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Choux de Siam
16 août 2020

Cela s'impose

  • La formule singulière du concert-bénéfice s’est imposée devant les restrictions imposées par la santé publique.
    (François Houde dans le site du Nouvelliste, le 4 août 2020.)

On aurait pu écrire, par exemple :

La formule singulière du concert-bénéfice s’est imposée devant les restrictions établies par la santé publique.

Line Gingras
Québec

« Jacques Lacombe retrouve sa baguette pour un concert-bénéfice de l’OSM » : https://www.lenouvelliste.ca/arts/jacques-lacombe-retrouve-sa-baguette-pour-un-concert-benefice-de-losm-a49aaec2f7d1e02e2fde44f77310a5ea?utm_source=omerlo&utm_medium=mailer&utm_campaign=Aujourd%27hui%3A+Explosions+%C3%A0+Beyrouth%3A+le+r%C3%A9cit+d%27une+Trifluvienne+d%27origine+r%C3%A9sidente+de+ce+pays

4 juillet 2020

Ils se sont rencontrés à l'occasion d'une rencontre

  • Dans ces milieux, on lit Malcom X [...]

    Les parents de Malcom X se sont rencontrés à Montréal, dans la Petite-Bourgogne, à l’occasion d’une rencontre de la UNIA, la Universal Negro Improvement Association of Canada.
    (Jean-François Nadeau, dans Le Devoir du 8 juin 2020.)

Dans ces milieux, on lit Malcolm X [...]

Les parents de Malcolm X se sont connus à Montréal, dans la Petite-Bourgogne, à l’occasion d’une rencontre de la UNIA, la Universal Negro Improvement Association of Canada.

Line Gingras
Québec

« Le château » : https://www.ledevoir.com/opinion/chroniques/580384/chronique-le-chateau?utm_source=infolettre-2020-06-08&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

23 septembre 2020

Des attaques au vote noir

Attaque à, attaque contre; grammaire; syntaxe; préposition.

  • [...] des organisations de droits civiques veillent au grain pour empêcher de nouvelles attaques au vote noir.
    (Sarah R. Champagne, dans Le Devoir du 11 septembre 2020.)

On s'attaque à la pauvreté, aux idées reçues, à un politicien, mais on fait l'attaque d'une place forte ou d'une bijouterie, on orchestre des attaques contre des sites Internet, contre des opposants, contre le gouvernement.

Il faudrait lire :

[...] des organisations de droits civiques veillent au grain pour empêcher de nouvelles attaques contre le vote noir.


  • Il faut dire que la Caroline du Nord est courtisée intensément par les deux partis, l’un de ses États pivots qui pourraient faire ou défaire la victoire présidentielle en novembre.

L'un des États pivots de qui, de quoi? Le possessif ne renvoie à rien :

Il faut dire que la Caroline du Nord est courtisée intensément par les deux partis, l’un de ces États pivots qui pourraient faire ou défaire la victoire présidentielle en novembre.

Line Gingras
Québec

« Une carte électorale dessinée sur mesure » : https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/585803/sur-la-route-electorale-du-sud-une-carte-electorale-dessinee-sur-mesure?utm_source=infolettre-2020-09-11&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

12 novembre 2020

Le but aurait comme objectif...

  • Certains d’entre eux croient toutefois que le réel but de cette bataille judiciaire aurait comme réel objectif de projeter une image d’un combattant qui n’abandonne pas, plutôt que de chercher à produire des résultats.
    (AP, dans Le Devoir du 8 novembre 2020.)

Il faut élaguer :

Certains d’entre eux croient toutefois que le réel but de cette bataille judiciaire aurait comme réel objectif de projeter l'image d’un combattant qui n’abandonne pas, plutôt que de chercher à produire des résultats.

Certains d’entre eux croient toutefois que le but réel de cette bataille judiciaire serait aurait comme réel objectif de projeter l'image d’un combattant qui n’abandonne pas, plutôt que de chercher à produire des résultats.

Line Gingras
Québec

« Donald Trump s’entête à poursuivre son combat » : https://www.ledevoir.com/monde/etats-unis/589361/donald-trump-s-entete-a-poursuivre-son-combat

27 août 2005

Formulaire et formule

Méfiance.

Je le savais de science certaine, le mot formulaire ne pouvait signifier que recueil de formules. J'avais lu cela, j'avais entendu cela quelque part. Un professeur l'avait affirmé sans doute, ou alors un réviseur. Forcément.

Pendant des années je me suis fait un devoir de transmettre cette précieuse information. Et puis, un jour j'ai consulté mon dictionnaire à l'article formulaire; ensuite à formule. Rien d'extraordinaire, comme initiative : c'était le Petit Robert, mon compagnon de tous les jours. J'aurais pu vérifier bien avant, si seulement j'avais eu un doute, un début de commencement de soupçon salutaire.

Méfiance, je vous dis.

lg

Petit lexique des sorciers : http://membres.lycos.fr/benjo88/HPfrancais/dico%20des%20sorciers.html

5 septembre 2005

Promenade des gouverneurs

Dans les bleus et les roses du soir de septembre, il y avait le fleuve, les voiles blanches, les deux rives, les arbres encore verts. Il y avait la passerelle accrochée à la falaise, les escaliers solides qui n’en finissaient plus de monter, de descendre.

Il y avait les ombres de personnes aimées, venues ici autrefois, et qui m’attendaient.

lg

Vue de la promenade des gouverneurs, tirée du site de Parcs Canada : http://www.pc.gc.ca/lhn-nhs/qc/fortifications/natcul/natcul1e_F.asp

8 septembre 2005

"Et puis euh"

Jean Dion, chroniqueur sportif au quotidien montréalais Le Devoir, nous annonce que sa carrière prend aujourd'hui un tournant décisif : Hors-jeu est mort, longue vie à Et puis euh!

Cela vous paraît un rien étrange, comme titre d'une chronique où sont en principe relatées les prouesses des héros? Par là se trahit votre abyssale ignorance, mais il est aisé d'y remédier : suffit de cliquer sur le lien que je vous propose plus bas.

Aperçu de l'explication : "[...] avec la disparition de la ligne rouge au hockey, le temps était venu de passer à autre chose, de soulever d'impressionnants et inédits défis à bras-le-corps, bref de faire semblant ici qu'il y a du nouveau alors qu'il s'agit en fait du même vieux stock."

Décidément, si Jean Dion n'était pas si occupé à briguer le Pulitzer, il devrait faire de la politique.

lg

Là où il se publie de la grosse nouvelle : http://www.ledevoir.com/2005/09/08/89909.html

9 septembre 2005

Nostalgie

Nuit de festival dans le Vieux-Québec. Rue Saint-Jean, sous la lune on se promène – sous les nuages en fait, mais derrière il y a la lune, supposément. Des ombres doubles cheminent dans les rues étroites, aux abords de la basilique. Devant, sur la place, quelques adolescents s’exercent, le spectacle fini, à jongler avec des quilles, à rouler en monocycle; des adolescentes les regardent. Plus haut encore, sur la Terrasse, on écoute le fleuve. Qui souffle son haleine de fleuve, très doucement.

Je redescends. Des audacieux dévalent en planche à roulettes. Des bouffées de jazz s’échappent d’un café; du coin de l’œil, j’enregistre deux longues jambes nues qui pendent, élégamment croisées, et des souliers à talon aiguille.

Suis-je dans un film, un film allemand peut-être, vu jadis à la télévision et oublié depuis?

Il n’y a rien ici que des inconnus.

lg

En montant vers la basilique : http://omor.com/fotohof/archives/vieux_quebec_1.html

17 septembre 2005

À peu de chose près

À peu de chose près; à peu de choses près.

Je lisais hier l'éditorial de Bernard Descôteaux, dans Le Devoir, lorsque je suis tombée en arrêt devant cette phrase :

  • Le 16 novembre, ce parti sera à peu de chose près le parti qu'on connaît aujourd'hui [...] (C'est moi qui souligne.)

Voilà un singulier qui m'a paru... bien singulier. Ne devrait-il pas se trouver deux ou trois chosettes dans ce peu, si peutit qu'il soit, me suis-je demandé?

Ah. Ce n'est pas ainsi qu'il fallait voir les choses - la chose. Le Petit Robert, à l'article "peu", m'apprend en effet, tout d'abord, que peu de chose veut dire "une petite chose, qqch. d'insignifiant"; ensuite, que l'expression à peu de chose près signifie "presque exactement". Le singulier s'impose donc.

Ç'a ben d'l'allure.

Et comme si ce n'était pas suffisant, Jean Dion écrit aujourd'hui, à propos d'une simple question dont la longueur n'a rien à envier à une phrase de Marcel Proust, qu'elle est "recopiée à peu de chose près à la demande générale".

Ça va ça va, hein, on avait compris.

Line Gingras

"Le PQ tel qu'il est" : http://www.ledevoir.com/2005/09/16/90492.html

21 septembre 2005

On veut de la politique propre

À la suite de révélations chocs touchant la consommation de cocaïne, marijuana, alcool, tabac, café, Pepsi diète, Caramilk, chips au ketchup et autres drogues, le Parti Rhinocéros renouvelé s'engage à obliger tous les politiciens, qu'ils soient de la génération BB, préBB, postBB, X, Y ou Z, à subir des tests d'urine hebdomadaires ainsi que des alcootests et des tests d'haleine quotidiens.

Ça suffit, la tricherie.

Rhino-Choubine

L'affaire André Boisclair : une guéguerre des générations?

27 septembre 2005

Supposer

Supposer que, être supposé + infinitif, être supposé de + infinitif, être censé + infinitif, supposer + infinitif, supposer de + infinitif, supposer quelqu'un de + infinitif, supposer quelqu'un d'avoir fait quelque chose.

Denise Bombardier et Gil Courtemanche posaient des questions intéressantes, dans Le Devoir de la fin de semaine dernière, à propos de l'affaire Boisclair - il s'agit de cet ancien ministre, jeune candidat à la direction du Parti québécois (il n'a pas quarante ans), qui a admis avoir consommé de la cocaïne à quelques reprises alors qu'il exerçait des fonctions ministérielles.

Vous trouverez plus bas des liens vers ces articles, mais vous me connaissez ou me connaîtrez bientôt : toujours à la recherche de la petite bête...

  • Dans quelle société vivons-nous pour que l'aveu d'un geste de nature criminelle propulse la personne qui l'a posé plus avant dans le concours de popularité et que celle dont on suppose l'entourage d'avoir laissé filtrer la nouvelle perde des appuis? (Denise Bombardier.)

D'un point de vue grammatical, on peut très bien soupçonner ou accuser une personne ou un groupe d'avoir fait quelque chose; on peut aussi supposer qu'une personne ou un groupe a fait quelque chose. Mais peut-on supposer une personne ou un groupe d'avoir fait quelque chose?

Cette construction me semble pour le moins étrange. Madame Bombardier aurait-elle hésité sur le choix du verbe, remplacé soupçonner ou accuser par supposer, puis oublié de modifier la structure de sa phrase? C'est possible; voyons en tout cas ce qu'en disent les ouvrages de langue.

J'en ai consulté une quinzaine - dictionnaires généraux, ouvrages de difficultés, grammaire. Tous ceux qui parlent du verbe supposer reçoivent, bien entendu, la construction supposer que; celle-ci est suivie, d'après Hanse et Blampain, de l'indicatif, du conditionnel ou du subjonctif, selon le sens.

Hanse et Blampain admettent aussi être supposé suivi d'un infinitif, sans de :

Il est supposé avoir compris.

Frèdelin Leroux fils a d'ailleurs relevé cette construction chez plusieurs auteurs. Marie-Éva de Villers, pour sa part, signale comme fautive la forme être supposé de, calque de "to be supposed to"; il faudrait dire Elle est censée venir, et non pas Elle est supposée de venir.

Dans le Trésor de la langue française informatisé, je lis que supposer peut être suivi d'une proposition complétive avec verbe à l'infinitif - mais sans de :

[...] sa mère lui avait remis le portrait de celui qu'elle supposait être son père. (Maupassant.)

Hanse et Blampain pourraient avoir l'air de tolérer, en le déconseillant, le tour qui nous intéresse. Dans la quatrième édition, on trouve en effet ce passage, un peu trop imprécis à mon goût : "L'emploi de supposer de devant un infinitif est peu courant. On dira plutôt : supposer que..." Heureusement, j'ai toujours la troisième édition, qui contient un exemple très utile :

Cet élargissement supposerait de trouver un programme de gouvernement. (Le Figaro.)

J'y remarque deux éléments qui me paraissent essentiels : premièrement, la construction tolérée, ce n'est pas supposer quelqu'un de + infinitif, mais supposer de + infinitif; deuxièmement, supposer n'a pas ici le sens de "croire", "présumer", "penser", mais celui d'"impliquer", de "comporter comme nécessairement lié".

À mon avis, la construction supposer quelqu'un de + infinitif doit donc être tenue pour incorrecte. Par quoi pourrait-on la remplacer, sans modifier le sens ni alourdir la phrase? Je suggérerais un conditionnel : au lieu de "celle dont on suppose l'entourage d'avoir laissé filtrer la nouvelle", j'écrirais "celle dont l'entourage aurait laissé filtrer la nouvelle".

Line Gingras

"Questions" : http://www.ledevoir.com/2005/09/24/91095.html
"Passer à autre chose" : http://www.ledevoir.com/2005/09/24/91135.html

28 septembre 2005

Conversation

Assez timidement comprenez-vous
J’ai demandé au maître de poste
S’il vous plaît Monsieur donnez-moi je vous en prie l’adresse
De l’étoile la plus proche ou la moins lointaine
L’une ou l’autre ça ira
C’est à peu près pareil ou presque
Je m’en contenterai

Mais il avait je crois
Une laryngite ou encore un abcès
Et sans doute aussi un accès de moutarde
Au nez
Dans ces cas-là rien de mieux
Je lui ai dit qu’un hot-dog
Avec de l’oignon rouge
Et cru
Pour faire passer la saucisse
Pas trop épicée
Avec des frites
Ça ne l’a pas aidé
Apparemment
C’était la nuit
Lorsqu’on s’est quittés
Et si noir
Et si peu étoilé
Que je n’ai pas pu rentrer
Je pense
Et lui non plus

Il n’est resté que nous

Choubine

Le bureau de poste d'Ottawa (au fond, des édifices de la colline du Parlement) : http://www.ottawa.ca/residents/gallery/pages/99D_66_3_04_fr.html

30 septembre 2005

Mettre en perspectives?

Mettre les choses en perspective; mettre les choses en perspectives; mettre quelque chose en perspective; mettre quelque chose en perspectives; mettre en perspectives; mettre en perspective; to put in perspective; to put into perspective.

  • Les gens qui savent, qui sont capables de mettre les choses en perspectives [...] (Josée Boileau, "La liberté de qui?", dans Le Devoir, éditorial du jeudi 29 septembre.)

Je croyais en venir à bout en moins de deux : l'expression trouvée dans le Petit Robert - avec la graphie mettre en perspective, sans "s" -, je me disais que décidément je donnais dans la facilité, aujourd'hui.

Ha.

Rien, sur l'expression telle quelle, dans le Lexis; dans le Hanse-Blampain; dans le Multidictionnaire; dans le Colin; dans le Berthier-Colignon; dans le Girodet; dans le Thomas; dans le Dagenais; dans le Colpron; dans le Chouinard; dans le Leroux.

Le Trésor de la langue française informatisé reçoit mettre en perspective au sens propre, mais ne mentionne pas de sens figuré. Je note tout de même cet exemple de la locution adverbiale en perspective, employée au figuré :

Il nous faut voir la vie en perspective. (Saint-Exupéry.)

Le Petit Robert est donc le seul, parmi les ouvrages que j'ai sous la main, qui admette l'expression à l'étude, comme locution figurée : "Mettre qqch. en perspective, en exposer toutes les dimensions et présenter l'arrière-plan, le contexte."

Je pense donc qu'on peut très bien s'en servir. Il reste que le Meertens, à l'article "perspective", propose plusieurs solutions de rechange, entre autres (selon le sens) : nuancer, considérer avec recul, replacer dans son contexte, faire la part des choses.

Line Gingras

"La liberté de qui?" : http://www.ledevoir.com/2005/09/29/91439.html

5 octobre 2005

Au plan, au plan de

Au plan; au plan de; au plan + adjectif; au plan de + substantif; sur le plan; sur le plan de.

  • Et pour commenter le "danger" que pouvaient représenter au plan pédagogique les délires de Sol et Gobelet [...] (Paul Cauchon.)

Lorsque grand-maman Dion tirait des plans, elle ne préparait pas son hiver en Floride - non, elle badinait. C'était bien après l'époque où, regardant La boîte à surprises, j'essayais de comprendre quelque chose aux folleries de Sol et Gobelet : Sol et Gobelet sont de drôles de pistolets, disait justement la chanson. En ce temps-là, grand-maman Dion pleurait souvent, je ne savais trop pourquoi. Plus tard, son fond de gaieté l'a emporté sur les deuils et les difficultés de la vie, et la veille de sa mort elle jouait encore des tours.

Mais nous parlions de plan, et des constructions sur le plan, au plan.

On peut très bien employer sur le plan de (et un substantif), sur le plan (et un adjectif abstrait), pour dire "au point de vue (de)", "dans le domaine" : sur le plan de l'efficacité, sur le plan des principes, sur tous les plans, sur le plan logique, moral, spirituel, sentimental.

Le Petit Robert (édition de 2003) ne reçoit cependant pas, dans ce sens, les tours au plan + adjectif, au plan de + substantif. Girodet tient au plan de pour une forme fautive. Colin juge que seul le tour sur le plan (de) est admis dans la langue soutenue, quoique l'on "rencontre couramment" au plan (de). D'après Marie-Éva de Villers, la construction au plan de est "critiquée, mais de plus en plus courante". Elle estime qu'il faut utiliser de préférence sur le plan de. C'est également l'avis de Hanse et Blampain; selon eux, l'apparition d'au plan de est attribuable à une confusion avec au niveau (ou au point de vue) de :

Au plan des principes, il a tort.

Le tour critiqué se trouve tout de même "sous de bonnes plumes", précisent-ils. N'empêche, je ne peux pas non plus vous le recommander.

Line Gingras

"Refaire du Sol et Gobelet? Impossible!" : http://www.ledevoir.com/2005/10/05/91942.html

25 novembre 2005

Harmonie linguistique - Exemple de bilinguisme à la "Canadian"

Je vous incite vivement, vous surtout qui me lisez des "vieux pays", à cliquer sur le lien qui mène à cette lettre de madame Fleurette Landry, publiée dans L'Acadie nouvelle du 18 novembre 2005.

Tenez à l'esprit que "[le] Nouveau-Brunswick est la seule province officiellement bilingue au Canada..." (ce n'est pas sans raison) et que le Moncton métropolitain, ou "Grand Moncton", compte 33 p. 100 de francophones. Nous ne sommes pas en Alberta ni en Colombie-Britannique; on pourrait le croire pourtant, au récit de la petite mésaventure qui est arrivée à madame Landry - on pourrait le croire, dis-je, si les incidents de ce genre étaient rares dans les collectivités où les francophones, minoritaires, constituent quand même un fort pourcentage de la population.

Il y a quelques années, alors que j'habitais encore à Ottawa (la capitale de notre beau pays bilingue est évidemment une ville très bilingue), je me suis acheté un nouvel ordinateur. Quelques jours après avoir passé ma commande, j'ai eu la bonne idée de vérifier si le vendeur avait prévu un clavier bilingue - je n'avais pas pensé à préciser ce besoin sur le moment, mais avec mon accent très perceptible j'étais certaine que le jeune homme l'avait deviné tout seul, quoique...

Eh bien non.

Line Gingras

27 novembre 2005

Retraité spirituel

Retraité spirituel; retraités spirituels; retraitant; retraitants.

  • Le troisième élément vise [...] la continuité de l'hébergement des retraités spirituels, dans la pure tradition trappiste. (Stéphane Baillargeon.)

Toujours à l'affût des petites bêtes qui se faufilent dans les meilleurs textes, j'ai l'impression, quelquefois, d'être un vieux moine ayant conservé intacte sa faculté d'émerveillement.

Mais ne rions pas trop ni trop vite, car les dictionnaires aussi nous réservent des surprises, de temps à autre.

Les ouvrages de difficultés n'ont rien de très particulier à dire sur le mot retraité. D'après les dictionnaires généraux que j'ai pu consulter, le retraité, comme chacun sait, est une "personne ayant cessé toute activité professionnelle et qui reçoit une pension de retraite" (Trésor de la langue française informatisé).

Le Trésor relève cependant une autre acception : "Qui a pris ses distances par rapport au monde." Dans ce sens, l'adjectif est synonyme de retiré :

  • Le poète a fini sa tâche [...] C'est un coeur, un esprit, une âme retraités [...] (Verlaine.)

Cet emploi, qui ne figure ni dans le Petit Robert ni dans le Lexis, peut-il s'étendre à une personne qui fait une retraite? Je ne pense pas. Une retraite, d'après le Trésor, c'est une "période passée à l'écart de la vie mondaine dans le but de méditation et de récollection, notamment pour se préparer à un grand acte de la vie chrétienne". La situation est donc temporaire, l'intéressé ayant l'intention de rentrer dans le monde.

Il existe pourtant un nom, peu connu il est vrai mais consigné dans les dictionnaires (Petit Robert, Lexis, Trésor), pour désigner avec précision cette personne qui cherche à se retrouver, à se régénérer spirituellement : retraitant. C'est d'ailleurs celui-ci qu'utilisent les moines d'Oka, ceux-là mêmes dont il est question dans l'article de monsieur Baillargeon, en parlant de leurs hôtes :

  • Le monastère doit être, pour tous, une zone où s'entend le silence! C'est un défi à relever par tous, moines et retraitants. (Site Web de l'abbaye d'Oka.)

Line Gingras

"Un projet pour Oka" : http://www.ledevoir.com/2005/11/22/95795.html

1 décembre 2005

Il est dans la montagne...

Il est dans la montagne un coin secret des bois
Que dore le soleil au berceau du feuillage
Où la lumière enfant depuis l’aube de l’âge
Danse et joue dans le vert que du sol elle boit

Oh! le calme des jours et des nuits dans la voix
Des grands érables forts et des libres nuages
Je demeure en ce lieu où n’est plus de mirage
Ici l’on vit et meurt en une seule fois

Et je grandis dans l’air, lors qu’en cette heure immense
Ciel et terre embrassés regardent gravement
Je suis le sapin bleu qui neige sur décembre

Et qui va où il veut, en marchant sur les vents
À l’intérieur de l’âme en sa toute-puissance
Où les êtres du monde ont la vision de l’ambre

Choubine

5 décembre 2005

Se précipiter à + infinitif

Se précipiter à + infinitif; se précipiter pour + infinitif; se précipiter de + infinitif; choix de la préposition après se précipiter; construction du verbe se précipiter.

  • [...] les 12 années au cours desquelles les libéraux auraient pu faire ce qu'ils se précipitent à annoncer à la veille de leur chute. (Manon Cornellier.)

Les grammaires et les ouvrages de difficultés ne contiennent pas grand-chose sur la construction du verbe se précipiter. Je trouve dans les dictionnaires quelques exemples avec la préposition à, mais devant un nom :

Se précipiter au cou de quelqu'un. (Petit Robert.)

Elle s'est précipitée à son rendez-vous : enfin, elle pouvait retrouver son copain. (Multidictionnaire.)

Autrefois, se précipiter pouvait être suivi de la préposition de introduisant l'infinitif :

Vous vous êtes précipitée [...] d'aller à Grignan sans votre mari. (Madame de Sévigné.)

Aujourd'hui, il s'emploie plutôt avec la préposition pour :

[...] il s'était précipité pour chercher du secours. (Cocteau.)

Line Gingras

"Revue de presse - La fébrilité des uns, l'angoisse des autres" : http://www.ledevoir.com/2005/11/26/96236.html
On trouve de tout à Venise - et mon amie Marlene y sera demain... : http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4492206.stm

7 décembre 2005

Survivre une réalité

Survivre quelque chose; survivre à quelque chose; survivre quelqu'un; survivre à quelqu'un; verbe transitif direct; verbe transitif indirect; calque de construction.

  • [...] un test pour déterminer si l'intelligence fondée sur des principes peut survivre la réalité lilliputienne de la politique canadienne [...] (Robert Sibley, cité par Manon Cornellier.)

Dans la langue classique, survivre pouvait être transitif direct :

Le roi ne survécut guère le prince son fils. (Madame de La Fayette.)
Et j'aurai trop longtemps survécu son amour. (Rotrou.)

Aujourd'hui, cependant, cette construction n'est plus admise. Le verbe peut être intransitif, c'est-à-dire s'employer sans complément d'objet :

Le blessé a survécu quelques heures. ("Quelques heures" est complément circonstanciel de temps.)

Il peut aussi être transitif indirect, autrement dit se construire avec un complément d'objet indirect, introduit par la préposition à :

C'est une tristesse que de survivre à ceux que l'on a aimés. (Lexis.)
Le hasard m'avait ici relié à ceux qui devaient survivre à la guerre et à la révolution. (Giraudoux.)
Survivre à la honte, à l'humiliation. (Petit Robert.)
Il y a de grands hommes qui survivent à leur génie. (R. Rolland.)
[...] le christianisme survivait, plus fort que jamais, à l'entreprise philosophique. (Madelin.)
Ils se sont survécu dans leur oeuvre. (Petit Robert.)

J'ai l'impression que cette construction indirecte est solidement implantée, et que madame Cornellier l'aurait sans doute utilisée si elle ne s'était pas laissé influencer par le texte qu'elle traduisait; son confrère anglophone avait écrit, en effet :

  • [...] a test of whether principled intelligence can survive the Lilliputian reality of Canadian politics [...] (Robert Sibley.)

Le verbe anglais to survive est transitif direct; mais ce n'est plus le cas de son équivalent français.

Line Gingras

"Revue de presse - Un peu de tout" : http://www.ledevoir.com/2005/12/06/97034.html
"Can this man save politics?" : http://www.canada.com/ottawacitizen/news/citizensweekly/story.html?id=baeac30d-5b08-4c4e-84d5-bcc1d4068263

5 avril 2006

Énumération et parallélisme

Énumération et parallélisme; présentation des éléments d'une énumération; grammaire française; syntaxe du français.

  • Les griefs qu'il nourrit à son endroit sont multiples : incompétence, manque d'expérience politique, trop proche des Iraniens, etc. (Serge Truffaut.)

On doit veiller, dans la mesure du possible, à ce que les éléments d'une énumération soient mis sur le même plan. Ainsi, dans la phrase ci-dessus, la liste des griefs se présente d'abord sous forme de substantifs; il aurait fallu continuer de cette façon, à moins d'avoir recours à trois adjectifs :

Les griefs qu'il nourrit à son endroit sont multiples : incompétent, peu expérimenté en politique, trop proche des Iraniens, etc.

Les griefs qu'il nourrit à son endroit sont multiples : incompétence, manque d'expérience politique, trop d'affinités avec les Iraniens, etc.

Line Gingras

«Dehors Jaafari!» : http://www.ledevoir.com/2006/04/04/105997.html

16 juin 2006

Agir contre les facteurs de la santé?

Facteur.

  • Enfin, la promotion de la santé, la prévention des maladies et une action vigoureuse contre les facteurs déterminants de la santé : combattre la pauvreté est le moyen le plus efficace que l'État québécois peut mettre en oeuvre pour améliorer le bilan de santé de la population. (Michel Venne.)

Dans la langue courante, facteur désigne un «visiteur habituel aux chevilles par trop appétissantes» (Petit Cerbère) - ou bien, si vous aimez mieux, «chacun des éléments contribuant à un résultat» (Petit Robert). Et déterminant veut dire «essentiel, décisif, prépondérant».

Sachant cela, peut-on songer à mener une action vigoureuse contre les facteurs déterminants de la santé?

Une action vigoureuse, je veux bien; mais pas contre n'importe quels facteurs.

Line Gingras

«L'après Chaoulli» : http://www.ledevoir.com/2006/06/12/111390.html?338

17 juin 2006

Aux trois-quarts morte

Trois quarts ou trois-quarts; orthographe.

  • Pour les trois-quarts des universités au moins, l'année 2005-2006 s'est terminée sous la barre de l'équilibre. (Marie-Andrée Chouinard.)

Un trois-quarts, c'est un instrument de torture auditive, un «vêtement trois quarts» ou un joueur de rugby (pour les précisions, je vous conseille le Petit Robert).

Un verre aux trois quarts vide n'est pas aux trois quarts plein, ce dont les trois quarts des buveurs se trouvent un rien chagrins, les trois quarts du temps.

Line Gingras

«Déficit prévu dans toutes les universités québécoises» : http://www.ledevoir.com/2006/06/16/111759.html

17 juin 2006

Au mur Dell a honte

À la page d'accueil du Devoir, de temps à autre, une annonce très voyante de la compagnie Dell :

  • Ça n'en prent qu'un petit peu... pour avoir tout ça.

(Il y a vingt bonnes minutes qu'elle est passée; l'ai-je rêvée?)

Et dans Cyberpresse, ce titre d'une dépêche :

  • Justin Trudeau invite les libéraux à se renouveller

http://www.cyberpresse.ca/article/20060616/CPACTUALITES/60616224/5032/CPACTUALITES

21 avril 2006

Des rapports dévastateurs

Dévastateur; rapport dévastateur; devastating; anglicisme; usage.

  • Une politique de respect des droits humains, estime le RRSE [Regroupement pour la responsabilité sociale et l'équité], serait d'autant plus opportune que Bombardier est en phase d'expansion en Chine, un pays contre lequel les rapports dévastateurs s'accumulent sous cet aspect. (Louis-Gilles Francoeur.)

Dévastateur, d'après le Trésor de la langue française informatisé, se dit au sens propre soit d'un animé, d'une force humaine ou naturelle qui détruit ou endommage gravement un lieu, ses richesses, sa population, soit d'une force inanimée qui, s'attaquant à l'homme, apporte la maladie, la mort :

Cyclone, ouragan, torrent, volcan dévastateur.

Le phylloxéra, la bête dévastatrice pullulait. (Pesquidoux, dans le Trésor.)

Guerre, lutte, révolution dévastatrice.

Rien ne permet de savoir [...] si telle ou telle épidémie ne se transformera pas en une dévastatrice pandémie quasi mondiale. (Schwartz, dans le Trésor.)

Au figuré, toujours selon le Trésor, il qualifie une passion, un sentiment violent, un mal intérieur «qui apporte le désordre, la destruction à l'intérieur de l'être» :

On peut prendre les passions comme des forces dévastatrices, en soi-même et chez les autres. (Alain, dans le Trésor.)

Je croyais ne pouvoir aimer que d'une manière sauvage, dévastatrice, à la Byron. (Gide, dans le Petit Robert.)

Nous sommes loin des rapports accablants dont le journaliste a voulu faire état; c'est que dévastateur n'a pas toutes les acceptions de l'anglais devastating. J'ai trouvé divers équivalents de ce dernier dans le Guide anglais-français de la traduction, de René Meertens, et dans le Robert & Collins Super Senior.

Line Gingras

«Les religieuses investisseuses s'attaquent à Alcan et à Bombardier» : http://www.ledevoir.com/2006/04/05/106086.html

21 juin 2006

Rupture d'anévrisme dû à...

, adjectif; accord de l'adjectif .

  • ... j'ai bien peur que vous vous exposiez vous-mêmes à des ennuis de santé liés à un état d'ahurissement permanent (rupture d'anévrisme dû_ à l'emballement de la pompe [...]). (Jean Dion.)

Rupture d'anévrisme au cerveau... C'est une catastrophe, au sens fort de «malheur effroyable et brusque» (Petit Robert). Je le sais bien, j'ai des amis qui l'ont vécue.

Et si j'en juge d'après l'expérience de mes amis, à quoi je viens d'ajouter de brèves recherches sur la question, l'anévrisme n'est pas causé par une surchauffe émotive; la rupture de l'anévrisme peut l'être, dans certains cas.

Par conséquent, se rapporte à rupture, et non pas à anévrisme; et comme c'est un adjectif variable, il prend la marque du féminin :

... rupture d'anévrisme due à...

Line Gingras

«La coupe du monde vous parle - Une chance qu'il pleuvait» : http://www.ledevoir.com/2006/06/20/111995.html

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