Outre de l'agresser...
Outre de; grammaire française; syntaxe du français.
- Car [...] pouvait-on, dans un tel cas, imaginer pire?
Oui, vient de rétorquer la juge Lise Côté, de la Cour d'appel : outre de l'agresser [sexuellement], le père aurait pu «bâillonner, menacer, frapper l'enfant». (Josée Boileau.)
On trouve aisément, dans les dictionnaires généraux et les ouvrages de difficultés, des exemples d'emploi de la préposition outre avec un nom ou un pronom :
Outre leurs photographies, les deux jeunes gens avaient échangé leurs confidences. (Romains, dans le Petit Robert.)
Outre leurs enfants et une cousine, ils logent une amie de la famille. (Lexis.)
Outre son salaire, il a un pourcentage sur les bénéfices. (Girodet.)
La vérité scientifique veut qu'on avoue son ignorance et qu'on conclue qu'il y a, outre ce qu'on sait, d'autres conditions qui nous échappent... (Cl. Bernard, dans le Trésor de la langue française informatisé.)
On rencontre aussi la locution prépositive en outre de - «inutile et critiquée, mais bien installée dans le meilleur usage», selon Hanse et Blampain. Le Petit Robert la consigne d'ailleurs sans réserves :
En outre de la modique pension qu'il touchait, il continuait de récolter quelques petites sommes. (R. Rolland.)
Aucun des douze ouvrages que j'ai consultés, cependant, ne reçoit la locution outre de. Dans la phrase à l'étude, j'emploierais simplement outre : ... outre l'agresser, le père aurait pu...
À vrai dire je n'ai pas vu d'exemple de cette préposition introduisant un infinitif, mais cette construction ne me choque pas. On pourrait sans doute la remplacer par la locution conjonctive outre que suivie d'un verbe conjugué : ... outre qu'il l'a agressée, le père aurait pu «bâillonner, menacer, frapper l'enfant». J'avoue ma préférence pour la formulation précédente, plus légère.
Line Gingras
«Justice désincarnée» : http://www.ledevoir.com/2006/06/03/110798.html