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Choux de Siam
29 mai 2021

Avertir à quelqu'un

Avertir à quelqu'un de quelque chose, avertir quelqu'un de quelque chose; grammaire; syntaxe.
Attendre après quelqu'un, attendre après quelque chose; usage.

  • Abolir le Conseil supérieur de la langue française et créer un poste de Commissaire à langue française indépendant, nommé par au moins les deux tiers des membres de l’Assemblée nationale [...] Le Commissaire à langue française sera chargé de surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec [...]
    (Marco Bélair-Cirino, dans Le Devoir du 13 mai 2021.)

La première fois, on veut croire à une malheureuse faute d'inattention; mais la deuxième...?

Il faudrait lire, bien évidemment :

Abolir le Conseil supérieur de la langue française et créer un poste de commissaire à la langue française* indépendant, nommé par au moins les deux tiers des membres de l’Assemblée nationale [...] Le commissaire à la langue française* sera chargé de surveiller l’évolution de la situation linguistique au Québec [...]

  • « Le Québec n’attendra plus jamais après quiconque pour définir ce qu’il est », a averti M. Jolin-Barrette à la presse.

Deux observations :

1. Le tour attendre après quelqu'un ou quelque chose, d'un emploi fréquent au Québec, est tenu dans le Grand Robert pour vieilli ou régional. Le dictionnaire québécois Usito l'admet dans la langue familière.

2. On donne un avertissement à quelqu'un, mais on avertit quelqu'un de quelque chose, qu'une chose s'est produite ou va se produire :

Je l'avais avertie de mon départ. (Multidictionnaire.)

Son instinct l'avertissait de ne pas se fier à Mamie. (Mauriac, dans le Petit Robert.)

Avertir quelqu'un de ses intentions. (Grand Robert.)

Pourquoi n'avertit-elle pas la police? (Y. Beauchemin, dans Usito.)

Que voulait Jean Valjean? Achever ce qu'il avait commencé; avertir Cosette, lui dire où était Marius [...] (Hugo, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Le journaliste aurait pu écrire, par exemple :

« Le Québec n’attendra plus jamais après quiconque pour définir ce qu’il est », a déclaré* M. Jolin-Barrette à la presse.

« Le Québec n’attendra plus jamais après quiconque pour définir ce qu’il est », a averti M. Jolin-Barrette à la presse.

Line Gingras
Québec

* Le 30 mai, je constate que la correction a été apportée.

« La réforme de la loi 101 du gouvernement Legault décortiquée » : Langue française: Québec présente sa réforme de la loi 101 | Le Devoir

De retour le mercredi 2 juin.

26 mai 2021

L'école

  • À la demande de l’école, la mère a fait préparer un plan d’intervention spécifique par la psychoéducatrice qui suivait sa fille au privé. L’école aurait alors jugé que c’était trop exigeant et renvoyé la jeune fille de l’école*.
    (Jessica Nadeau, dans Le Devoir du 13 mai 2021.)

L'école aurait renvoyé la jeune fille de l'école? Je proposerais :

À la demande de l’école, la mère a fait préparer un plan d’intervention spécifique par la psychoéducatrice qui suivait sa fille au privé. L’école aurait alors jugé que c’était trop exigeant, et la jeune fille aurait été renvoyée.

  • Un an plus tard, en février 2019, il écrivait au Protecteur du citoyen que l’enquête n’était plus nécessaire, évoquant ces mêmes motifs.

On invoque les motifs d'une décision, c'est-à-dire qu'on fait appel à ces motifs pour la justifier :

Un an plus tard, en février 2019, il écrivait au Protecteur du citoyen que l’enquête n’était plus nécessaire, invoquant** ces mêmes motifs.

J'ai déjà abordé la question.

Line Gingras
Québec

* Le 26 mai en fin de soirée, je constate que la répétition a été supprimée.

** Le 26 mai en fin de soirée, je constate que la correction a été apportée.

« Des informations cachées par le ministère de l’Éducation à des parents d’élèves intimidés » : https://www.ledevoir.com/societe/education/600941/intimidation-informations-cachees-a-des-parents-d-eleves-intimides?utm_source=infolettre-2021-05-13&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

23 mai 2021

Son et lumière

  • Le lugubre spectacle son et lumière des roquettes du Hamas et des frappes aériennes israéliennes à laquelle le monde assiste depuis quelques jours ne lui est pas inutile.
    (Guy Taillefer, dans Le Devoir du 13 mai 2021.)

Le monde assiste à un lugubre spectacle :

Le lugubre spectacle son et lumière des roquettes du Hamas et des frappes aériennes israéliennes auquel* le monde assiste depuis quelques jours ne lui est pas inutile.

  • Avec le report sine die par Abbas, fin avril, des élections [...] dans les territoires occupés, qui n’en ont pas tenu depuis 15 ans, le très mince espoir de collaboration apaisée avec le mouvement islamiste du Hamas, qui a le contrôle exclusif et laborieux de Gaza, ont à nouveau volé en éclats.

Qu'est-ce qui a volé en éclats? Le très mince espoir :

Avec le report sine die par Abbas, fin avril, des élections [...] dans les territoires occupés, qui n’en ont pas tenu depuis 15 ans, le très mince espoir de collaboration apaisée avec le mouvement islamiste du Hamas, qui a le contrôle exclusif et laborieux de Gaza, a* de nouveau volé en éclats.

  • Mais le fait est qu’il s’agit à la base d’un mouvement populaire provoqué par des tensions qui montaient depuis un mois, après qu’un tribunal eut autorisé, aux profits de colons juifs, l’éviction de six familles palestiniennes à Jérusalem-Est.

Faut-il écrire aux profits de ou au profit de? Les deux graphies sont-elles admises? J'ai déjà abordé la question. Cependant, j'ai vu cette fois-ci deux dictionnaires que je n'avais pu consulter il y a huit ans, soit le Grand Robert et Usito (celui-ci n'existait pas à l'époque). Le premier surtout, en raison des très nombreux exemples qui s'y trouvent, me donne confirmation que la locution prépositive ne prend jamais la marque du pluriel; on écrit toujours au profit de :

Abandon d'un fonds improductif au profit de la commune. (Grand Robert, « abandon ».)

Les biens sont confisqués au profit des juges. (Grand Robert, « profit ».)

Il trahissait Alexandre au profit de Napoléon. (Grand Robert, « trahir ».)

Il se disait tout à coup qu'il aurait pu et dû retourner la situation à son profit et au profit des siens. (J. d'Ormesson, dans Usito.)

Il faudrait lire :

Mais le fait est qu’il s’agit à la base d’un mouvement populaire provoqué par des tensions qui montaient depuis un mois, après qu’un tribunal eut autorisé, au profit* de colons juifs, l’éviction de six familles palestiniennes à Jérusalem-Est.

Line Gingras
Québec

* Le 25 mai, je constate que la correction a été apportée.

« D'escalade en escalade » : https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/600809/palestine-israel-d-escalade-en-escalade?utm_source=infolettre-2021-05-13&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

20 mai 2021

Qu'est-ce qui a été dévoilé?

  • Il y a dans les 190 recommandations du Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale dévoilé aussi mardi une volonté d’amoindrir cette iniquité dans les étapes préalables au tribunal.
    (Marie-Andrée Chouinard, dans Le Devoir du 18 décembre 2020.)

Ce n'est pas l'accompagnement ni le Comité d'experts qui a été dévoilé :

Il y a dans les 190 recommandations du Comité d’experts sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale, dévoilées* aussi mardi, une volonté d’amoindrir cette iniquité dans les étapes préalables au tribunal.

Line Gingras
Québec

* Le 22 mai, je constate que la correction a été apportée.

« À armes inégales » : https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/591968/agressions-sexuelles-a-armes-inegales?utm_source=infolettre-2020-12-18&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

17 mai 2021

Comme si

  • Comme si on pouvait passer sous silence que les femmes noires, qui connaissent certainement très bien les réalités de la marginalisation économique en Amérique, n’avaient pas voté à 94 % pour Hillary Clinton malgré son élitisme.
    (Émilie Nicolas, dans Le Devoir du 5 novembre 2020.)

La chroniqueuse a exprimé le contraire de sa pensée*. Il faudrait lire :

Comme si on pouvait passer sous silence que les femmes noires, qui connaissent certainement très bien les réalités de la marginalisation économique en Amérique, avaient voté** à 94 % pour Hillary Clinton malgré son élitisme.

Il aurait aussi été correct d'écrire :

Comme si les femmes noires, qui connaissent certainement très bien les réalités de la marginalisation économique en Amérique, n’avaient pas voté à 94 % pour Hillary Clinton malgré son élitisme.

Line Gingras
Québec

* Voir https://www.essence.com/news/politics/most-black-women-voted-for-hillary-clinton/
De même, dans le Devoir du 13 août 2020, l'éditorialiste Guy Taillefer écrivait : Et c’est ainsi que 94 % des Noires ont voté pour Hillary Clinton en 2016 [...]
https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/584034/kamala-harris-pour-en-finir-avec-l-invisibilite

** Le 18 mai (2021), je constate que la correction a été apportée.

« L’Amérique blanche, encore » : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/589097/l-amerique-blanche-encore

14 mai 2021

Les jeunes générations

  • Les jeunes générations font évoluer avec fougue des mentalités sclérosées, tout en contribuant malgré eux à la division des humains, car chacun y défend son bout de gras en mordant le voisin.
    (Odile Tremblay, dans Le Devoir du 6 mai 2021.)

Le pronom doit être du même genre et du même nombre que le nom qu'il représente :

Les jeunes générations font évoluer avec fougue des mentalités sclérosées, tout en contribuant malgré elles* à la division des humains, car chacun y défend son bout de gras en mordant le voisin.

Line Gingras
Québec

* Le 16 mai, je constate que la correction a été apportée.

« Comme chiens et chats » : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/600189/chronique-comme-chiens-et-chats?utm_source=infolettre-2021-05-06&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

11 mai 2021

Des détails?

  • C’est peut-être ce qui vient de se passer aux États-Unis, où « les lois et normes » qui ont vu le jour dans la foulée du Watergate et de la guerre du Vietnam pour combattre les dérives du pouvoir exécutif nécessitent désormais une refonte majeure, estiment Bob Bauer, ex-conseiller de Barak Obama et de Jack Goldsmith, assistant du procureur général des États-Unis sous George W. Bush dans une lettre d’opinion publiée le 18 décembre dans les pages du New York Times.
    (Fabien Deglise, dans Le Devoir du 28 décembre 2020.)
  1. J'apprends dans le New York Times que M. Bauer n'est pas l'ex-conseiller de M. Goldsmith, mais que MM. Bauer et Goldsmith ont cosigné la lettre d'opinion; le verbe estimer est donc correctement accordé, mais la préposition de introduit une faute de sens : https://www.nytimes.com/2020/12/18/opinion/trump-presidency-reform.html
  2. D'après les résultats d'une recherche Google (j'ai consulté en particulier le site de la Maison-Blanche), le prénom de M. Obama s'écrit Barack : Barack Obama | The White House

Il faudrait lire :

C’est peut-être ce qui vient de se passer aux États-Unis, où « les lois et normes » qui ont vu le jour dans la foulée du Watergate et de la guerre du Vietnam pour combattre les dérives du pouvoir exécutif nécessitent désormais une refonte majeure, estiment Bob Bauer, ex-conseiller de Barack Obama, et Jack Goldsmith, assistant du procureur général des États-Unis sous George W. Bush, dans une lettre d’opinion publiée le 18 décembre dans les pages du New York Times*.

Line Gingras
Québec

* Le 12 mai, je constate que les corrections ont été apportées.

« 2020, l’année où Donald Trump a manqué son coup d’État » : https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/592380/etats-unis-2020-l-annee-ou-donald-trump-a-manque-son-coup-d-etat?utm_source=infolettre-2020-12-28&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

8 mai 2021

Attention au sujet inversé

  • Washington a de son côté annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur la police de Minneapolis, alors qu’est déjà soumis au Congrès l’étude d’un important projet de loi intitulé « George Floyd Justice in Policing Act ».
    (Guy Taillefer, dans Le Devoir du 22 avril 2021.)

Dans la phrase ci-dessus, c'est l'étude (d'un important projet de loi) qui est soumise au Congrès. On pouvait écrire, suivant l'idée précise à exprimer :

Washington a de son côté annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur la police de Minneapolis, alors qu’est déjà soumise* au Congrès l’étude d’un important projet de loi intitulé « George Floyd Justice in Policing Act ».

Washington a de son côté annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête sur la police de Minneapolis, alors qu’est déjà soumis au Congrès l’étude d’un important projet de loi intitulé « George Floyd Justice in Policing Act ».

Line Gingras
Québec

* Le 10 mai, je constate que la correction a été apportée.

« À Minneapolis, un verdict phare » : https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/599223/proces-chauvin-justice-rendue-justice-a-faire?utm_source=infolettre-2021-04-22&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

5 mai 2021

Les États-Unis embourbés dans ses conflits militaires

Ses ou leurs; déterminant possessif; grammaire.

  • Cette Chine qui, face aux États-Unis embourbés depuis deux décennies dans ses conflits militaires, en a profité pour tisser sa toile géopolitique partout dans le monde avec une redoutable efficacité.
    (Guy Taillefer, dans Le Devoir du 19 avril 2021.)

Ses ne peut renvoyer qu'à un possesseur singulier. Les États-Unis seraient-ils donc embourbés dans les conflits militaires de la Chine? Je pense plutôt que l'éditorialiste a voulu dire :

Cette Chine qui, face aux États-Unis embourbés depuis deux décennies dans leurs* conflits militaires, en a profité pour tisser sa toile géopolitique partout dans le monde avec une redoutable efficacité.

Line Gingras
Québec

* Le 10 mai, je constate que la correction a été apportée.

« Afghanistan : par pertes et profits » : https://www.ledevoir.com/opinion/editoriaux/599043/afghanistan-par-pertes-et-profits?utm_source=infolettre-2021-04-19&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

2 mai 2021

Les Francos-Canadiens

Les Francos-Canadiens ou les Franco-Canadiens; franco-, variable ou invariable; orthographe.

  • Si Louis Hémon était venu mourir dans cette région, beaucoup de Francos-Canadiens espéraient pour leur part y trouver des raisons de vivre.
  • Les Francos-Canadiens ne vivent pas sur la Lune, même si le Québec a parfois tendance à les tenir pour des satellites éloignés.
    (Jean-François Nadeau, dans Le Devoir du 19 avril 2021.)

L'élément franco-, entrant dans la formation de nombreux mots composés, est invariable :

Des traditions franco-ontariennes.
Des Franco-Américains.
(Multidictionnaire.)

Les Franco-Canadiens. (Usito.)

Les Franco-Américains du Maine. (Petit Robert.)

Les guerres franco-allemandes. (Grand Robert.)

Tous ou presque tous les invités de M. Ponto étaient Français, mais Français mâtinés, c'est-à-dire Franco-Anglais, Franco-Belges, Franco-Russes [...] (A. Robida, dans le Grand Robert.)

Les Belges rejetés sur Anvers, les Franco-Britanniques vers la Seine. (Joffre dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article « franco- ».)

Il fallait écrire :

Si Louis Hémon était venu mourir dans cette région, beaucoup de Franco-Canadiens* espéraient pour leur part y trouver des raisons de vivre.

Les Franco-Canadiens* ne vivent pas sur la Lune, même si le Québec a parfois tendance à les tenir pour des satellites éloignés.

Line Gingras
Québec

* Le 3 mai, je constate que la correction a été apportée.

« La dépossession » : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/599052/la-depossession?utm_source=infolettre-2021-04-19&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

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