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Choux de Siam
9 septembre 2006

Dans ce pays

Emploi de l'adjectif démonstratif calqué sur l'anglais; emploi de l'adjectif démonstratif au lieu du possessif; en coeur ou en choeur; homonymes; orthographe; anglicisme.

  • Mais que faire devant ceux qui n'ont désormais qu'un objectif : assassiner la liberté elle-même? Les réactions pacifistes dans ce pays cet été ne nous ont pas apporté de réponse valable à cette terrible question. (Denise Bombardier.)

De quel pays s'agit-il? Aucun n'est mentionné précisément dans le paragraphe que termine cette phrase, bien que le mot pays s'y rencontre à deux reprises, au pluriel; dans le paragraphe qui précède je trouve l'Afghanistan, mais ce n'est manifestement pas à lui que pense ici madame Bombardier. Je vois bien, à la lecture du reste de son article, qu'elle parle plutôt du Canada - et que le démonstratif a valeur de possessif, comme c'est fréquemment le cas en anglais :

An Ipsos-Reid survey, released today, indicates that many Canadians identify low adult literacy as "very important" and "a major problem" in this country.

Selon les résultats d’un sondage d’Ipsos-Reid rendu public aujourd’hui, un grand nombre de Canadiens qualifient de «très important» et de «problème majeur» le faible niveau de littératie* chez les adultes dans notre pays.

[Source de ces deux citations : http://www.abc-canada.org/media_room/news/news_releases2005.shtml]

* Littératie ne figure pas dans le Petit Robert (2007), dans le Multidictionnaire ni dans le Trésor de la langue française informatisé; il est admis, toutefois, dans le Grand dictionnaire terminologique : http://www.granddictionnaire.com/btml/fra/r_motclef/index800_1.asp

Si vous avez l'occasion de lire ou d'entendre, en français, les propos de Stephen Harper ou de certains de ses ministres, vous remarquerez, si ce n'est déjà fait, que nos dirigeants utilisent très souvent les tours «ce gouvernement», «ce pays», là où l'on attendrait «notre gouvernement», «mon gouvernement», «le Canada», «notre pays». C'est une faute bien excusable chez des anglophones; malheureusement, plus on y est exposé, plus on risque de l'«attraper»!

Je suggérerais donc de modifier légèrement la phrase à l'étude :

Les réactions pacifistes des Canadiens, cet été, ne nous ont pas apporté...

Les réactions pacifistes observées au Canada, cet été, ne nous ont pas apporté...

* * * * *

  • À notre époque de démocratie émotionnelle où la primauté semble être de vibrer en coeur, il est difficile, voire périlleux, de tenter l'exercice intellectuel qui consiste à remettre les faits en contexte.

Oui! bonne idée, tentons notre petit exercice intellectuel à nous; nous pourrons même le faire sans briser notre linge, comme dirait Jean Dion à l'exemple de ma grand-mère. Allons-y bravement, réfléchissons un peu : lorsque les coeurs vibrent à l'unisson, ils vibrent en choeur, vous ne croyez pas? (Voir le Petit Robert, à l'article «choeur».)

  • ... la politique certes douteuse qu'ont trop souvent menée les gouvernements américains, y compris Bill Clinton...

Le président des États-Unis, qui qu'il soit et en dépit de toute sa bonne volonté, n'est pas un gouvernement à lui tout seul; il aurait fallu écrire : ... les gouvernements américains, y compris celui de Bill Clinton...

Line Gingras

«Rude été» : http://www.ledevoir.com/2006/09/09/117744.html

Commentaires
C
Ça ne m'ennuie pas du tout, Feuilllle!<br /> <br /> Alors voilà : Lorsque «tel que» est suivi d'un nom ou d'un pronom, on accorde «tel» avec le premier terme de la comparaison, lequel précède habituellement. Ex. : «Cette ville, telle qu'un navire, berce ses habitants.» «Telle qu'un navire, cette ville berce ses habitants.»<br /> <br /> Lorsque «tel» est employé seul, sans «que», on hésite. Personnellement, je serais portée à faire accorder «tel» avec le premier terme de la comparaison («Cette ville, telle un navire...»); mais je trouve plus prudent de me conformer à l'avis de Hanse et Blampain : «Il y a toutefois dans l'usage une préférence, qu'il faut suivre et encourager, pour l'accord avec le nom qui suit.» («Cette ville, tel un navire...»)<br /> <br /> L'écrivain, donc, a eu raison d'écrire «telle une poupée de chiffon». Mais on ne peut pas vraiment dire que ç'aurait été une faute de faire l'accord avec le premier terme de la comparaison.
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F
excuse moi Choubine je n'ai même pas lu ces derniers temps nulle part suis surboostée<br /> et je viens pour un renseignement et si cela t'ennuie dis le moi simplement<br /> on ne sait pas cela (je te site le questionnement de mon Amie)<br /> <br /> ""Mon cerveau tourne à cent à l’heure, mais mon corps fatigué avance telle une poupée de chiffon" (de F.Ruellan extrait de son bouquin "2 zom pour mon anniv'")<br /> <br /> J'aurais écrit "tel" puisqu'il me semble qu'on doit l'accorder à la chose qui ressemble, en l'occurence "mon orps" masculin, singulier.<br /> <br /> Mais ça me flanque un doute, car le livre est édité, et l'auteur cite l'extrait apparemment sans sourciller. Suis-je dans l'erreur ?<br /> <br /> tu sais toi?<br /> et pardon encore de venir ainsi t'ennuyer<br /> franchement à cette question me suis de suite tournée vers toi<br /> mazis enleve ca si cela te gene<br /> sourire à toi
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D
Cela me fait plaisir de voir que madame B52 peut être prise en défaut, même si je suis ravi de ses colères.<br /> Au sujet de la littératie, c'est une notion assez piégée. Le concept est anglo-saxon, ce qui n'est pas un tort, mais il n'existait pas en Europe francophone il y a dix ans. Cela a conduit certains journalistes, grands, penseurs décideurs économiques ou politiques (et notamment le premier d'entre eux) à dire d'énormes conneries au sujet du niveau d'instruction des Français : une étude internationale avait montré un taux d'échec de 40 % en littératie et on avait traduit cela par analphabétisme ou illettrisme (deux notions très différentes d'ailleurs). Or la littératie ne mesure pas simplement la lecture d'un texte informatif court et simple écrit en langage courant, mais aussi la capacité à comprendre d'autres énoncés pratiques (horaires de train, plan d'immeuble, histogramme, courbes graphiques, camemberts, carte routière, bulletin de salaire, facture). On peut parfaitement être diplômé d'une grande école, avoir un doctorat et être quasi nul en littératie sans pour autant être analphabète ou illettré. Pourquoi ? Parce que ce sont des compétences qui ne sont pratiquement jamais enseignées ou évaluées en Europe francophone, qu'à un certain niveau de formation on se repose sur des subordonnés pour ces contingences mineures. Le concept est intéressant en ce qu'il montre des compétences insoupçonnées chez des gens qu'on jugerait d'un niveau inférieur en fonction des critères franco-français. C'est un outil parmi d'autres, mais j'ai compris alors que les élites françaises ne savaient pas analyser et situer des statistiques. Je signale qu'à l'époque dans la presse française on parlait de littéraricité, de littéracité (personne n'était vraiment d'accord sur la traduction de l'anglais).
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