Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Choux de Siam
9 septembre 2007

Être sous l'impression que

Être sous l'impression que; être sous l'impression de; sous l'impression que; sous l'impression de; avoir l'impression que; avoir l'impression de; to be under the impression that; anglicisme; calque de l'anglais.

  • Louise Beaudoin était sous l’impression que le premier ministre Lévesque y amenait* une tonne de dossiers. Son amie Francine a corrigé. Celui-ci arrivait souvent les mains dans les poches. (Michel Corbeil, dans Le Soleil.)

D'après le Multidictionnaire, le Chouinard, le Colpron et le Dagenais, la locution être sous l'impression, employée au sens de «croire», «s'imaginer», est calquée sur l'anglais to be under the impression. On dit plutôt j'ai l'impression que ou j'ai l'impression de + infinitif :

Plus tard, j'ai eu l'impression que cette nuit avait pesé lourd dans ma destinée. (Aragon, dans le Lexis.)

J'ai l'impression d'avoir le cœur sec. (Pialat, dans le Petit Robert.)

J'ai l'impression qu'il dit la vérité, de l'avoir déjà rencontré. (Multidictionnaire.)

Le Trésor de la langue française informatisé consigne sous l'impression de, suivie d'un nom ou, rarement, d'un infinitif; cette tournure rend cependant l'idée de «sous l'effet, l'empire, l'influence de quelque chose» :

Mon esprit était alerte comme si j'avais été sous l'impression du haschisch. (Tharaud.)

Le faubourg Saint-Germain restait encore sous l'impression d'avoir appris qu'à la réception pour le roi et la reine d'Angleterre, la duchesse n'avait pas craint de convier M. Detaille. (Proust.) [Le faubourg Saint-Germain a été frappé par la nouvelle.]

Bien entendu, dans le cas qui nous occupe, ce n'est pas ce qu'on a voulu dire :

Louise Beaudoin avait l'impression que le premier ministre Lévesque...

Line Gingras
Québec

* À mon avis, c'est plutôt apportait qu'on devrait lire ici. Mais nous reviendrons là-dessus.

«Dans l'antre de René Lévesque» : http://www.cyberpresse.ca/article/20070907/CPSOLEIL/70906262/1019/CPACTUALITES

8 septembre 2007

Jeune fille

Jeune fille; impropriété; décrit, décrite; accord du participe passé employé avec avoir; grammaire française; orthographe.

  • Il y avait aussi peu de ressemblances entre la fillette qu'elle a décrit_ et la jeune fille disparue. (Presse Canadienne.)

Il s'agit de la petite Cédrika Provencher, qui - espérons-le - vient d'avoir dix ans. Ce n'est pas encore une jeune fille : d'après le Petit Robert, une jeune fille est une adolescente ou une femme jeune non mariée (j'ai consulté aussi le Multidictionnaire). Et l'adolescence ne débute qu'à l'âge de douze ans environ, chez les filles.

Dans un autre ordre d'idées, rappelons que le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe. Elle a décrit qui? la fillette :

Il y avait aussi peu de ressemblances entre la fillette qu'elle a décrite et celle qui a disparu.

Pas étonnant que l'on fasse de moins en moins l'accord dans la langue orale...

Line Gingras
Québec

«Cédrika : la police de Fredericton mise à contribution» : http://www.cyberpresse.ca/article/20070908/CPACTUALITES/70908021/1019/CPACTUALITES

7 septembre 2007

Les dépouilles ont été embarqués

Noyau du groupe sujet; accord du participe passé employé avec être; grammaire française; orthographe.

  • Les dépouilles de Mario Mercier et Christian Duchesne, deuxième et troisième soldats de Valcartier à mourir en Afghanistan depuis samedi, ont été embarqués à bord d'un appareil Hercule tôt vendredi matin, heure locale, pour être rapatriés au Canada. (Martin Ouellet, Presse Canadienne.)

Le groupe sujet est relativement long, mais son noyau, avec lequel doivent s'accorder les participes passés employés avec l'auxiliaire être, c'est dépouilles, féminin pluriel :

Les dépouilles [...] ont été embarquées [...] pour être rapatriées au Canada.

Line Gingras
Québec

«Les corps des soldats Mercier et Duchesne rapatriés au Canada» : http://www.cyberpresse.ca/article/20070823/CPACTUALITES/70823224/-1/CPACTUALITES

6 septembre 2007

Moulin à parole

Moulin à parole ou moulin à paroles; orthographe.

  • «Quelques centaines de milliers de spectateurs, à l'autre bout de la ligne, me regardent, sans doute fascinés par ce moulin à parole_ qui tourne à vide.» (Pierre Bourgault, cité par Jean-François Nadeau.)

Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, consultés à l'article «moulin», donnent seulement moulin à paroles :

Une espèce de petit moulin à paroles, jacassant au vent qui filait sur l'eau. Elle bavardait sans fin avec le léger bruit continu de ces mécaniques ailées qui tournent dans la brise. (Maupassant, dans le Trésor de la langue française informatisé.)

Line Gingras
Québec

«Pierre Bourgault : homme de théâtre médiatique» : http://www.ledevoir.com/2007/09/06/155689.html

5 septembre 2007

Affubler - Prénoms bizarres qu'on affuble aux enfants

Affubler quelque chose à quelqu'un; affubler quelqu'un de quelque chose; construction du verbe affubler; grammaire française; syntaxe du français.

  • Le pays de Hugo Chavez, rocambolesque président du Vénézuela, connaît un drôle de problème : la prolifération de prénoms bizarres qu’on affuble aux enfants. (Patrick Lagacé.)

On affuble quelqu'un de quelque chose (on est affublé, on s'affuble de quelque chose) :

Ces singes que l'on affuble d'une robe. (Jaloux, dans le Petit Robert.)

Anne voulait affubler sa petite sœur d'un chapeau à plumes. (Multidictionnaire.)

Elle était affublée d'une affreuse robe verte. (Lexis.)

Il ne savait pas s'habiller et s'affublait toujours de vêtements trop voyants. (Lexis.)

Affubler quelqu'un d'un nom d'emprunt, d'un sobriquet, d'épithètes ridicules. (Trésor de la langue française informatisé.)

Aucun des dictionnaires que j'ai sous la main ne reçoit la construction affubler quelque chose à quelqu'un. On aurait pu écrire :

... la prolifération de prénoms bizarres dont on affuble les enfants.

* * * * *

« Le projet de loi ne rallie pas tous les habitations de la République bolivarienne du Vénézuela, remarquez. Quelques députés rechignent. »

... tous les habitants...

Line Gingras
Québec

«De drôles de prénoms au Vénézuela» : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720342

4 septembre 2007

Mise en relief

Mise en relief; c'est, ce sont; accord du verbe être; noyau d'un syntagme; le noyau et ses compléments; grammaire française; syntaxe du français; orthographe d'accord.

  • Ces accommodements raisonnables, que la population associe maintenant à l'immigration et rejette en bloc, ce ne sont certainement pas l'aménagement de toilettes pour handicapés ou de rampes d'accès pour les fauteuils roulants. (Denise Bombardier.)

Le déterminant ou pronom démonstratif ce s'emploie avec le verbe être pour mettre en relief un élément de la phrase - dans ce cas-ci, l'aménagement de toilettes ou de rampes d'accès. Le substantif aménagement, même s'il avait trente-six compléments, ne resterait pas moins le noyau du syntagme, et commanderait à ce titre l'accord du verbe au singulier :

... ce n'est certainement pas l'aménagement de toilettes pour handicapés ou de rampes d'accès pour fauteuils roulants.

Cela dit, la phrase serait plus logique si au moins deux éléments étaient mis en relief, comme exemples d'accommodements :

Ces accommodements raisonnables, que la population associe maintenant à l'immigration et rejette en bloc, ce ne sont certainement pas l'aménagement de toilettes pour handicapés ou la construction de rampes d'accès pour fauteuils roulants.

Noter que le verbe être, dans ce cas, se mettrait de préférence au pluriel, mais que le singulier ne serait pas incorrect. (J'ai consulté à ce sujet le Hanse-Blampain, à l'article sur l'accord du verbe.)

Line Gingras
Québec

«Accommodements dans la confusion» : http://www.ledevoir.com/2007/09/01/155283.html

3 septembre 2007

Il s'est fait pasteurisé

S'est fait + infinitif ou participe passé; se faire + infinitif ou participe passé; grammaire française; orthographe.

  • «Bob s'est fait pasteurisé», a-t-elle lancé. (Bob Baddeley; extrait d'une anecdote amusante publiée dans l'édition canadienne de Sélection, septembre 2007, page 78.)

Le pronominal se faire doit être suivi non pas du participe passé, mais de l'infinitif :

Elle s'est fait prendre.
Va te faire cuire un œuf!
Ils se sont fait voir ensemble.

Bob s'est donc fait «pasteuriser».

Line Gingras
Québec

2 septembre 2007

D'ordre + adjectif

D'ordre + adjectif; problèmes d'ordre professionnels; mure; orthographe.

  • ... des problèmes d'ordre professionnels... (Stéphanie Bérubé, dans La Presse.)

Le syntagme d'ordre professionnel caractérise problèmes; néanmoins, l'adjectif professionnel se rapporte à ordre :

Il [Gide] a pris des problèmes d'ordre moral comme matière première, comme données centrales de l'œuvre d'art elle-même. (Du Bos, dans le Trésor de la langue française informatisé, à l'article «donnée».)

* * * * *

  • On voit alors des femmes mures très intéressées par la nourriture et très préoccupées par leur poids.

Le Petit Robert (2007) et le Multidictionnaire (2003) n'admettent que la graphie avec accent circonflexe : des femmes mûres.

Line Gingras
Québec

«Des femmes mûres dans le piège» : http://www.cyberpresse.ca/article/20070902/CPACTUEL/709020380/-1/CPACTUEL

1 septembre 2007

Bien à vous

Bien à vous; truly yours; yours truly; anglicisme; calque de l'anglais.

Monsieur Julien utilise souvent l'expression bien à vous, mais il a un doute : «Est-elle vraiment usitée?» me demande-t-il.

Selon le Multidictionnaire et le Colpron, la formule de salutation bien à vous serait le calque de truly yours ou yours truly.

Cette expression est toutefois admise dans Le français au bureau, de l'Office québécois de la langue française - même s'il faut la réserver «aux notes et aux courriels qui ont un caractère personnel».

Elle est également reçue dans le Trésor de la langue française informatisé. À l'article «bien», je trouve bien à vous comme «formule de politesse à la fin d'une lettre». À l'article «être», on donne les précisions suivantes : «La formule familière de conclusion épistolaire, je suis (bien) à vous, est généralement employée sans la copule [c'est-à-dire sans le verbe être].»

Il me semble donc que l'on peut se servir de l'expression bien à vous, dans certains contextes.

Line Gingras
Québec

28 août 2007

Une antidote ou un antidote?

Une antidote; un antidote; genre du nom antidote.

  • Selon lui [l'ancien maire de Québec, monsieur Jean-Paul L'Allier], le monde politique perd une femme qui était «une antidote très forte au cynisme politique». (Presse Canadienne.)

Peu importe que l'on parle d'une femme - en l'occurrence madame Andrée Boucher, mairesse de Québec, décédée subitement vendredi dernier -, antidote est un nom masculin :

Madame Boucher était un antidote puissant contre le cynisme... et contre l'ennui.

Line Gingras
Québec

«L'Allier rend hommage à son ex-adversaire» : http://www.cyberpresse.ca/article/20070825/CPACTUALITES/70825041/-1/CPACTUALITES

27 août 2007

Aire post-glaciaire

Aire glaciaire; aire ou ère; post-glaciaire ou postglaciaire; le préfixe post; homonymes; trait d'union; orthographe.

  • C'est une toute petite plante vivace, presque invisible aux yeux des néophytes. L'astragale de Robbins, variété de Fernald, est pourtant une vraie survivante. Rescapée de l'aire post-glaciaire aujourd'hui rarissime, on ne peut l'observer au Québec qu'à Blanc-Sablon. (Alexandre Shields.)

D'après le Petit Robert et le Multidictionnaire, l'aire est une surface, un territoire; monsieur Shields, sans doute, a voulu dire ère, au sens de «division la plus grande des temps géologiques». Or, toujours selon le Petit Robert, chaque ère géologique est subdivisée en périodes, époques et âges - et suivant ce que je vois aux articles «glaciaire» et «postglaciaire», il faudrait parler ici non pas d'ère, mais de période. Toutefois je ne suis pas spécialiste de ces questions...

Il convient de noter, par ailleurs, que postglaciaire est écrit sans trait d'union dans le Petit Robert; c'est également la graphie que recommande le Multidictionnaire : «Les mots composés du préfixe post- s'écrivent en un seul mot, à l'exception de l'adjectif post-traumatique et des expressions latines. Postsynchronisation, post-scriptum.»

Line Gingras
Québec

«Sauver l'astragale» : http://www.ledevoir.com/2007/08/27/154743.html

26 août 2007

Prendre en compte

Prendre en compte; pris en compte; prise en compte; to take into account.

  • À lire ces conversations entre un sociolinguiste et son disciple de la Nouvelle Revue française, on sera interpellé par l'optimisme qui défend le multilinguisme, sans prendre en compte la disparition que ces transformations sous-tendent. (Guylaine Massoutre.)

Une lectrice m'interroge sur l'expression prendre en compte, de plus en plus fréquente. Faut-il y voir l'influence de l'anglais? Devrait-on l'éviter? A-t-elle un sens différent de tenir compte (de)?

En 1985, j'ai rédigé une étude sur prendre en compte pour la série de fiches Repères - T/R, que produisait le Bureau de la traduction de l'administration fédérale. J'ai consulté alors quatre-vingt-treize ouvrages et n'ai trouvé cette locution, au sens de prendre en considération, que dans le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse; les dictionnaires Bordas la donnaient également, mais avec une autre acception. Prendre en compte était déjà adoptée par certains auteurs; elle me paraissait en voie de passer de la langue des affaires dans la langue courante - sans doute sous l'influence de l'anglais to take into account et en raison de sa ressemblance formelle avec les deux tours synonymes prendre en considération et tenir compte de. J'estimais prudent, néanmoins, de ne pas encore la considérer comme reçue dans le bon usage, vu son absence des dictionnaires de langue.

Qu'en est-il aujourd'hui? L'expression prendre en compte est admise sans réserves dans le Petit Robert (à l'article «compte»), dans le Trésor de la langue française informatisé (à l'article «prendre») et dans le Multidictionnaire. D'après ce que je peux voir, elle est utilisée dans le même sens que prendre en considération et tenir compte de :

Cet aspect du problème devra être pris en compte. (Petit Robert.)

Nous devons prendre en compte cette nouvelle réalité. (Multidictionnaire.)

Plus courte que prendre en considération, elle est en outre plus facile à manier que tenir compte de...

Line Gingras
Québec

«Littérature française - Cibles en mouvement» : http://www.ledevoir.com/2007/06/09/146762.html

25 août 2007

Retourner un appel

Retourner un appel; to return a call; anglicisme; calque de l'anglais.

  • Ni Mme Boucher ni M. Petit n'ont retourné les appels du Devoir hier. (Hélène Buzzetti, avec la collaboration de Monique Bhérer.)

On peut très bien retourner une lettre, c'est-à-dire la renvoyer à son point de départ :

Cette lettre a été retournée à l'expéditeur, l'adresse étant inexacte. (Multidictionnaire.)

On ne saurait toutefois faire de même avec un appel téléphonique. Selon le Multidictionnaire et le Colpron, retourner un appel est le calque de to return a call; en français, d'après ce que je vois dans ces ouvrages de même que dans le Meertens et Le français au bureau, on rappelle quelqu'un. L'Office québécois de la langue française propose également rendre un appel.

Line Gingras
Québec

«Dépenses électorales - Le PC s'est joué des règles» : http://www.ledevoir.com/2007/08/24/154460.html

22 août 2007

L'emphase est mise sur...

Mettre l'emphase sur; emphase; to put the emphasis on; calque de l'anglais; anglicisme.

  • Selon le porte-parole de la SQ, Richard Gagné, l'emphase est mise sur l'information voulant qu'un homme seul ait demandé à la fillette de l'aider à chercher son petit chien. (Presse Canadienne.)

Dans la langue courante, on appelle emphase l'«emploi abusif ou déplacé du style élevé, du ton déclamatoire», l'«exagération dans la manifestation des sentiments» (Petit Robert) :

Il parla à son tour d'un ton doctrinaire, avec l'emphase apprise dans les proclamations. (Maupassant.)

Un dévouement sans comédie et sans emphase. (Baudelaire.)

Il se contenta de déclarer sans emphase qu'il avait fait son devoir. (Lexis.)

Camil Chouinard tient donc pour fautive l'expression mettre l'emphase sur, au sens de «mettre l'accent sur». Cet emploi est considéré comme un anglicisme par le Multidictionnaire, le Colpron et le Dagenais; il s'agit du calque de to put the emphasis on, qui peut se traduire de différentes manières, selon le contexte : mettre l'accent sur, insister sur, faire ressortir, souligner, faire valoir, appuyer sur, mettre en valeur, mettre en relief.

Voir aussi la Banque de dépannage linguistique de l'Office québécois de la langue française (http://66.46.185.79/bdl/gabarit_bdl.asp?Th=3&id=1884) et Le français au micro, de Radio-Canada (http://www.radio-canada.ca/radio/francaismicro/description.asp?ID=219&CAT=E&leid=348&lacat=e).

Line Gingras
Québec

«Cédrika : Charest encourage les enquêteurs» : http://www.cyberpresse.ca/article/20070817/CPACTUALITES/70817129/1019/CPACTUALITES

20 août 2007

Démotion

Démotion; anglicisme.

  • Certes, à peu près tous les ministres ayant fait face à la controverse ont été affectés mardi, mais aucun n'a subi la démotion suprême consistant à être expulsé du cabinet. (Hélène Buzzetti.)
  • Pourtant, la démotion imposée aux deux titulaires, Rona Ambrose et Vic Toews, ne s'est pas traduite par un changement de cap dans ces deux domaines.

Démotion n'est pas admis dans le Petit Robert (2007), dans le Lexis ni dans le Trésor de la langue française informatisé. D'après le Multidictionnaire, le Chouinard et le Colpron, c'est un anglicisme; pour dire qu'un employé ou un ministre doit occuper un poste inférieur au précédent, il faut utiliser rétrogradation.

Line Gingras
Québec

«Le dernier remaniement de Stephen Harper - Au travail!» : http://www.ledevoir.com/2007/08/18/153788.html

18 août 2007

Elle s'est attirée les foudres...

S'attirer quelque chose; accord du participe passé du verbe pronominal; grammaire française; orthographe.

  • ... l'unilingue et butée Bev Oda ne s'est attirée que des foudres, ou presque. (Marie-Andrée Chouinard.)

Pour savoir s'il faut accorder ou non le participe passé d'un verbe pronominal – et avec quoi, le cas échéant –, le plus simple, à mon avis, est de se demander d'abord si le verbe a un complément d'objet direct, à l'exclusion du pronom réfléchi (s', dans la phrase ci-dessus). Dans l'affirmative, nul besoin de chercher plus loin : le participe passé s'accorde avec ce complément d'objet direct, si celui-ci précède le verbe :

On aurait dû prévoir les foudres que la ministre s'est attirées. (La ministre s'est attiré quoi? les foudres.)

Si le complément d'objet direct vient après le verbe, le participe reste invariable.

Il fallait écrire :

... Bev Oda ne s'est attiré que des foudres...

Notez que le pronom réfléchi, s', a ici fonction de complément d'objet indirect : s'attirer quelque chose, c'est attirer quelque chose à soi.

Line Gingras
Québec

« Une ministre attendue » : http://www.ledevoir.com/2007/08/18/153797.html

16 août 2007

Indication de la date

Date; place de l'article dans l'indication de la date.

  • Sœur Estelle Lauzon, religieuse de la congrégation de la Providence, a été assassinée lundi le 13 août dans le centre d'hébergement où elle travaillait... (Jean-Guy Roy, directeur général de CIRA-FM.)

On doit mettre l'article devant le jour de la semaine, et non après :

... a été assassinée le lundi 13 août...

Voir au besoin le Multidictionnaire ou Le français au bureau.

Line Gingras
Québec

«Lettres : Mourir au combat» : http://www.ledevoir.com/2007/08/16/153493.html

15 août 2007

En campagne ou à la campagne?

En campagne; à la campagne; préposition; syntaxe.

  • À Trois-Rivières, dans ce quartier où Cédrika a été enlevée, la paranoïa s’est installée. On craint de laisser les enfants sortir. On dévisage les étrangers. Une maman, dont la fille connaissait Cédrika, m’a dit qu’elle songeait à envoyer sa fille vivre chez son père, en campagne. «Il ne se passe pas des choses comme ça, en campagne.» (Patrick Lagacé.)

Selon Camil Chouinard et les linguistes de l'Office québécois de la langue française, l'expression en campagne s'emploie lorsqu'on parle d'opérations militaires ou d'une entreprise comme une campagne électorale ou publicitaire; au sens de «en région rurale», il faut dire à la campagne. Les exemples que donnent les dictionnaires correspondent effectivement à cette distinction :

En campagne

Les troupes de l'ONU sont en campagne. (Multidictionnaire.)

Tous ses amis s'étaient mis en campagne pour lui procurer les fonds nécessaires. (Lexis.)

À la campagne

Passer le week-end à la campagne. (Petit Robert.)

Mes grands-parents habitent à la campagne. (Multidictionnaire.)

Aller en vacances à la campagne. (Trésor de la langue française informatisé.)

Ce village est-il situé à la campagne, en montagne ou au bord de la mer? (Lexis.)

* * * * *

J'avais huit ou neuf ans lorsque mes parents m'ont fait visiter, avec mon frère et ma sœur plus jeunes, la vieille maison délabrée où Léopold Dion, «le monstre de Pont-Rouge», avait séquestré, agressé sexuellement et tué des enfants, peu de temps auparavant.

Pont-Rouge, c'est un village voisin de Saint-Raymond de Portneuf - là d'où je viens et où se trouvait, au fond d'un rang j'imagine, ce haut lieu du tourisme éducatif. Voilà pour la vie saine et paisible de la campagne, où, croit-on, «il ne se passe pas des choses comme ça».

Line Gingras
Québec

«Retour sur Cédrika» : http://blogues.cyberpresse.ca/lagace/?p=70720240

10 août 2007

Décès d'une baleine

  • Les fréquentes collisions avec de grands navires constituent sans contredit la plus grande cause de mortalité. En fait, la moitié des décès de baleines noires survenus au cours de la dernière décennie sont attribuables à des rencontres malheureuses avec des bateaux. (Alexandre Shields.)

D'après le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé, décès, terme de la langue administrative et juridique, s'emploie uniquement à propos de la mort d'une personne :

J'ai été à la mairie, mais on n'a pas trouvé trace du décès d'un nommé Mouilleminche. (Queneau, dans le Lexis.)

... le peuple français, en moyenne le plus vieilli, le seul où, depuis le début du siècle, les décès l'aient constamment emporté sur les naissances... (De Gaulle, dans le Trésor.)

Il faudrait reformuler :

Les fréquentes collisions avec de grands navires constituent sans contredit le danger le plus important. En fait, la moitié des baleines noires qui sont mortes au cours de la dernière décennie ont eu une rencontre malheureuse avec un bateau / ont succombé à un tel accident. [Le verbe heurter est employé plus loin.]

Line Gingras
Québec

«Le géant à bout de souffle» : http://www.ledevoir.com/2007/08/09/152866.html

9 août 2007

Dénoter

  • «À mon sens, l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'on ne dénote aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos. On voit même que cela peut nuire à l'apprentissage des jeunes enfants», précise le professeur Frederick Zimmerman, de l'Université de Washington (UW). (Louise-Maude Rioux Soucy.)

D'après ce que je vois dans les dictionnaires généraux que j'ai sous la main, dénoter ne veut pas dire «noter», «remarquer», «déceler», mais plutôt «indiquer, désigner par quelque caractéristique» (Petit Robert), «être le signe de quelque chose» (Trésor de la langue française informatisé). Dans la langue courante, le sujet désigne une chose :

Les traces qui dénotent le passage de quelque chose ou de quelqu'un. (Trésor.)

Les frissons qui dénotent la fièvre. (Trésor.)

Son attitude dénote un certain courage. (Petit Robert.)

Des aquarelles qui dénotent un grand talent. (Multidictionnaire.)

[Toutes ces peintures] dénotaient de la façon la plus évidente, pour un œil exercé, la plus belle période de l'art égyptien. (Gautier, dans le Petit Robert.)

La journaliste (je présume que les propos de monsieur Zimmerman ont été traduits) aurait pu écrire :

... l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'on ne remarque aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos.

... l'élément le plus important de cette étude, c'est qu'elle ne signale aucun avantage à utiliser ce genre de vidéos.

Line Gingras
Québec

«La télé éducative au berceau, un leurre?» : http://www.ledevoir.com/2007/08/08/152750.html

Archives