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Choux de Siam
19 avril 2006

L'antécédent et la relative

Antécédent du pronom personnel; proposition relative; parallélisme; grammaire française; syntaxe du français.

  • La Loi sur la statistique, dont l'article 17 protège les renseignements personnels, prévoit déjà plusieurs exceptions. Il dit bien : «Sous réserve des autres dispositions du présent article...» (Stéphane Baillargeon.)

Le pronom personnel qui commence la deuxième phrase a beau être du masculin singulier, le lecteur cherche d'abord à le rattacher au sujet de la phrase précédente, même si celui-ci est un nom féminin, avant de se rendre compte que l'antécédent est un autre terme (l'article 17). L'hésitation n'aura duré qu'un instant, c'est certain, mais un malaise persiste. Et l'on n'a qu'à imaginer, à la place du nom féminin, un autre substantif masculin singulier pour se convaincre que cette gêne est justifiée :

Le Règlement sur la statistique, dont l'article 17 protège les renseignements personnels, prévoit déjà plusieurs exceptions. Il dit bien...

Le pronom il a tout l'air de renvoyer à Règlement; on aura besoin de la suite de la phrase pour dissiper le malentendu (sans gravité, en l'occurrence). Quelle est la cause de cette hésitation? Je ne crois pas qu'il existe une règle là-dessus; mais c'est une réaction que j'aimerais expliquer.

La première phrase du passage à l'étude se compose de deux propositions, dont la principale pourrait former à elle seule une phrase complète : La Loi sur la statistique prévoit déjà plusieurs exceptions. À cet énoncé de base s'ajoute une subordonnée relative explicative, dont l'article 17 protège les renseignements personnels, qui fournit une information accessoire - ou présentée comme telle - se rapportant à la Loi sur la statistique. Mais voilà, cette proposition subordonnée est en relation avec le sujet de la première phrase; elle n'est pas sur le même plan que la phrase suivante. En outre, l'esprit met spontanément en parallèle le nom sujet de la proposition principale (ou de la proposition indépendante) avec le pronom personnel sujet de la phrase suivante, comme le montrent ces exemples :

Cette jeune mère, dont c'était la première journée de travail à l'extérieur de la maison, a conduit sa fille à la garderie ce matin. Elle avait les larmes aux yeux en l'embrassant.

Il ne fait pas de doute que c'est la mère qui avait les larmes aux yeux.

Ce jeune père a conduit sa fille à la garderie ce matin. Elle avait les larmes aux yeux en l'embrassant.

Cet enchaînement, même après que l'on a trouvé - facilement, il est vrai - les antécédents des pronoms sujet (elle) et complément (l'), ne paraît pas aussi naturel que le précédent.

Cette jeune mère, dont c'était la première journée de travail à l'extérieur de la maison, a conduit sa fille à la garderie ce matin. Elle semblait ne devoir jamais se terminer.

On finit par comprendre qu'il est question de la journée...

Mais revenons au passage qui nous occupe. Je proposerais une légère reformulation pour résoudre la difficulté :

La Loi sur la statistique prévoit déjà plusieurs exceptions; l'article 17, qui protège les renseignements personnels, dit bien : «Sous réserve des autres dispositions du présent article...»

Line Gingras

«Recensement - Statistique Canada offre l'anonymat éternel» : http://www.ledevoir.com/2006/04/18/107022.html

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