disais... Voyons cela en détail.

Dans l'exemple que j'ai cité plus haut - Une décision dont on doute de la sagesse -, dont a pour antécédent (autrement dit : dont représente) le terme une décision; celui-ci est complément du nom sagesse (sagesse de la décision); et sagesse est introduit par la préposition de.

Après la première moitié de notre analyse, il semble que la construction soit incorrecte; il faut donc poursuivre, et nous demander si l'exception s'applique ici : l'antécédent, c'est-à-dire le terme représenté par dont, est-il aussi complément d'un autre nom qui précède de la sagesse?

Autre nom à l'horizon?

- Niet. (Comparer avec Le politicien dont la conduite passée pourrait nuire à la carrière; politicien est complément de carrière, mais aussi de conduite : le tour est correct.)

Et voilà pourquoi
Le muguet des bois...

Non, ce n'est pas ça : et voilà pourquoi il faut considérer Une décision dont on doute de la sagesse comme une construction fautive - qu'il serait possible de remplacer, tout simplement, par Une décision dont on met la sagesse en doute, ou dont on met en doute la sagesse.

C'est indigeste? Je m'en doute. Mais vous pourrez y revenir.

Line Gingras

"Il était deux petits champignons..." : http://www.momes.net/comptines/cetaientdeuxchampignons.html
"The Sound of Music" - Maria et les enfants : http://images.google.ca/imgres?imgurl=http://data.panoramatours.com/media/101.jpg&imgrefurl=http://www.panoramatours.com/media/som_movie/&h=260&w=450&sz=44&tbnid=B_dIGVcJbX8J:&tbnh=71&tbnw=124&hl=fr&start=2&prev=/images%3Fq%3D%2B%2522the%2Bsound%2Bof%2Bmusic%2522%26svnum%3D10%26hl%3Dfr%26lr%3D%26sa%3DN%26as_qdr%3Dall
"L'échec de Karzaï" : http://www.ledevoir.com/2005/09/23/91021.html

25 septembre 2005

Sale lorsque je suis blanc...

Quelqu'un, tout à l'heure, est arrivé à mon carnet en posant l'énigme "sale lorsque je suis blanc, propre lorsque je suis noir". Malheureusement, ce n'est pas ici qu'on aura trouvé la réponse. Auriez-vous une idée, vous qui me lisez, de ce que ça pourrait bien être? Phil, tu le saurais je gage?

Choubine

3 octobre 2005

En contravention avec

En contravention avec; agir en contravention avec; être en contravention avec; en contravention; contravention; in contravention of the rules.

  • [...] on lui reprocha d'avoir agi en contravention avec la loi sur le lobbying [...] (Bernard Descôteaux.)

Vous ne me voyez pas; mais si vous me voyiez vous me verriez bien embêtée.

L'expression en contravention avec m'ayant paru vaguement suspecte, j'ai voulu faire quelques vérifications et vous en communiquer le résultat; cependant, avouons-le d'entrée de jeu, la situation n'est pas claire.

Le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain reçoivent être en contravention. Le Lexis propose l'exemple :

En stationnant ici, vous vous mettez en état de contravention.

D'après le Trésor de la langue française informatisé, le tour (être) en contravention, "dans l'état d'une chose ou d'une personne qui contrevient à une loi, à un règlement", relève d'un emploi vieilli du mot contravention, "action de contrevenir (à quelque chose)" :

Charmé de la prendre en contravention à ses ordres. (Balzac.)
Le sergent de nuit ramassait des femmes en contravention, et les menait coucher avec lui. (E. et J. de Goncourt.)
En contravention avec les lois.

La construction qui nous intéresse est tenue pour correcte par le puriste Jean Girodet :

Vous êtes en contravention avec le règlement.

Aucune mise en garde dans le Dagenais, le Colpron ni le Chouinard; Thomas, Colin, Daviault, Berthier et Colignon n'abordent pas non plus la question. Le Meertens n'a pas d'article là-dessus.

Qu'est-ce donc qui amène Marie-Éva de Villers, après avoir reçu être en contravention, à signaler comme fautive l'expression être en contravention avec (une loi, un règlement, des règles)? Selon elle, c'est le calque de in contravention of the rules; il faudrait dire en violation de, en dérogation à, en infraction.

Il est vrai que le Robert & Collins Super Senior propose, pour traduire in contravention of the rules, les équivalents en violation des règles, en dérogation aux règles... Mais cela ne me paraît pas une raison suffisante, dans les circonstances.

Il me semble que nous ne devrions pas considérer comme un anglicisme une construction que des auteurs sérieux admettent dans le bon usage. (Notons que ce n'est pas seulement en contravention avec qui est vieillie, d'après le Trésor, mais l'emploi auquel se rattache [être] en contravention, que d'autres ouvrages consignent sans mise en garde.)

Reste le bon vieux principe du parapluie, cher à l'un de mes anciens professeurs : éviter de donner prise à la critique. Si l'on souhaite s'y conformer, on n'aura pas de mal à remplacer en contravention avec. Au lieu de Il a agi en contravention avec la loi, on aurait de toute façon avantage à écrire, dans bien des cas, Il a enfreint la loi, Il a contrevenu à la loi.

Line Gingras

"Partie de chasse" : http://www.ledevoir.com/2005/10/03/91761.html

6 octobre 2005

Prêt de + infinitif

Prêt de, près de; prêt de + infinitif; prêt à + infinitif; près de + infinitif.

  • [...] ce flux ne semble pas prêt de se tarir. (Dépêche.)

"Prêts ou pas prêts, j'y vas pareil" : c'était la formule rituelle lorsque nous jouions à cachette, chez nous, dans le p'tit rang croche qui montait vers le lac Sept-Îles. Mais ce temps-là est révolu - eh oui, y a eu la révolution tranquille et tout, vous ne le saviez pas? -, et c'est d'affaires sérieuses que l'on s'occupe ici. Alors donc...

D'après ce que je lis dans le Petit Robert, le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain, on doit faire aujourd'hui la distinction entre près de ("sur le point de") et prêt à ("en état de", "disposé à", "décidé à"), devant un infinitif :

Les démarches étaient près d'aboutir. (France.)
La pluie n'est pas près d'arrêter.
Je ne suis pas près de l'oublier.

L'avion est prêt à partir.
Tenez-vous prêts à agir quand le moment sera venu.
Je suis prête à reconnaître mes torts.

Le Petit Robert relève comme vieilli ou littéraire l'emploi de prêt à au sens de "près de", "sur le point de" :

Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie... (Lamartine.)

Le tour prêt de, devant un infinitif, est tenu pour un archaïsme :

Je suis prêt de mourir. (Maupassant.)

Le journaliste aurait dû écrire, par conséquent :

  • [...] ce flux ne semble pas près de se tarir.

Et puis non, je ne me permettrai pas d'allusion à l'équipe Charest.

Line Gingras

"En bref : Nouvel assaut à Melilla" : http://www.ledevoir.com/2005/10/06/91965.html
Une petite récréation? - "Gambader, ou l'art de donner des ailes au délire" : http://www.ledevoir.com/2005/10/06/92023.html

7 octobre 2005

Et autres paellas

Et autres paellas; et autres + nom; énumération; terme générique; terme spécifique.

  • D'autant que ce ne sont pas les nivellement, chariot, oignon, quincaillier et autres paellas [...] qui posent problème aux petits Québécois. (Josée Boileau.)

Oui, il est question ici de réforme de l'orthographe. Mais je ne veux pas m'engager dans cette controverse. J'aimerais signaler plutôt, comme je l'ai déjà fait dans La plume heureuse, que je trouve un rien étrange cet et autres introduisant le dernier terme d'une énumération.

Pardonnez-moi d'énoncer ce qui vous semblera sans doute une évidence, mais un quincaillier, même espagnol, même doué d'un aussi bon appétit que l'auteure de ces lignes (je parle des lignes que vous lisez en ce moment, pas de l'éditorial de madame Boileau), et armé d'une pelle en prévision de l'hiver, n'est pas une paella.

Et autres s'emploie correctement devant un terme générique qui englobe les divers éléments de l'énumération :

  • D'autant que ce ne sont pas les nivellement, chariot, oignon, quincaillier, paella et autres mots visés par la réforme qui posent problème aux petits Québécois.

Devant un terme spécifique, par contre, qui s'ajoute aux autres éléments pour désigner une personne, un fait ou un objet distinct, et autres produit un drôle d'effet..., dont un humoriste saurait peut-être tirer parti.

Dans le cas présent, on aurait dû s'en passer :

  • D'autant que ce ne sont pas les nivellement, chariot, oignon, quincaillier et paella [...] qui posent problème aux petits Québécois.

Line Gingras

"Flûte, avec un accent!" : http://www.ledevoir.com/2005/10/04/91820.html

8 octobre 2005

Questionner

Questionner; questionner quelque chose; remettre en question; mettre en doute; contester; critiquer; douter de; s'interroger sur.

  • Qui s'étonnera que le Gala des Gémeaux, censé être la fête de la télévision, n'ait trouvé qu'une chaîne spécialisée câblée, Canal D, pour distribuer des prix dont on questionne d'ailleurs et le nombre et la pertinence depuis plusieurs années? (Denise Bombardier.)

Ce n'est là que la première d'une série d'interrogations, mais nous n'irons pas plus loin aujourd'hui, les amis, car il faut nous pencher incontinent sur ce verbe questionner qui me taquine les méninges.

On peut très bien questionner quelqu'un, je n'ai rien là contre; mais questionner quelque chose, c'est français vous croyez?

Le Trésor de la langue française informatisé signale ce tour, utilisé par analogie au sens de "poser une question à quelque chose" :

La campagne se prête à toutes les divagations du rêve. On questionne bien tranquillement le ruisseau, l'arbre, les grandes luzernes : ils ne répondent pas [...] (Renard.)

Bien entendu, le verbe n'a pas ici la même acception que dans la phrase de madame Bombardier.

Le Hanse-Blampain ne contient pas d'article sur le verbe questionner. Mais le Petit Robert et le Lexis n'admettent pas l'emploi qui nous intéresse, et les ouvrages canadiens que j'ai consultés - soit le Multidictionnaire, le Dagenais, le Colpron et le Chouinard - condamnent comme anglicisme l'utilisation de questionner avec un nom de chose pour complément d'objet direct, au sens de "mettre en doute", "remettre en question", "contester", "critiquer", "douter de" ou "s'interroger sur" :

Ils ont questionné l'impartialité du jury d'examen.
Il y a lieu de questionner le sérieux de cette information.
Ce n'est pas d'hier que l'on questionne l'existence de Dieu.

Ces exemples ne sont donc pas à imiter.

Line Gingras

"Faire la fête?" : http://www.ledevoir.com/2005/10/08/92200.html

9 octobre 2005

Accord par syllepse

Accord par syllepse; accord du possessif; accord du pronom personnel; accord du verbe; monde.

  • [...] du "bon monde" tranquille, sans histoire, du monde ordinaire comme on dit ici, s'insurge contre l'installation d'une maison pour personnes âgées dans leur rue, à Québec, au prétexte que leur quiétude sera mise à mal [...] (Denise Bombardier.)

Ainsi donc, nous parlerons aujourd'hui de l'accord par syllepse.

[Comment? Il y a un autre problème dans cette phrase? - Certes, mais nous verrons cela demain, n'ayez crainte.]

Qu'est-ce donc qu'un accord par syllepse? C'est un accord qui se fait "selon le sens et non selon les règles grammaticales", nous dit le Petit Robert.

Cet accord n'est pas toujours approprié dans la langue soutenue; il me vient tout de suite à l'esprit un titre bien connu de l'humoriste Clémence Desrochers, Le monde sont drôles. Grevisse écrit, à ce sujet, que "la langue populaire met parfois au pluriel les mots se rapportant à des noms collectifs singuliers" (autres que les mots exprimant une quantité, comme douzaine, nombre ou moitié).

Madame Bombardier, comme il convient dans un texte sérieux, a laissé le verbe s'insurge au singulier; mais que dire du déterminant possessif leur? Aurait-il fallu reformuler la phrase, ou était-il correct d'utiliser un pluripossessif, indiquant plusieurs possesseurs, pour renvoyer à monde, substantif singulier?

Grevisse semble autoriser cet emploi, sans le limiter à la langue populaire (paragraphe 593, d, de la douzième édition du Bon usage) :

Jamais, depuis son enfance, elle n'avait approché d'un homme en soutane; elle éprouvait à leur égard [...] (É. Baumann.)

Il paraît aussi admettre que le pronom personnel s'accorde, "non avec son antécédent (surtout si celui-ci ne figure pas dans la même phrase ou sous-phrase), mais avec la signification impliquée par cet antécédent" :

La pauvre Barbe-bleue se doutait bien de quelque chose, mais il ne savait pas de quoi. (A. France.)

Dans la phrase à l'étude, on aurait donc pu écrire, en parlant du monde ordinaire, qu'ils prétextent que leur quiétude sera mise à mal.

Non, je ne serai probablement jamais à l'aise avec ces "syllepses occasionnelles". Mais elles ne sont pas interdites, je l'ai z'appris tout à l'heure.

Line Gingras

"Faire la fête?" : http://www.ledevoir.com/2005/10/08/92200.html

12 octobre 2005

De Janequin à Haendel

Haendel; Janequin; As Pants the Hart; Le chant des oiseaux; emprunts musicaux.

C'était dans la nuit de lundi à mardi : rentrée de ma répétition avec l'Ensemble vocal André Martin, j'avais continuellement à l'esprit, en travaillant à l'ordinateur, le thème obsédant de ce beau motet de Haendel :

As pants the hart
For cooling streams...
(Comme languit une biche / Après les eaux vives... [Bible de Jérusalem.])

Plusieurs heures se sont écoulées. Et puis, tout à coup, j'ai pris conscience d'autres paroles qui étaient venues, je ne sais comment, se substituer au texte anglais :

Vous orrez à mon avis
Une douce musique...

J'en modernise l'orthographe, mais c'est un passage du Chant des oiseaux, de Clément Janequin. Haendel l'aura peut-être emprunté, à deux siècles de distance environ...

Le chant des oiseaux. C'était il y a une trentaine d'années, sous la direction du même chef; je découvrais la musique de la Renaissance.

La musique, on le sait, réunit les hommes - avec leurs semblables, et avec eux-mêmes.

Choubine

14 octobre 2005

Discriminer, être discriminé

Discriminer quelqu'un; être discriminé; to discriminate against; to be discriminated against; Coventry Carol.

  • [...] les habitants de l'ancienne Allemagne de l'Est continuent de se sentir dénigrés, voire discriminés par leurs concitoyens de l'Ouest. (Dépêche.)

Au Moyen Âge, dans la ville de Coventry, on représentait des mystères - entre autres celui pour lequel fut composé le Coventry Carol, cette berceuse chantée par les femmes de Bethléem à leurs tout-petits, que les soldats d'Hérode vont bientôt massacrer. Selon William Sandys, une vieille tradition voudrait que le propre fils d'Hérode ait été parmi ces malheureux innocents. Pas de discrimination...

Le substantif discrimination s'emploie dans la langue courante, souvent de façon péjorative, pour désigner le "traitement différencié, inégalitaire, appliqué à des personnes sur la base de critères variables" (Trésor de la langue française informatisé).

Plus rarement, et plutôt dans la langue littéraire, il désigne l'"action de discerner, de distinguer les choses les unes des autres avec précision, selon des critères définis" (Petit Robert).

C'est à cette dernière acception que se rattache le verbe discriminer :

[Il a] judicieusement discriminé les créatures et les écrivains du second et du troisième rayon. (Henriot.)
C'était une autre affaire de discriminer les visiteurs. (Guéhenno.)
Les questions qui discriminaient significativement les sujets normaux des sujets présentant un syndrome mental donné. (Delay.)
Apprendre à discriminer les méthodes les plus efficaces. (Lexis.)
Discriminer rhumatismes infectieux et arthrites microbiennes. (Ravault.)
Quand la vie nous laissera-t-elle le temps de nuancer et de discriminer? (Dubos.)

Nulle part, dans les treize ouvrages que j'ai consultés, je n'ai trouvé ce verbe ("beaucoup plus rare, précisent Hanse et Blampain, que le nom discrimination et l'adjectif discriminatoire") avec la nuance péjorative que prend souvent le nom discrimination - si ce n'est dans une remarque du Trésor, où l'on signale avoir rencontré cet emploi dans la documentation; les auteurs font observer que discriminer y est utilisé de façon absolue, autrement dit sans complément :

En tolérant que l'Europe discrimine, c'est-à-dire maintienne les restrictions financières et commerciales contre les États-Unis tout en abaissant ces restrictions entre pays membres de l'OECE. (Univers économique et social, 1960.)

Il s'agit là, je le souligne, d'une simple mention.

René Meertens propose, comme équivalents de to discriminate against : constituer une discrimination à l'encontre de, placer dans une situation désavantageuse, défavoriser; et pour traduire to be discriminated against : être victime d'une discrimination, être ou faire l'objet de mesures discriminatoires.

Dans la phrase qui nous occupe, je pense qu'il aurait fallu étoffer, en écrivant par exemple :

  • [...] les habitants de l'ancienne Allemagne de l'Est continuent de se sentir dénigrés par leurs concitoyens de l'Ouest, qui auraient même à leur endroit des pratiques discriminatoires.

C'est plus long, évidemment...; mais sommes-nous si pressés?

Line Gingras

Texte sur le Coventry Carol : http://www.hymnsandcarolsofchristmas.com/Hymns_and_Carols/coventry_carol-1.htm
"Une première femme à la tête de l'Allemagne" : http://www.ledevoir.com/2005/10/11/92341.html

16 octobre 2005

Au motif que

Au motif que; au motif de; pour le bon motif; motif.

Mademoiselle est au salon
- Ah! Seigneur, que c'est long!
Tantôt viendra l'p'tit Vaillancourt
- Ah! Seigneur, que c'est court!

Lorsque jadis un jeune homme fréquentait une jeune fille, ce devait être pour le bon motif - en vue du mariage, lui-même précédé des fiançailles, lesquelles suivaient ce moment solennel de la grand' demande.

De même, dans la langue courante, on voit assez souvent le complément de cause (répondant à la question pourquoi?) introduit par le nom motif précédé de la préposition pour :

Pour quel motif as-tu changé d'avis? (Multidictionnaire.)
Pour des motifs qui nous échappent.

Mais serait-il admis d'utiliser plutôt la préposition à?

J'ai signalé l'autre jour cet exemple, relevé dans le Petit Robert :

  • Requête rejetée au motif que l'intéressé est mineur.

Cette formulation est donnée toutefois comme appartenant à la langue juridique. De fait, aucun des seize autres ouvrages que j'ai consultés ne mentionne le tour au motif que ni, de manière générale, l'emploi de la préposition à devant le nom motif indiquant un complément de cause. Je pense donc qu'il faudrait réserver cette construction au domaine du droit :

  • M. Chrétien a suspendu temporairement sa requête en récusation il y a deux semaines. En revanche, l'avocat du gouvernement fédéral, Brian Saunders, lui a confirmé par écrit qu'il pourrait entamer une nouvelle bataille contre le commissaire au motif de sa partialité au moment opportun. (Brian Myles et Manon Cornellier.)

Line Gingras

Pour écouter La grand' demande : http://www4.bnquebec.ca/musique_78trs/mt571.htm
"Gomery monte au front" : http://www.ledevoir.com/2005/06/15/84252.html?355

18 octobre 2005

Boisson*

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