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Choux de Siam
30 novembre 2011

Ecchymose royal

Un ecchymose, une ecchymose; ecchymose, masculin ou féminin; genre du nom ecchymose.

  • Mais l'ecchymose royal a suscité un grand intérêt dans la presse espagnole [...]
    (AFP dans LaPresse.ca, 24 novembre 2011, 13 h 45.)

Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé donnent ecchymose uniquement comme nom féminin :

Une blessure de forme étrange, cernée d'une ecchymose bleue. (Bernanos, dans le Lexis.)

Mais l'ecchymose royale a suscité un grand intérêt dans la presse espagnole [...]

Line Gingras
Québec

« Lunettes de soleil pour l'œil au beurre noir du roi d'Espagne » : http://www.cyberpresse.ca/actualites/insolite/201111/24/01-4471239-lunettes-de-soleil-pour-loeil-au-beurre-noir-du-roi-despagne.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B2_insolite_266_accueil_POS2

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24 novembre 2011

Avec forces débats

Forces débats, force débats; forces ou force, adverbe; orthographe.

  • J'ai présenté ce salon pendant une vingtaine d'années depuis la Place d'animation, avec forces débats et musiques du monde.
    (Lio Kiefer, dans Le Devoir du 22 octobre 2011.)

Employé au sens de beaucoup de, force est un adverbe (un adjectif indéfini, selon le Trésor de la langue française informatisé) et ne prend jamais de s :

Après force recommandations. (Multidictionnaire.)

J'ai dévoré force moutons. (La Fontaine, dans le Hanse-Blampain.)

[Une île] pleine de beaux et grands arbres, et force vignes. (J. Cartier, dans le Petit Robert.)

Les repas impériaux comportaient force poulardes, rôtis de chevreuil et pâtés d'anguilles. (Yourcenar, dans le Lexis.)

Pèlerinage de sainte Anne; force boutiques autour. (Michelet, dans le Trésor.)

[Il] se vanta d'avoir, après force démarches, fini par découvrir un certain Langlois. (Flaubert, dans le Trésor.)

Il fallait écrire :

J'ai présenté ce salon pendant une vingtaine d'années depuis la Place d'animation, avec force débats et musiques du monde.

Line Gingras
Québec

« Long-courrier – 22 octobre 2011 » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/voyage/334212/long-courrier-22-octobre-2011

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23 novembre 2011

Faut pas qu'il court

Falloir que + indicatif ou subjonctif; il faut qu'il court, il faut qu'il coure; grammaire française.

  • « Ça, un caniche royal, faut pas que ça court après avoir mangé [...] »
    (Marie-Claude Lortie, dans La Presse du 20 novembre 2011.)

Employé avec la conjonction que, le verbe falloir appelle le subjonctif, et non pas l'indicatif :

Faut encore que je choisisse la marchandise, répondit aigrement la cordonnière. (France, dans le Petit Robert.)

Or, le verbe courir fait il court au présent de l'indicatif, mais qu'il coure au présent du subjonctif :

« Ça, un caniche royal, faut pas que ça coure après avoir mangé [...] »

Voir le Bescherelle ou le Multidictionnaire.

Line Gingras
Québec

« Un chiot, ce n'est pas un cadeau » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/marie-claude-lortie/201111/20/01-4469747-un-chiot-ce-nest-pas-un-cadeau.php

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17 novembre 2011

Il s'est fait reproché ses critiques

Se faire + infinitif ou participe passé; grammaire française; orthographe.

  • Très populaire au Canada anglais, M. Cherry s'est souvent fait reproché ses critiques envers les joueurs francophones de la Ligue nationale de hockey.
    (PC dans le site du Devoir, le 5 novembre 2011 à 14 h 52.)

Le verbe reprocher n'exprime pas ici un état (M. Cherry ne peut pas être reproché), mais une action : on a souvent reproché à M. Cherry ses critiques envers les joueurs francophones. Grammaticalement, il serait correct de dire :

M. Cherry s'est souvent fait reprendre pour ses critiques envers les joueurs francophones.

Il fallait donc écrire :

Très populaire au Canada anglais, M. Cherry s'est souvent fait reprocher ses critiques envers les joueurs francophones de la Ligue nationale de hockey.

Line Gingras
Québec

« Don Cherry refuse son doctorat honorifique à cause de la controverse » : http://www.ledevoir.com/sports/actualites-sportives/335426/don-cherry-refuse-son-doctorat-honoris-causa-a-cause-de-la-controverse

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16 novembre 2011

L'unilinguisme de qui, de quoi?

Antécédent du pronom relatif; grammaire française; syntaxe du français.

  • Malgré cela, la langue de travail en interne y est toujours demeurée le français. C'est d'ailleurs l'engagement qu'avait pris l'anglophone Michael Sabia en étant nommé à sa direction.... jusqu'à ce qu'il autorise l'embauche de deux vice-présidents anglophones au sein de la filiale immobilière Ivanhoé Cambrige, dont l'unilinguisme contraint un certain nombre d'employés à devoir communiquer et travailler en anglais.
    (Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 16 novembre 2011.)

Prendre un engagement est une action ponctuelle, qui ne peut donc pas durer jusqu'à ce qu'il se passe quelque chose qui y mette fin.

Si une situation contraint des employés à faire quelque chose, il va de soi qu'ils doivent le faire.

Le pronom relatif doit renvoyer sans équivoque à son antécédent. Ce n'est pas le cas dans l'exemple ci-dessus : la construction de la phrase laisse entendre que la filiale immobilière Ivanhoé Cambridge fonctionne uniquement en anglais, alors que le contexte nous apprend que c'est un certain nombre d'employés qui doivent travailler en anglais, à cause de l'unilinguisme de deux vice-présidents anglophones. Il fallait rapprocher dont et son véritable antécédent :

Malgré cela, la langue de travail en interne y est toujours demeurée le français. C'est d'ailleurs l'engagement qu'avait pris l'anglophone Michael Sabia en étant nommé à sa direction, et qu'il avait tenu jusqu'à ce qu'il autorise l'embauche, au sein de la filiale immobilière Ivanhoé Cambridge, de deux vice-présidents anglophones dont l'unilinguisme contraint un certain nombre d'employés à devoir communiquer et à travailler en anglais.

Line Gingras
Québec

« Langue française – Le glissement » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/336141/langue-francaise-le-glissement

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2 novembre 2011

Ce serait à la fois faire preuve...

  • Ce serait à la fois faire preuve de réalisme et d'audace que de prendre une telle initiative.
    (Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 29 octobre 2011.)

La locution à la fois s'applique à au moins deux éléments que l'on associe. On pouvait écrire :

Ce serait à la fois faire preuve de réalisme et montrer de l'audace que de prendre une telle initiative.

Ce serait faire preuve à la fois de réalisme et d'audace que de prendre une telle initiative.

Ce serait faire preuve de réalisme et d'audace à la fois que de prendre une telle initiative.

Line Gingras
Québec

« Pauline Marois – Rien de réglé » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/334760/pauline-marois-rien-de-regle

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1 novembre 2011

Il y a peu de chances que je le vois

  • Il a promis de construire un nouveau pont Champlain qui pourrait être terminé dans 10 ans et pour lequel vous devrez payer. Je dis vous parce qu'il y a peu de chances que moi, je le vois à l'inauguration.
    (Lise Payette, dans Le Devoir du 28 octobre 2011.)

Quelles que soient les chances de madame Payette, les tours du genre il y a des chances (pour) que appellent le subjonctif. On ne dirait pas : Il y a beaucoup de chances que je viens [ou viendrai] à l'inauguration, mais plutôt : Il y a beaucoup de chances que je vienne à l'inauguration. Il fallait donc écrire :

Il a promis de construire un nouveau pont Champlain qui pourrait être terminé dans 10 ans et pour lequel vous devrez payer. Je dis vous parce qu'il y a peu de chances que moi, je le voie à l'inauguration.

Line Gingras
Québec

« Le temps est à la tempête » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/334668/le-temps-est-a-la-tempete

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31 octobre 2011

Il lui a confié de recommander...

Confier de faire quelque chose, confier quelque chose, confier le soin de faire quelque chose; grammaire française; syntaxe du français.

  • Le gouvernement a confié au juge en chef de la Cour supérieure du Québec, François Rolland, de recommander le président de la commission.
    (Tommy Chouinard, dans La Presse du 19 octobre 2011.)

On peut confier quelque chose ou quelqu'un à une personne ou à un organisme, au sens de « remettre à ses soins » :

Confier une mission, un mandat à quelqu'un. (Petit Robert.)

En mon absence, je vous confie ma maison. (Multidictionnaire.)

Elle a confié l'enfant à sa grand-mère. (Hanse-Blampain.)

C'est à nous que la Providence a confié cette tâche. (Césaire, dans le Lexis.)

Confier la direction des opérations, la gestion de ses biens, une inspection, ses intérêts, une paroisse, un rôle à quelqu'un. (Trésor de la langue française informatisé.)

Défiez-vous; c'est plus difficile que vous ne pensez. Confiez-moi l'ordre et la marche de l'affaire. (Renan, dans le Trésor.)

D'après ce que je peux voir, le complément d'objet direct est toujours un nom (ou un pronom); les ouvrages consultés ne donnent pas la construction confier de + infinitif. On aurait pu écrire :

Le gouvernement a confié au juge en chef de la Cour supérieure du Québec, François Rolland, le soin de recommander le président de la commission.

Le gouvernement chargé le juge en chef de la Cour supérieure du Québec, François Rolland, de recommander le président de la commission.

Line Gingras
Québec

« Charest lance la commission Charbonneau sur la construction » : http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/politique-quebecoise/201110/19/01-4458812-charest-lance-la-commission-charbonneau-sur-la-construction.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B4_manchettes_231_accueil_POS1

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24 octobre 2011

Une mode de fonctionnement publique

  • Selon le décret adopté par le conseil des ministres, la commission utilisera deux modes de fonctionnement. L'une à huis clos « pour recueillir toute information pertinente ». Une autre, publique, « pour recevoir les témoignages d'experts [...] ».
    (Tommy Chouinard, dans La Presse du 19 octobre 2011.)

On ne parle pas ici de manières de vivre ou de se vêtir qui répondent au goût du jour, mais de formes particulières sous lesquelles « se présente un fait, s'accomplit une action », d'après la définition du Petit Robert :

La mémoire est-elle un mode de communication entre le moi actuel et le moi passé? (Marcel, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Il fallait que le chef de l'État fût, par le mode de son élection, sa qualité, ses attributions, en mesure de remplir une fonction d'arbitre national. (De Gaulle, dans le Trésor.)

J'écrirais :

Selon le décret adopté par le conseil des ministres, la commission utilisera deux modes de fonctionnement. L'un à huis clos, « pour recueillir toute information pertinente ». L'autre, public, « pour recevoir les témoignages d'experts [...] ».

L'autre plutôt que un autre, parce que la présence de l'un appelle à mon avis celle de l'autre.

Line Gingras
Québec

L'article a été modifié depuis que j'ai noté le passage à l'étude.

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22 octobre 2011

Baisser à

Baisser à; grammaire française; syntaxe du français.

  • Un rapport récent de l’Office québécois de la langue française nous prédit que d’ici 2031, le pourcentage de la population de l’île de Montréal qui parle majoritairement le français à la maison baissera à moins de 50 %.
    (Jack Jedwab, dans Le Devoir du 21 octobre 2011.)

Baisser (verbe intransitif dans le cas présent), c'est diminuer de hauteur, d'intensité, de force, de valeur. Ce verbe exprime la progression, et non l'aboutissement; pour indiquer un changement numérique, il ne saurait donc s'utiliser avec la préposition à*. Celle-ci marque, dans la phrase à l'étude, le terme du mouvement, le point qui sera atteint en 2031 ou avant.

Baisser s'emploie plutôt avec la préposition de :

La rivière a baissé d'un mètre. (Petit Robert.)

[...] les ténors du second chœur baissèrent de près d'un demi-ton. (Berlioz, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Monsieur Jedwab aurait pu choisir passer, ou encore un verbe à double fonction, c'est-à-dire qui exprime soit la progression, soit l'aboutissement : descendre, se réduire, tomber.

Je m'appuie sur une étude rédigée en 1986 par mon ancienne collègue Lucie Boisvenue (fiche Repères – T/R 064), sur l'emploi de la préposition à avec les verbes indiquant un changement numérique.

Line Gingras
Québec

* Sauf dans la combinaison de... à, qui marque le degré approximatif du changement. Exemple : Le pourcentage baissera de 50 à 55 %.

« Langue – Le français en déclin, vraiment? » : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/334086/langue-le-francais-en-declin-vraiment

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20 octobre 2011

Elle ne s'est pas laissée dévorer par le loup

Se laisser + infinitif, accord du participe passé; elle s'est laissée dévorer, elles se sont laissées dévorer, ils se sont laissés dévorer; elle s'est laissé dévorer, elles se sont laissé dévorer, ils se sont laissé dévorer; grammaire française; orthographe d'accord.

  • Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.
    (Françoise Laborde, dans Le Devoir du 15 octobre 2011.)

Gracile, c'est très joli, mais une fois suffit :

Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.

Tristane est une jeune femme gracile, sans doute ambitieuse, sans doute un peu inconsciente des codes parisiens, avec pour tout viatique ses yeux bleus couleur lac gelé et sa silhouette gracile d'adolescente grandie trop vite.

* * * * *

  • Tristane voulait être journaliste, écrivain, sortir des sentiers tracés pour elle par une mère introduite dans le milieu de la gauche parisienne, marquée aussi par l'absence d'un père parti après sa naissance. Mais peu importe l'histoire de Tristane.

À quoi se rapporte le participe marquée? Étant donné la construction de la phrase, on est d'abord tenté, un court instant, de le rattacher à une mère, cet élément étant déjà accompagné du participe introduite. Mais ce n'est évidemment pas ce que madame Laborde a voulu dire : c'est Tristane, la fille, qui a été marquée par l'absence d'un père parti après sa naissance. Je suggérerais :

Marquée par l'absence d'un père parti après sa naissance, Tristane voulait être journaliste, écrivain, sortir des sentiers tracés pour elle par une mère introduite dans le milieu de la gauche parisienne.

* * * * *

  • Vous n'avez pas fait comme la chèvre de Monsieur Seguin : vous ne vous êtes pas laissée dévorer par le loup.

Le participe passé du verbe se laisser doit rester invariable dans cette phrase, pour une double raison :

  1. Selon la grammaire traditionnelle, on respecte la règle suivante, énoncée dans le Multidictionnaire : « Le participe passé de la forme pronominale suivi d'un infinitif s'accorde avec le complément direct lorsque celui-ci fait l'action exprimée par l'infinitif. » Bien entendu, ce n'est pas Tristane Banon, représentée par le pronom vous, qui aurait fait l'action de dévorer.
  2. Selon les rectifications de l'orthographe, on n'a même pas à se poser de question : « Le participe passé laissé suivi d'un infinitif est invariable (avec l'auxiliaire avoir ou en emploi pronominal), comme c'était déjà le cas pour le participe passé de faire. » (Grand vadémécum de l'orthographe moderne recommandée.)

Peu importe la règle que l'on décide de suivre, il faut écrire :

Vous n'avez pas fait comme la chèvre de Monsieur Seguin : vous ne vous êtes pas laissé dévorer par le loup.

Line Gingras
Québec

« DSK – La triste affaire Tristane Banon » : http://www.ledevoir.com/societe/justice/333665/dsk-la-triste-affaire-tristane-banon

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19 octobre 2011

Une réaction malvenue par quiconque

Malvenu par; malvenu, adjectif ou participe passé; voix passive; complément d'agent; grammaire française; syntaxe du français.

  • Bien sûr, plusieurs souverainistes contesteront ce sondage sous prétexte qu'il a été commandé par un organisme prônant le fédéralisme, mais cette réaction est malvenue par quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats.
    (Denise Bombardier, dans Le Devoir du 15 octobre 2011.)

Le participe passé d'un verbe employé au passif peut être suivi d'un complément d'agent :

Cette proposition a été rejetée par la grande majorité des adhérents.

Malvenu n'est cependant pas un participe passé, mais un adjectif ou quelquefois un substantif. On le trouve dans des constructions comme les suivantes :

Elle serait malvenue de, à critiquer cette étude. (Multidictionnaire.)

Requête malvenue. (Petit Robert.)

Certes, le Trésor de la langue française informatisé mentionne le verbe malvenir, dans une remarque accompagnant l'article « malvenu » : 

Méthode excellente et d'une grande loyauté philosophique, mais qui me fit malvenir de ceux mêmes que je prétendais honorer [...] (Bloy.)

Il s'agit toutefois, précise-t-on, d'un verbe rare qui ne s'emploie qu'à l'infinitif, au sens de « être mal considéré », et qui est de surcroît intransitif – autrement dit, il n'admet pas de complément d'objet direct et ne peut donc s'employer à la voix passive, avec un complément d'agent.

Madame Bombardier aurait pu écrire :

[...] mais cette réaction est malvenue pour quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats.

[...] mais cette réaction est malvenue aux yeux de quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats.

[...] mais cette réaction sera jugée malvenue par quiconque observe la vie politique et ne peut être surpris des résultats. (Le complément d'agent se rattache au verbe juger.)

Line Gingras
Québec

« Sans étiquettes » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/333666/sans-etiquettes

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14 octobre 2011

Une belle bâtisse

La haute et la basse villes, la haute et la basse ville; carré, anglicisme au sens de placetout une expérience, toute une expérience.

  • Mention spéciale au Pinchuk Art Centre, en plein centre-ville, qui offre depuis 2008 des expositions d'art contemporain ukrainien et étranger dans une bâtisse dont la beauté culmine au SkyArt Cafe.
    (Mélissa Guillemette, dans Le Devoir du 8 octobre 2011.)

Une bâtisse, nous dit le Petit Robert, est un « bâtiment de grandes dimensions (parfois avec l'idée de laideur) ». Marie-Éva de Villers écrit : « Ce nom a un sens parfois négatif; on lui préférera les mots immeuble ou édifice. »

Étant donné la valeur architecturale du bâtiment, dont une photographie illustre l'article de madame Guillemette, je parlerais ici d'un édifice. On peut consulter ce rappel utile du Bureau de la traduction de l'administration fédérale.

* * * * *

  • Un autre site majeur est la descente Saint-André, le Montmartre de Kiev, qui relie la haute et la basse villes.

Je suis d'avis qu'il y a une seule ville de Kiev, comme il n'y a qu'une seule ville de Québec, même s'il existe une partie haute et une partie basse. Je ne vois pas ici une addition de villes, mais plutôt une ellipse :

[...] le Montmartre de Kiev, qui relie la haute [ville] et la basse ville.

Une recherche Google semble me donner raison. (Taper « la haute et la basse ville », puis « la haute et la basse villes », et comparer les résultats.)

* * * * *

  • À l'image de Kiev, finalement : profondément fière de sa culture slave, mais de plus en plus tourné vers le monde.

Le genre des noms de villes n'est pas fixé. Mais si l'on décide de considérer Kiev comme un nom féminin (c'est ce que fait mon édition du Petit Robert des noms propres), il faut s'y tenir :

[...] Kiev fut prise et détruite par les Mongols [...]

Occupée par les Allemands (1941 – 1943), Kiev fut gravement endommagée.

À l'image de Kiev, finalement : profondément fière de sa culture slave, mais de plus en plus tournée vers le monde.

* * * * *

  • Vous verrez immanquablement le carré de l'Indépendance [...] point de repère des manifestants lors de la Révolution orange de 2004.

On dirait bien une traduction littérale de l'anglais Independence Square; en français, comme le confirme une recherche Google, on dit plutôt place de l'Indépendance. (Voir le Multidictionnaire, à l'article « carré ».)

* * * * *

  • Tout une expérience culturelle!

Tout est ici adjectif et variable, comme j'ai eu l'occasion de le signaler récemment :

Toute une expérience culturelle!

* * * * *

  • Les montagnes, les Carpates, sont une autre attraction majeure du pays. C'est là que se trouvent les maisons typiquement ukrainiennes et la nourriture la plus traditionnelle, en plus des montagnes.

Les montagnes se trouvent dans les montagnes. C'est bon à savoir.

Line Gingras
Québec

« Kiev en kaléidoscope » : http://www.ledevoir.com/art-de-vivre/voyage/333198/kiev-en-kaleidoscope

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12 octobre 2011

Tout une pente à remonter

  • [...] la dizaine de journalistes présents, invités précieux pour un pays qui a tout une pente à remonter.
    (Alexandre Shields, dans Le Devoir du 1er octobre 2011.)

Comme l'indiquent les exemples suivants, tirés du Petit Robert, tout est ici adjectif, et non adverbe; il doit donc s'accorder :

C'est toute une affaire, toute une histoire.
C'était toute une science.
(Hugo.)

[...] la dizaine de journalistes présents, invités précieux pour un pays qui a toute une pente à remonter.

Line Gingras
Québec

« L'industrie touristique en Égypte – La longue traversée du désert » : http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/332695/l-industrie-touristique-en-egypte-la-longue-traversee-du-desert

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7 octobre 2011

Milles ampoules

Mille ou milles, adjectif numéral; grammaire française; orthographe.

  • Est-ce le décor de marquise de cinéma aux milles ampoules?
    (Sylvain Cormier, dans Le Devoir du 23 septembre 2011.)
    

Qu'il y ait mille ou dix mille ampoules, cela ne change rien au fait que mille, adjectif numéral, est invariable :

Est-ce le décor de marquise de cinéma aux mille ampoules?

(Cela dit, je veux bien croire que dix mille milles à pied, cela donne des ampoules, à madame la marquise tout spécialement.)

Line Gingras
Québec

« Karkwa et Arcade Fire à la place des Festivals – L'ombre et la lumière » : http://www.ledevoir.com/culture/musique/332037/karkwa-et-arcade-fire-a-la-place-des-festivals-l-ombre-et-la-lumiere

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5 octobre 2011

Des recrues, quel genre de recrues?

  • De plus, selon Gregory Charles, les 50 recrues devront prouver dans les prochaines semaines qu'ils veulent vraiment, vraiment, mais vraiment s'enrôler à l'école staracadémicienne dirigée par René Angélil.
    (Hugo Dumas, dans La Presse du 20 septembre 2011.)

Recrue est un nom féminin :

[...] ces recrues toutes fraîches qui savaient à peine manier le mousquet. (Hugo, dans le Petit Robert.)

Ces jeunes recrues furent aussi courageuses que les vieux soldats. (Girodet.)

Nous avons de nouvelles recrues très intéressantes. (Multidictionnaire.)

De plus, selon Gregory Charles, les 50 recrues devront prouver dans les prochaines semaines qu'elles veulent vraiment...

De plus, selon Gregory Charles, les 50 jeunes chanteurs devront prouver dans les prochaines semaines qu'ils veulent vraiment...

Line Gingras
Québec

« Star Académie 5 : c'est parti mon kiki » : http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/hugo-dumas/201109/20/01-4449399-star-academie-5-cest-parti-mon-kiki.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B13b_hugo-dumas_3262_section_POS1

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3 octobre 2011

Le Québec et les autres pays

  • La démocratie, je crois, est en déliquescence au Québec comme dans beaucoup d'autres pays.
    (Louise Beaudoin, députée de Rosemont, dans Le Devoir du 19 septembre 2011.)

Si l'on veut faire du Québec un pays, il faut d'abord se rendre compte qu'il n'en est pas un :

La démocratie, je crois, est en déliquescence au Québec comme dans beaucoup de pays.

Line Gingras
Québec

« Politique québécoise – Pour briser la morosité, rebâtir la confiance » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/331679/politique-quebecoise-pour-briser-la-morosite-rebatir-la-confiance

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30 septembre 2011

Vite!

  • Dans les minutes qui ont suivi l'attaque, la marque Boris a rapidement retiré de la Toile sa formule littéraire et litigieuse, la remplaçant par un autre message, « Tempête dans un verre de Boris » [...]
    (Fabien Deglise, dans Le Devoir du 17 septembre 2011.)

Dans les minutes qui ont suivi l'attaque, cela me semble très rapide :

Dans les minutes qui ont suivi l'attaque, la marque Boris a rapidement retiré de la Toile sa formule littéraire et litigieuse, la remplaçant par un autre message, « Tempête dans un verre de Boris » [...]

J'éviterais de ralentir l'action par l'ajout inutile d'un adverbe en -ment.

Line Gingras
Québec

« De la posture morale à la dérive grotesque » : http://www.ledevoir.com/societe/consommation/331586/de-la-posture-morale-a-la-derive-grotesque

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27 septembre 2011

Virgule et pronom relatif

  • Existe au sein du ministère des Transports un système de collusion « d'une ampleur insoupçonnée » pour l'attribution des contrats de travaux publics. Un constat, qui même venant d'une personnalité aussi crédible, n'émeut d'aucune façon le gouvernement Charest qui persiste dans un refus injustifiable de mettre sur pied une commission d'enquête.
    (Bernard Descôteaux, dans Le Devoir du 16 septembre 2011.)

Le message central de la deuxième phrase, c'est : Un constat qui n'émeut d'aucune façon le gouvernement Charest. Il faut donc placer la première virgule non pas devant le pronom relatif, mais juste après, pour isoler l'élément accessoire que constitue même venant d'une personnalité aussi crédible.

Par contre, la seconde proposition relative, qui persiste dans un refus injustifiable de mettre sur pied une commission d'enquête, doit être précédée de la virgule, parce qu'elle ne sert pas à déterminer de quel gouvernement Charest il s'agit : il n'y a évidemment qu'un seul gouvernement Charest. Nous n'avons pas affaire à une relative déterminative, mais explicative.

On aurait pu écrire :

Un constat qui, même venant d'une personnalité aussi crédible, n'émeut d'aucune façon le gouvernement Charest, qui persiste dans un refus injustifiable de mettre sur pied une commission d'enquête.

Ce constat, même venant d'une personnalité aussi crédible, n'émeut d'aucune façon le gouvernement Charest, qui persiste dans un refus injustifiable de mettre sur pied une commission d'enquête.

Line Gingras
Québec

« Collusion dans la construction – La peur des libéraux » : http://www.ledevoir.com/politique/quebec/331499/collusion-dans-la-construction-la-peur-des-liberaux

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24 septembre 2011

Reconnaître à la fois l'excellence ou apporter...

  • Il ne fait pas de doute que chaque enseignant peut d'abord s'autoévaluer par rapport à la qualité de la mise en œuvre de chacune de ses responsabilités et en rendre compte honnêtement auprès de son supérieur. Il appartient ensuite à ce dernier de lui assurer une rétroaction tout aussi honnête, en reconnaissant à la fois l'excellence des uns ou en apportant le soutien nécessaire à celui dont le dossier apparaît plus faible et en redressant, le cas échéant, ce qui doit l'être.
    (Jean-Pierre Proulx, dans Le Devoir du 14 septembre 2011.)

Le pluriel des uns s'accorde mal avec le singulier chaque enseignant.

Dans un autre ordre d'idées, en plaçant la locution adverbiale à la fois entre le verbe reconnaître et son complément d'objet direct, l'excellence, on annonce que le supérieur reconnaît au moins deux choses; mais ce n'est pas le cas, puisque en reconnaissant n'a qu'un seul complément d'objet direct.

On aurait pu écrire, à mon avis :

Il ne fait pas de doute que chaque enseignant peut d'abord s'autoévaluer par rapport à la qualité de la mise en œuvre de chacune de ses responsabilités et en rendre compte honnêtement auprès de son supérieur. Il appartient ensuite à ce dernier d'assurer une rétroaction tout aussi honnête, en reconnaissant à la fois l'excellence de l'un tout en apportant le soutien nécessaire à celui dont le dossier apparaît plus faible et en redressant, le cas échéant, ce qui doit l'être.

Line Gingras
Québec

« Évaluation des enseignants – Pour sortir du cul-de-sac créé par François Legault » : http://www.ledevoir.com/societe/education/331338/evaluation-des-enseignants-pour-sortir-du-cul-de-sac-cree-par-francois-legault?utm_source=infolettre-2011-09-14&utm_medium=email&utm_campaign=infolettre-quotidienne

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