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Choux de Siam
11 mai 2010

Cette dernière

Cette dernière, ces dernières, ce dernier, ces derniers.

  • Si, depuis 1996, une politique oblige les diffuseurs à offrir une programmation diversifiée pour recevoir des subventions du ministère de la Culture, cette dernière est demeurée bien floue sur les façons d'y parvenir. (Isabelle Paré, dans Le Devoir du 17 avril 2010.)

À quoi devrait renvoyer cette dernière? Au nom féminin singulier le plus proche parmi ceux qui précèdent, en toute logique. Et pourtant, je ne pense pas que la culture soit demeurée floue; il ne me semble pas non plus qu'une programmation puisse demeurer floue, ou non, sur les façons d'offrir... une programmation. Qu'est-ce donc qui est demeuré flou? Parions que c'est la politique dont il est question au début de la phrase :

Si, depuis 1996, une politique oblige les diffuseurs à offrir une programmation diversifiée pour recevoir des subventions du ministère de la Culture, elle est demeurée bien floue sur les façons d'y parvenir.

Depuis 1996, une politique oblige les diffuseurs à offrir une programmation diversifiée pour recevoir des subventions du ministère de la Culture; elle est demeurée bien floue, cependant, sur les façons d'y parvenir.

* * * * *

  • Pour ce mordu de la scène qui a longtemps veillé aux destinées de la salle de spectacle de Carleton, en Gaspésie, le délicat art de la diffusion consiste à...

... l'art délicat de la diffusion consiste à...

Line Gingras
Québec

« Quand l'humour fait la loi, les régions ne rigolent plus » : http://www.ledevoir.com/culture/actualites-culturelles/287122/quand-l-humour-fait-la-loi-les-regions-ne-rigolent-plus

10 mai 2010

Dépenses somptueuses, dépenses somptuaires

Dépenses somptuaires; dépenses somptueuses; dépense somptuaire; dépense somptueuse.

  • L'avocat qui représente la FTQ-Construction dans la présumée fraude de l'ex-directeur général Jocelyn Dupuis serait lui-même mêlé aux dépenses somptueuses de l'ex-syndicaliste, a appris Le Devoir. (Kathleen Lévesque, dans Le Devoir du 4 mai 2010.)

Mardi 4 mai, 16 h, on sonne, j'ouvre d'en haut : ce beau jeune homme sympathique qui grimpe l'escalier, c'est le photographe du Devoir à Québec, Yan Doublet; je fais partie de la cinquantaine de lecteurs dont on va tracer le portrait au cours de l'année, pour marquer le centenaire du journal. (Les articles de la série, intitulée «Le Devoir, c'est moi», sont publiés tous les lundis.) Déjà, il y a quelques semaines, Pauline Gravel m'a appelée pour l'entretien téléphonique; aujourd'hui, on s'occupe de la photo – et je ne sais lequel aura eu la tâche la plus ardue, de la rédactrice devant tirer des propos sensés de mon bafouillage ou du photographe chargé de présenter ma bouille, désespérément non photogénique.

Un détail important complique le travail de monsieur Doublet : abonnée à la version électronique, je ne lis Le Devoir qu'à l'ordinateur; la photo doit être prise dans mon bureau. Mon visiteur se sert d'un miroir (normalement accroché au-dessus de l'évier de la cuisine), essaie plusieurs angles; relève un abat-jour qui gêne, place et déplace des dictionnaires pour équilibrer les couleurs. À l'écran, le site du Devoir semble un peu austère; nous utiliserons la version pdf, beaucoup plus colorée. Et là, tandis que nous causons agréablement pendant la prise de nouveaux clichés, je m'interroge sur le chapeau et la première phrase de l'article de madame Lévesque : des dépenses somptueuses, est-ce correct? Ne dit-on pas plutôt somptuaires? Justement, j'ai la main droite sur le Multidictionnaire; les doigts me démangent... Monsieur Doublet parti, je vais tirer cette question au clair.

D'après le Petit Robert, somptueux signifie «qui a nécessité de grandes dépenses» et, par extension, «qui est d'une beauté coûteuse, d'un luxe visible extrême». J'ai relevé les exemples suivants dans les ouvrages consultés :

Une réception, un cadeau, un décor, une fête, un dîner, une résidence, un palais, des demeures, des vêtements, des étoffes, des tapisseries, un train de vie somptueux.

De toute évidence, on ne saurait parler de dépenses somptueuses. Qu'en est-il de dépenses somptuaires?

L'adjectif a voulu dire autrefois «relatif aux dépenses». Par la suite, sous l'influence de somptueux, il a connu des glissements de sens, si bien que l'expression dépense somptuaire est admise sans réserve dans le Lexis (1977), avec la définition «dépense excessive, purement destinée au luxe» :

Dépense somptuaire et voluptuaire. (Valéry.)

Cet emploi est souvent considéré comme un pléonasme, en raison du sens premier de l'adjectif. L'Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain, publiée en 1972, fait cependant observer : «L'expression dépense somptuaire [...] signifie "dépense excessive faite pour acquérir des objets de luxe, des objets superflus". Elle a été blâmée par les puristes comme constituant un pléonasme affreux. Il n'en reste pas moins que somptuaire amène avec lui l'idée de luxe, de superflu qui n'est pas dans dépense et l'idée de dépense excessive qui n'est pas dans somptueux

L'expression dépense somptuaire est condamnée par Thomas, Girodet, Berthier et Colignon. Marie-Éva de Villers signale qu'elle est critiquée, mais courante; Hanse et Blampain paraissent la déconseiller, tout en reconnaissant qu'elle est attestée chez d'excellents écrivains.

Je lis dans le Dictionnaire historique de la langue française de la maison Robert : «Par confusion avec somptueux et parce que les lois somptuaires s'appliquaient aux dépenses de luxe, l'adjectif s'emploie aujourd'hui pour "de luxe", par exemple dans [...] dépenses somptuaires, courant malgré les critiques des puristes contre cette extension.»

Le Trésor de la langue française informatisé donne de «luxe» la définition suivante : «Pratique sociale caractérisée par des dépenses somptuaires...» (C'est moi qui souligne.)

Il me semble qu'il ne faut pas être plus catholique que le pape. Bien entendu, on peut parler, selon le contexte, de dépense excessive, exagérée, fastueuse, de prestige, d'apparat. Mais s'il faut refuser dépense somptueuse, je suis d'avis qu'il convient d'accepter dépense somptuaire :

L'avocat qui représente la FTQ-Construction dans la présumée fraude de l'ex-directeur général Jocelyn Dupuis serait lui-même mêlé aux dépenses somptuaires de l'ex-syndicaliste, a appris Le Devoir.

Line Gingras
Québec

«Des festins pour l'avocat de la FTQ-Construction» : http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/288312/des-festins-pour-l-avocat-de-la-ftq-construction
«Le Devoir, c'est moi - Exercice linguistique pour passionnée des mots» : http://www.ledevoir.com/societe/medias/288693/le-devoir-c-est-moi-exercice-linguistique-pour-passionnee-des-mots

9 mai 2010

Il réfléchit, et ne fléchit pas

  • On lui a laissé plusieurs mois pour réfléchir. Mais il n'a pas fléchi. (Christiane Desjardins, dans La Presse du 5 mai 2010.)

Je suggérerais :

On lui a laissé plusieurs mois pour réfléchir. Mais il n'a pas cédé.

Line Gingras
Québec

« Meurtre sans cadavre : le tueur refuse de dire où est le corps »
(Cet article a été corrigé après la publication.)

8 mai 2010

Ils ne m'ont pas parlée

Accord du participe passé employé avec l'auxiliaire avoir; grammaire française; orthographe d'accord.

  • Ils ne m’ont pas parlée [...] Ils ne m’ont tout simplement pas parlée. (Taïeb Moalla citant la ministre Julie Boulet, dans Le Journal de Québec du 7 mai 2010.)

Le participe passé employé avec l'auxiliaire avoir s'accorde avec le complément d'objet direct, si ce dernier précède le verbe. Dans le cas du verbe parler, toutefois, on ne pose pas la question « ils ont parlé qui? », mais « ils ont parlé à qui? ». Le pronom personnel m' est donc complément d'objet indirect, et ne commande pas l'accord :

Ils ne m'ont pas parlé [...] Ils ne m'ont tout simplement pas parlé.

Line Gingras
Québec

« Les intrigues du Parlement » : http://lejournaldequebec.canoe.ca/journaldequebec/politique/provinciale/archives/2010/05/20100507-195936.html

7 mai 2010

Une proposition qu'une école peut s'en inspirer

Que, en, dont; syntaxe.

  • ... cet examen est une proposition du ministère qu'une école peut choisir de faire passer dans son intégralité à la date prescrite ou s'en inspirer pour créer un examen maison... (Lisa-Marie Gervais, dans Le Devoir du 6 mai 2010.)

On ne dirait pas : « L'affaire que je t'en parle », mais : « L'affaire dont je te parle. »

On n'écrirait pas non plus : « ... cet examen est une proposition du ministère qu'une école peut [ou peut choisir de] s'en inspirer », mais : « ... cet examen est une proposition du ministère dont une école peut [ou peut choisir de] s'inspirer. » Je conseillerais donc :

... cet examen est une proposition du ministère qu'une école peut choisir de faire passer dans son intégralité à la date prescrite ou dont elle peut s'inspirer pour créer un examen maison...

Line Gingras
Québec

« Premier grand test des enfants de la réforme » : http://www.ledevoir.com/societe/education/288440/premier-grand-test-des-enfants-de-la-reforme

6 mai 2010

Lorsque bébé est né...

  • Lorsque bébé est né, maman l'a allaité et attend le jour où elle pourra cesser de le faire sans lui causer de traumatismes profonds... (Brigitte Breton, dans Le Soleil du 5 mai 2010.)

Lorsque bébé est né, maman [...] attend le jour...? Bien sûr que non. Pour éviter que la proposition subordonnée complément circonstanciel de temps se rattache à maman attend le jour, il faut bien séparer cette dernière proposition de la précédente, maman l'a allaité :

Lorsque bébé est né, maman l'a allaité; elle attend le jour où elle pourra cesser de le faire sans lui causer de traumatismes profonds...

Line Gingras
Québec

« Dangereux petit écran » : http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/opinions/editoriaux/201005/04/01-4277150-dangereux-petit-ecran.php?utm_source=Bulletin%20CBP_Soleil&utm_medium=email

5 mai 2010

Avoir court

Avoir court ou avoir cours; orthographe.

  • Le débat qui a court depuis quelques jours... (Jean-Marc Léger, dans Le Devoir du 3 mai 2010.)

La locution verbale s'écrit avoir cours :

Le débat qui a cours...

Line Gingras
Québec

« Lettres – Le gouverneur général » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/288323/lettres-le-gouverneur-general

4 mai 2010

Les libertés se seraient adressées aux tribunaux?

  • Il a tenu tête aux journalistes, à l'opposition, aux groupes de défense des libertés civiles qui se sont adressées aux tribunaux en 2007... (Manon Cornellier, dans Le Devoir du 28 avril 2010.)

Ce ne sont certainement pas les libertés civiles qui se sont adressées aux tribunaux, mais les groupes de défense des libertés civiles : adressés.

Line Gingras
Québec

« Compromis nécessaire » : http://www.ledevoir.com/politique/canada/287876/compromis-necessaire

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