Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Choux de Siam
31 décembre 2005

Épithète placée en début de phrase

Épithète placée en début de phrase ou de proposition; participe placé au début de la phrase ou de la proposition; rupture de construction; syntaxe et clarté.

  • Pour voyager dans une autre dimension, les états d'âme sur palette de Louis Boudreault, peintre poète ou son contraire. Mondialement connu pour ses travaux sur les envois, boîtes symboles accompagnant ses oeuvres sur différentes routes comme celles des épices ou des teintures, l'exposition Première neige nous donne de l'hiver une sorte de répit mental et d'arrêt sur images multiples et apaisantes. (Lio Kiefer.)

Eh! non, contrairement à ce qu'on pourrait penser, ce n'est pas l'exposition qui est mondialement connue, mais le peintre. On le voit, Grevisse avait bien raison lorsqu'il estimait "souhaitable que l'épithète [...] placée au début de la phrase (ou de la proposition) se rapporte au sujet de cette phrase (ou de cette proposition)". (Le bon usage, paragraphe 328, douzième édition.)

Line Gingras

"Objets - Venise: comme de bien entendu..." : http://www.ledevoir.com/2005/12/31/98631.html

22 décembre 2005

S'approprier de pouvoirs étendus

S'approprier de quelque chose; s'approprier quelque chose; s'approprier et s'emparer; s'approprier + complément d'objet indirect; s'approprier + complément d'objet direct; accord du participe passé du verbe s'approprier.

[...] les pouvoirs étendus dont s'est approprié le président dans le cadre de la guerre au terrorisme. (Brian Myles.)

S'approprier s'utilise couramment, avec un complément d'objet direct, au sens de "s'attribuer", "faire sien" :

Ils se sont approprié le dépôt qui leur était confié. (Petit Robert.)
Les pouvoirs que le gouvernement s'est injustement appropriés. (Lexis.)
S'approprier pleinement sa langue. (Multidictionnaire.)

Aucun des treize ouvrages que j'ai consultés n'admet la construction indirecte, c'est-à-dire avec la préposition de, qui serait attribuable, selon Girodet, à l'influence de s'emparer de. Par ailleurs, le Trésor cite un exemple où le complément désigne une personne :

Quand les passions sont sans aliment, elles se changent en besoin; le mariage devient alors, pour les gens de la classe moyenne, une idée fixe; car ils n'ont que cette manière de conquérir et de s'approprier une femme. César Birotteau en était là. (Balzac.)

L'accord du participe passé se fait, vous l'aurez remarqué, avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe :

La balle que les fillettes se sont appropriée. (Multidictionnaire.)

Line Gingras

"Crimes de guerre à la Maison-Blanche" : http://www.ledevoir.com/2005/12/17/97962.html

16 décembre 2005

Participer à un groupe

Participer à un groupe; participer à un comité; complément du verbe participer; participation à un groupe; participation à un comité; complément du nom participation; participant à un groupe; participant à un comité; complément du nom participant; participer et faire partie; membre et participant.

  • Mohammed Ihsan a participé au groupe de juristes qui a défini les fondements juridiques [...] (Christian Rioux.)

Je veux bien que l'on soit membre d'un groupe, d'un comité ou d'une association et que l'on participe à ses travaux ou à ses activités; tout de même, que cela ne nous empêche pas de distinguer entre membre et participant, entre faire partie et participer.

Les dictionnaires consignent le verbe participer, comme les noms participant et participation, avec des compléments évoquant une action, une activité, une entreprise, un événement :

Participer à un jeu, à une manifestation, à un colloque, à la conversation, à une grève, à des réjouissances, à une excursion, à une élection, à une cérémonie, à une expédition, à une fête, à une opération, à une épreuve, à un sauvetage.

Participants à une compétition, à une réunion.

Participation à un gala, à une recherche, à l'effort, au culte, au pouvoir, à un crime.

J'ai relevé il est vrai, dans la liste présentée par le Trésor de la langue française informatisé, l'exemple participer à un jury, qui détonne me semble-t-il - un jury désignant, comme un groupe ou un comité, un ensemble de personnes. Peut-être commence-t-on à confondre, dans l'usage, l'appartenance et la fonction : faire partie d'un jury (ou d'un comité, ou d'un groupe de juristes) suppose que l'on participe à ses travaux.

Je persiste à croire qu'il faut s'efforcer à davantage de précision.

Line Gingras

"Sur la piste de Saddam" : http://www.ledevoir.com/2005/12/09/97331.html

11 décembre 2005

S'imposer une censure

S'imposer quelque chose; verbe pronominal; participe passé; accord du participe passé du verbe pronominal; complément d'objet direct; complément d'attribution; pronom réfléchi.

  • Toute l'histoire des abus de tous genres repose sur la censure que se sont imposés les Combattants d'une cause contre une autre. (Denise Bombardier.)

Cet instant de distraction nous est gracieusement offert par mon journal préféré, amis lecteurs, afin que nous puissions revoir ensemble la règle d'accord du participe passé du verbe pronominal : lorsque ce participe passé n'est pas suivi d'un infinitif, qu'il n'entre pas dans une locution verbale (comme se rendre compte) et que le pronom réfléchi n'a pas pour seule fonction de marquer la forme pronominale, l'accord se fait avec le complément d'objet direct, pourvu que celui-ci précède le verbe.

Or, que fait ici le pronom réfléchi se? Il représente les Combattants et, outre qu'il marque la forme pronominale, remplit la fonction de complément d'attribution, indiquant à qui est imposée la censure.

Les Combattants, même si le mot est placé après le verbe, se sont imposé à eux-mêmes cette censure. Celle-ci, représentée par le pronom relatif que, joue donc le rôle de complément d'objet direct; comme ce complément est placé devant le verbe, il commande l'accord du participe passé :

... la censure que se sont imposée les Combattants...

Line Gingras

«Autocensure» : http://www.ledevoir.com/2005/08/13/88151.html

7 décembre 2005

Survivre une réalité

Survivre quelque chose; survivre à quelque chose; survivre quelqu'un; survivre à quelqu'un; verbe transitif direct; verbe transitif indirect; calque de construction.

  • [...] un test pour déterminer si l'intelligence fondée sur des principes peut survivre la réalité lilliputienne de la politique canadienne [...] (Robert Sibley, cité par Manon Cornellier.)

Dans la langue classique, survivre pouvait être transitif direct :

Le roi ne survécut guère le prince son fils. (Madame de La Fayette.)
Et j'aurai trop longtemps survécu son amour. (Rotrou.)

Aujourd'hui, cependant, cette construction n'est plus admise. Le verbe peut être intransitif, c'est-à-dire s'employer sans complément d'objet :

Le blessé a survécu quelques heures. ("Quelques heures" est complément circonstanciel de temps.)

Il peut aussi être transitif indirect, autrement dit se construire avec un complément d'objet indirect, introduit par la préposition à :

C'est une tristesse que de survivre à ceux que l'on a aimés. (Lexis.)
Le hasard m'avait ici relié à ceux qui devaient survivre à la guerre et à la révolution. (Giraudoux.)
Survivre à la honte, à l'humiliation. (Petit Robert.)
Il y a de grands hommes qui survivent à leur génie. (R. Rolland.)
[...] le christianisme survivait, plus fort que jamais, à l'entreprise philosophique. (Madelin.)
Ils se sont survécu dans leur oeuvre. (Petit Robert.)

J'ai l'impression que cette construction indirecte est solidement implantée, et que madame Cornellier l'aurait sans doute utilisée si elle ne s'était pas laissé influencer par le texte qu'elle traduisait; son confrère anglophone avait écrit, en effet :

  • [...] a test of whether principled intelligence can survive the Lilliputian reality of Canadian politics [...] (Robert Sibley.)

Le verbe anglais to survive est transitif direct; mais ce n'est plus le cas de son équivalent français.

Line Gingras

"Revue de presse - Un peu de tout" : http://www.ledevoir.com/2005/12/06/97034.html
"Can this man save politics?" : http://www.canada.com/ottawacitizen/news/citizensweekly/story.html?id=baeac30d-5b08-4c4e-84d5-bcc1d4068263

5 décembre 2005

Se précipiter à + infinitif

Se précipiter à + infinitif; se précipiter pour + infinitif; se précipiter de + infinitif; choix de la préposition après se précipiter; construction du verbe se précipiter.

  • [...] les 12 années au cours desquelles les libéraux auraient pu faire ce qu'ils se précipitent à annoncer à la veille de leur chute. (Manon Cornellier.)

Les grammaires et les ouvrages de difficultés ne contiennent pas grand-chose sur la construction du verbe se précipiter. Je trouve dans les dictionnaires quelques exemples avec la préposition à, mais devant un nom :

Se précipiter au cou de quelqu'un. (Petit Robert.)

Elle s'est précipitée à son rendez-vous : enfin, elle pouvait retrouver son copain. (Multidictionnaire.)

Autrefois, se précipiter pouvait être suivi de la préposition de introduisant l'infinitif :

Vous vous êtes précipitée [...] d'aller à Grignan sans votre mari. (Madame de Sévigné.)

Aujourd'hui, il s'emploie plutôt avec la préposition pour :

[...] il s'était précipité pour chercher du secours. (Cocteau.)

Line Gingras

"Revue de presse - La fébrilité des uns, l'angoisse des autres" : http://www.ledevoir.com/2005/11/26/96236.html
On trouve de tout à Venise - et mon amie Marlene y sera demain... : http://news.bbc.co.uk/2/hi/in_pictures/4492206.stm

3 décembre 2005

En tout respect

En tout respect; sauf votre respect; sauf le respect que je vous dois; avec le respect que je vous dois; with respect; with due respect; with all due respect; with the greatest respect; pardonnez-moi l'expression; sans vouloir vous contredire; sans vouloir vous offenser; rupture de construction; sujet de l'infinitif; agent de l'infinitif; élément incident; syntagme prépositionnel.

  • En tout respect pour l'ancien premier ministre, son forfait de 1995 n'a pas dû peser bien lourd dans la balance. (Michel David.) [Il s'agit de Pierre Marc Johnson, ancien chef du Parti Québécois, et de sa neutralité lors du référendum de 1995.]

Je n'ai pas trouvé l'expression en tout respect dans la quinzaine de dictionnaires et d'ouvrages de difficultés que j'ai consultés*. Elle semble cependant d'un emploi courant chez les parlementaires canadiens, d'après ce qu'on peut lire dans les comptes rendus des débats de la Chambre des communes; les députés francophones l'utilisent, tout comme les traducteurs :

  • Monsieur le Président, en tout respect pour la proposition du Bloc Québécois, je crois que nous avons l'obligation [...] (Jacques Saada.)
  • With all due respect, there are many sexual perpetrators on the street right now. (Joy Smith.)
  • En tout respect, je dirai que de nombreux prédateurs sexuels sont en liberté à l'heure actuelle. (Traduction.)
  • With all due respect for the hon. member of the opposition, it is hard not to be cynical and to question the real motivation behind this motion. (Murray Calder.)
  • En tout respect pour le député de l'opposition, il est difficile de ne pas se montrer cynique et de ne pas s'interroger sur le motif réel de cette motion. (Traduction.)

L'auteur du Guide anglais-français de la traduction, René Meertens, propose de rendre with all due respect par sans vouloir vous offenser. Le Robert & Collins Super Senior donne comme équivalents sans vouloir vous contredire ou sauf votre respect.

Ce dernier tour figure évidemment dans les dictionnaires de langue, de même que sauf le respect que je vous dois. Certains ouvrages de difficultés signalent toutefois que ces deux expressions relèvent de la langue familière, voire populaire. Hanse et Blampain les admettent sans formuler de réserve; on les emploie "pour s'excuser d'une parole qui pourrait choquer". Ils ajoutent néanmoins que l'on dit souvent : Pardonnez-moi l'expression.

Mais revenons sur les tours avec deux verbes à l'infinitif, sans vouloir vous contredire et sans vouloir vous offenser. Si l'on avait recours à ce genre d'expression dans la phrase à l'étude, n'y aurait-il pas rupture de construction, l'agent des infinitifs n'étant pas le même que le sujet de la proposition principale ("forfait")?

Sans vouloir offenser [ou sans vouloir dénigrer, sans vouloir rabaisser] l'ancien premier ministre, son forfait de 1995 n'a pas dû peser bien lourd dans la balance.

J'ai découvert de quoi me rassurer aux paragraphes 371 et 372, f du Bon usage (douzième édition) : nous avons ici affaire à un "élément incident", c'est-à-dire à une "espèce de parenthèse par laquelle celui qui parle ou écrit interrompt la phrase pour une intervention personnelle". Cet élément peut prendre la forme d'un syntagme prépositionnel (groupe de mots introduit par une préposition) contenant un verbe à l'infinitif :

Le citoyen ainsi défini est à la fois "législateur et sujet", pour parler comme Kant. (Bergson.)

"L'agent de cet infinitif étant le locuteur [celui qui parle ou écrit], précise Grevisse, il est souvent différent du sujet de la phrase ou de la proposition."

Bon! en ce qui me concerne, la question est réglée : je conseillerais de remplacer en tout respect, employé pour atténuer l'expression d'un désaccord ou d'une opinion qui pourrait choquer, par des tours comme sans vouloir contredire, sans vouloir offenser, sans vouloir dénigrer, sans vouloir rabaisser ou pardonnez-moi l'expression, selon le contexte.

Line Gingras

* Voir les commentaires pour une mise à jour.

"Le coup de Jarnac" : http://www.ledevoir.com/2005/11/26/96242.html

27 novembre 2005

Retraité spirituel

Retraité spirituel; retraités spirituels; retraitant; retraitants.

  • Le troisième élément vise [...] la continuité de l'hébergement des retraités spirituels, dans la pure tradition trappiste. (Stéphane Baillargeon.)

Toujours à l'affût des petites bêtes qui se faufilent dans les meilleurs textes, j'ai l'impression, quelquefois, d'être un vieux moine ayant conservé intacte sa faculté d'émerveillement.

Mais ne rions pas trop ni trop vite, car les dictionnaires aussi nous réservent des surprises, de temps à autre.

Les ouvrages de difficultés n'ont rien de très particulier à dire sur le mot retraité. D'après les dictionnaires généraux que j'ai pu consulter, le retraité, comme chacun sait, est une "personne ayant cessé toute activité professionnelle et qui reçoit une pension de retraite" (Trésor de la langue française informatisé).

Le Trésor relève cependant une autre acception : "Qui a pris ses distances par rapport au monde." Dans ce sens, l'adjectif est synonyme de retiré :

  • Le poète a fini sa tâche [...] C'est un coeur, un esprit, une âme retraités [...] (Verlaine.)

Cet emploi, qui ne figure ni dans le Petit Robert ni dans le Lexis, peut-il s'étendre à une personne qui fait une retraite? Je ne pense pas. Une retraite, d'après le Trésor, c'est une "période passée à l'écart de la vie mondaine dans le but de méditation et de récollection, notamment pour se préparer à un grand acte de la vie chrétienne". La situation est donc temporaire, l'intéressé ayant l'intention de rentrer dans le monde.

Il existe pourtant un nom, peu connu il est vrai mais consigné dans les dictionnaires (Petit Robert, Lexis, Trésor), pour désigner avec précision cette personne qui cherche à se retrouver, à se régénérer spirituellement : retraitant. C'est d'ailleurs celui-ci qu'utilisent les moines d'Oka, ceux-là mêmes dont il est question dans l'article de monsieur Baillargeon, en parlant de leurs hôtes :

  • Le monastère doit être, pour tous, une zone où s'entend le silence! C'est un défi à relever par tous, moines et retraitants. (Site Web de l'abbaye d'Oka.)

Line Gingras

"Un projet pour Oka" : http://www.ledevoir.com/2005/11/22/95795.html

21 novembre 2005

Prendre ses distances de...

Prendre ses distances de; prendre ses distances par rapport à; conserver ses distances; garder ses distances.

  • [...] de la part du gouvernement Martin, qui cherchait déjà à cette époque à prendre ses distances des proches de Jean Chrétien par tous les moyens possibles. (Alec Castonguay.)

D'après ce que je vois dans mes dictionnaires, on peut très bien se tenir à distance de quelqu'un, se distancer de quelque chose ou de quelqu'un, se distancier d'un maître, d'un allié, d'un parti, de son propre discours.

Cependant, selon Hanse et Blampain, on prend ses distances par rapport à quelqu'un. Le Lexis et le Trésor de la langue française informatisé relèvent aussi des exemples où le complément de distances (ou de l'expression contenant le mot distances) est introduit par la préposition avec :

Il s'agit de conserver ses distances avec tout ce qui est choquant et grossier. (Hébert.)

L'intimité avec les chimères, les distances avec les réalités. (Giraudoux.)

Line Gingras

"Pelletier revient hanter Martin" : http://www.ledevoir.com/2005/11/19/95598.html

19 novembre 2005

Les mieux placés à interpréter

Être bien placé à + infinitif; être mal placé à + infinitif; être mieux placé à + infinitif; être le mieux placé à + infinitif.

  • [...] plusieurs hommes, jeunes et vieux, expriment une haine de la femme que les psychanalystes seraient les mieux placés à interpréter. (Denise Bombardier.)

Je n'ai rien trouvé, dans la quinzaine d'ouvrages que j'ai consultés, sur le tour être bien placé, être mal placé à + infinitif. Les dictionnaires généraux, d'après ce que je peux voir, n'admettent l'expression en cause qu'avec la préposition pour :

Elle est mal placée pour critiquer ce choix qu'elle a naguère cautionné. (Multidictionnaire.)

L'ambassadeur qui fut le mieux placé pour bien connaître le train du monde. (Mauriac.)

Wilson était mieux placé que personne pour connaître les faiblesses du contrôle parlementaire et de la paix démocratique. (Bloch.)

Bien entendu, on aurait pu écrire :

[...] une haine de la femme que les psychanalystes seraient les plus aptes à interpréter.

Line Gingras

"Le début d'un triste temps nouveau" : http://www.ledevoir.com/2005/11/12/94943.html

15 novembre 2005

À l'emploi de

À l'emploi de; être à l'emploi de; emploi; to be in the employ of.

  • Il n'est plus à l'emploi du cabinet depuis août dernier. (Hélène Buzzetti.)

Le scandale des commandites a fait quelques chômeurs, semble-t-il; parions toutefois que ces malheureux ne risquent pas trop de se retrouver à l'aide sociale.

Ces pauvres gens ont perdu leur emploi; étaient-ils donc auparavant à l'emploi de la fonction publique, du cabinet, d'un certain parti politique, d'une agence de publicité?

Point du tout. La locution à l'emploi de est le calque de l'expression anglaise in the employ of (elle-même désuète, selon Camil Chouinard). Absente, d'après ce que je peux voir, des dictionnaires généraux et des ouvrages de difficultés rédigés par des Européens, mais fréquente chez nous, elle est condamnée comme anglicisme par les auteurs québécois que j'ai consultés - soit, outre Chouinard, Dagenais, Colpron et Villers.

On n'est pas à l'emploi de telle personne, tel ministère, telle entreprise : on est employé par...; on est au service de...; on travaille pour..., chez (suivi d'un nom de personne), à tel endroit, dans un magasin.

Line Gingras

"Purge symbolique chez les libéraux fédéraux" : http://www.ledevoir.com/2005/11/03/94134.html

11 novembre 2005

Le préfixe pré-

Préfixe pré-; trait d'union; préarrangements; pré-arrangements; mots composés.

  • Les préarrangements (ou arrangements préalables) sont un secteur de l'industrie funéraire qui m'intéresse depuis longtemps. J'aime la théâtralité et le narcissisme inhérents à cet exercice imaginaire posthume. (Josée Blanchette.)

Elle me donne tort, Josée Blanchette, et j'en suis on ne peut plus ravie.

Il y a dix jours, je signalais à des amis que le préfixe pré-, marquant l'antériorité dans le temps ou dans l'espace, ne doit pas être suivi du trait d'union, "en principe". Oui, j'ai bien dit "en principe"; c'est que, même si tous les ouvrages de langue que j'ai déjà consultés sur le sujet affirment que les mots composés avec ce préfixe s'écrivent sans trait d'union, je suis bien forcée de constater que, dans l'usage courant, le trait d'union est très souvent utilisé, y compris dans un journal d'excellente tenue comme Le Devoir - où jusqu'à tout à l'heure j'avais l'impression, en fait (faussement, en voici la preuve), que son emploi était systématique.

Donc, madame Blanchette me fait grand plaisir en écrivant préarrangements, et j'ai un peu honte de n'avoir pas abordé la question avant aujourd'hui : la partie n'est pas perdue.

Il convient de noter, en terminant, que les mots pré-bois et pré-salé ne font pas exception à la règle, bien qu'ils prennent le trait d'union : pré a ici le sens de "prairie".

Line Gingras

"C'est la vie! - Préarrangements" : http://www.ledevoir.com/2005/11/11/94789.html

9 novembre 2005

Lorgner vers

Lorgner vers quelque chose; lorgner vers quelqu'un; lorgner quelque chose; lorgner quelqu'un; verbe transitif; verbe intransitif; complément d'objet direct.

  • Les religieuses voulaient vendre leur couvent pour s'installer dans une région plus paisible. Elles ont lorgné vers une ancienne ferme à tabac de Lanoraie. (Stéphane Baillargeon.)

D'après la quinzaine de dictionnaires et d'ouvrages de difficultés que j'ai sous la main - enfin, d'après ceux qui abordent la question -, le verbe lorgner doit se construire avec un complément d'objet direct :

Lorgner un rôti du coin de l'oeil. (Petit Robert.)
Elle lorgne ce jeune homme depuis un moment. (Petit Robert.)
Les curieuses lorgnaient la comédienne. (Multidictionnaire.)
Les enfants lorgnent les jouets présentés dans les belles vitrines de Noël. (Multidictionnaire.)
Lorgner une charge, un héritage, des marchandises, une place. (Trésor de la langue française informatisé.)
Il a quelque envie de se fixer un peu ici; il lorgne les cottages, marchande les maisons, etc. (Hugo.)

Je lis toutefois, dans Le bon usage (édition de 1986), que "sous l'influence de loucher, on commence à dire" lorgner vers, lorgner sur, "ce que le Grand dictionnaire encyclopédique Larousse admet déjà".

N'empêche, l'auteur signale que cette construction n'appartient pas au français régulier.

Line Gingras

"Finalement, le Carmel reste sur le Plateau" : http://www.ledevoir.com/2005/10/26/93503.html

3 novembre 2005

Moultes félicitations, moults remerciements

Moultes; moulte; moults; moult; variable ou invariable.

  • [...] ses comptes de dépenses élevés ont soulevé moults critiques. (Alec Castonguay et Guillaume Bourgault-Côté.)

Au temps des troubadours, les souverains n'avaient sans doute pas affaire à de vilains journalistes épluchant leurs comptes de dépenses; mais nous vivons dans une société moderne, où la représentante de la reine - il s'agit ci-dessus de madame Clarkson -, si elle ne risque pas sa tête, doit craindre, ne serait-ce qu'un tout petit peu, la désapprobation du public. Qui sait, cela pourrait lui éviter - cette fois je tente une allusion à madame Jean, notre nouvelle gouverneure générale - de perdre trop souvent la tête.

Mais c'était un accident; l'effet, sûrement, des sandwichs au jambon. Ça arrive à tout le monde : trop de bière dans la recette, et l'on oublie à moitié qui l'on est, où l'on se trouve. Et l'on fait une folle de soi... un peu plus que de raison. La prochaine fois, faudra mettre du Seven Up.

"Au temps des troubadours", disions-nous donc. À cette époque, l'ancêtre de moult s'utilisait comme adjectif (ou déterminant) variable. Mais cet emploi, selon Grevisse, n'a pas persisté au-delà du treizième siècle. Aujourd'hui, il n'est pas admis d'écrire - et croyez que je le regrette, parce que cela me paraît plus joli :

  • Le chevalier eut moultes aventures...

C'est que moult (notez que le l et le t se prononcent), qu'il soit adjectif ou adverbe, doit maintenant rester invariable :

Avec moult satisfaction. (Flaubert.)
Moult connaissances utiles. (Montherlant.)
Avec moult remerciements. (San-Antonio.)
Elle se croyait moult spirituelle.

Et bien entendu, ce très vieux mot n'est plus utilisé, sauf en français régional, que "par archaïsme badin", suivant l'expression heureuse de Grevisse.

Line Gingras

"Michaëlle Jean sera gouverneure générale" : http://www.ledevoir.com/2005/08/04/87573.html

1 novembre 2005

Trahison morte-née

Mort-né; mort-nés; morts-nés; mort-née; morte-née; mort-nées; mortes-nées.

  • [...] il a sorti tout son répertoire de mimiques pour essayer de faire vivre sa trahison morte-née de l'un des chefs-d'oeuvre de Beethoven. (Christophe Huss.)

Le Petit Robert, le Multidictionnaire, le Hanse-Blampain, le Trésor de la langue française informatisé et le Bon usage donnent tous le même avis : dans mort-né, que ce mot composé soit employé comme nom ou comme adjectif, le premier élément doit rester invariable :

Des jumelles mort-nées.
Des projets mort-nés.
Des mort-nés.

La critique est mort-née. (Thibaudet.)

Le Trésor relève tout de même cette citation d'Anatole France, où mort est accordé au pluriel :

  • [...] ranimer pendant quelques heures les enfants morts-nés.

Personne n'est infaillible...

Line Gingras

"Le policier inventeur Pierre Renaud a créé un jeu qui permet aux enfants d'apprendre l'orthographe tout en s'amusant" : http://www.ledevoir.com/2005/11/01/93970.html
"Concerts classiques - Transcriptions et trahison" : http://www.ledevoir.com/2005/08/01/87341.html?258

24 octobre 2005

Localités sinistrées par les pluies

Sinistrées par; sinistrée par; sinistrés par; sinistré par; être sinistré par; verbe sinistrer; adjectif et participe passé; verbe à la forme passive; passif; complément d'agent.

  • [...] une cinquantaine de localités sinistrées par les pluies torrentielles et les glissements de terrain. (Dépêche.)

J'allais vous parler de grippe aviaire, d'ouragans, de génocides, de Parkinson planétaire et pourquoi pas d'insuffisance rénale ou de cancer, mais je pense que vous devrez vous contenter d'un peu de grammaire, puisque je ne peux pas vous offrir de jus de betterave pour faire passer tout le reste.

L'analogie, en voilà au moins une qui a le don de se faire aimer : on apprend qu'une ville est rasée par un bombardement mais que ses ruines sont caressées par la brise; un artiste est démoli par la critique, et grandi par cette épreuve. Ne peut-on dire, en conséquence, que des localités sont envahies par les touristes ou sinistrées par les pluies?

C'est une espiègle, l'analogie, qui s'amuse aux dépens des gens pressés; avant de traverser la rue, rappelons-nous donc le gros camion de notre antique manuel d'hygiène.

Un bombardement a rasé la ville que la brise voudrait caresser; la critique a démoli l'artiste que cette épreuve grandira; les touristes ont envahi des localités. Mais les pluies ne sinistreront rien ni personne, parce qu'il n'y a pas de verbe sinistrer. Et s'il n'y a pas de verbe sinistrer, il n'y a pas de participe passé, pas de forme passive, pas de pluies qui sinistrent ou qui, au passif, remplissent la fonction de complément d'agent, précédé de la préposition par.

L'adjectif sinistré existe bel et bien, mais c'est un simple adjectif qualificatif, comme joli, et non pas un participe passé, comme touché ou détruit.

Line Gingras

"Après le passage de Stan - Les Indiens du Guatemala sont oubliés par le gouvernement" : http://www.ledevoir.com/2005/10/14/92553.html

22 octobre 2005

Dans l'hypothèse où

Dans l'hypothèse où; indicatif ou conditionnel; mode indicatif; mode conditionnel.

  • Les Libériens iront de nouveau aux urnes le 8 novembre dans l'hypothèse, de plus en plus probable, aucun des 22 candidats à la présidence n'aura décroché la majorité absolue à l'issue du premier tour [...] (Dépêche.)

Un hippogriffe hypocondriaque dut un jour hypothéquer son hippodrome hypostyle. De son véhicule hippomobile, il appela son ami l'hippocampe qui se prétendit, l'hypocrite, occupé à calculer l'hypoténuse de son hypogée. Plutôt que de mourir d'hypothermie en attendant que l'autre ait achevé l'hypotaupe, il alla nourrir l'hypocauste et but dix bonnes coupes d'hypocras; et comme ensuite il n'arrivait guère à voler, il mit en cause son hypothalamus - qui le laissa tomber dans une mare d'hippopotames. Ceux-ci voulurent le retenir dans l'hypothèse où il pourrait leur verser des intérêts, sur la fameuse hypothèque.

Et cette histoire inepte finit ici, les enfants, puisqu'elle n'avait que ce but : vous faire savoir que d'après mes recherches, dans les dictionnaires et les ouvrages de difficultés que j'ai sous la main, la locution dans l'hypothèse où doit être suivie du conditionnel :

Dans l'hypothèse où il n'accepterait pas votre proposition, que feriez-vous? (Lexis.)

À noter que deux ouvrages seulement, sur les treize que j'ai consultés, donnent un avis sur la question : le Multidictionnaire et le Hanse-Blampain.

Line Gingras

Beau site sur l'hippocampe : http://www.institut-paul-ricard.org/oceanoonline/hippo.htm
"En bref : Liberia, vers un second tour" : http://www.ledevoir.com/2005/10/18/92827.html

20 octobre 2005

Consacrer

Consacrer pour; consacrer à; consacré pour; consacré à; se consacrer pour; se consacrer à; complément du verbe consacrer; construction du verbe consacrer.

  • [...] le Québec, qui consacre déjà 1,7 milliard de dollars pour son programme de garderies [...] (Bernard Descôteaux.)

Septembre 1983, pendant mes premières vacances à Venise; un après-midi, devant la basilique consacrée à saint Marc. Dans la foule, un groupe de femmes se remarque de loin - toutes, elles ont une robe blanche, avec à la taille une écharpe bleue. Certaines brandissent de petites pancartes : ARMÉE DE MARIE - CANADA.

Elles se croient dans un lieu de pèlerinage, ma parole. Comme si Saint-Marc n'était pas la caverne des quarante voleurs. Comme si Venise, en dépit de sa multitude d'églises consacrées à des saints divers, voire inexistants, n'était pas la ville la moins religieuse du monde. C'est une figure, évidemment, mais que penser d'une cité qui, entre autres initiatives douteuses, aurait envoyé des marchands dérober en Égypte le corps d'un saint prestigieux?

Ces femmes me rappellent un souvenir ancien, celui des enfants que l'on jugeait bon de consacrer à la Sainte Vierge, en les vouant au blanc et au bleu. Curieux comme cette idée a perdu de son charme.

Et si, après tout cela, vous ne vous doutez pas encore du résultat de mes recherches sur la construction du verbe consacrer, je veux bien me consacrer désormais à la vie contemplative, de préférence dans un couvent vénitien.

Consacrer, bien entendu, ne s'emploie pas que dans le domaine religieux; c'est, dans la langue courante, affecter une personne ou une chose "à une fin déterminée et parfois exclusive" (Trésor de la langue française informatisé) :

J'ai consacré tout l'après-midi à la préparation de mon exposé. (Lexis.)
Il se consacre entièrement à ce projet. (Lexis.)
Fonds consacrés au réaménagement des locaux.
Consacrer un livre à une question.
(Hanse et Blampain.)
Se consacrer à une noble cause.
[...] je tenais à ne consacrer à cette bataille d'usure [...] que le strict minimum.
(Joffre.)
Il consacre son temps à étudier. (Multidictionnaire.)

Aucun des quinze ouvrages que j'ai consultés ne propose d'exemple où le complément de destination serait introduit par la préposition pour; seule la préposition à est admise. Le Dupré (Encyclopédie du bon français dans l'usage contemporain) signale comme incorrecte cette phrase de Mirbeau :

Le reste de la matinée est consacré en visites.

Autre construction fautive, que Hanse et Blampain ont relevée "dans un livre officiel sur Genève" :

Consacrer une plaquette concernant l'histoire de...

Il aurait fallu écrire, en conséquence, que le Québec consacre 1,7 milliard de dollars à son programme de garderies.

Line Gingras

"Sourd et aveugle" : http://www.ledevoir.com/2005/10/19/92918.html

16 octobre 2005

Au motif que

Au motif que; au motif de; pour le bon motif; motif.

Mademoiselle est au salon
- Ah! Seigneur, que c'est long!
Tantôt viendra l'p'tit Vaillancourt
- Ah! Seigneur, que c'est court!

Lorsque jadis un jeune homme fréquentait une jeune fille, ce devait être pour le bon motif - en vue du mariage, lui-même précédé des fiançailles, lesquelles suivaient ce moment solennel de la grand' demande.

De même, dans la langue courante, on voit assez souvent le complément de cause (répondant à la question pourquoi?) introduit par le nom motif précédé de la préposition pour :

Pour quel motif as-tu changé d'avis? (Multidictionnaire.)
Pour des motifs qui nous échappent.

Mais serait-il admis d'utiliser plutôt la préposition à?

J'ai signalé l'autre jour cet exemple, relevé dans le Petit Robert :

  • Requête rejetée au motif que l'intéressé est mineur.

Cette formulation est donnée toutefois comme appartenant à la langue juridique. De fait, aucun des seize autres ouvrages que j'ai consultés ne mentionne le tour au motif que ni, de manière générale, l'emploi de la préposition à devant le nom motif indiquant un complément de cause. Je pense donc qu'il faudrait réserver cette construction au domaine du droit :

  • M. Chrétien a suspendu temporairement sa requête en récusation il y a deux semaines. En revanche, l'avocat du gouvernement fédéral, Brian Saunders, lui a confirmé par écrit qu'il pourrait entamer une nouvelle bataille contre le commissaire au motif de sa partialité au moment opportun. (Brian Myles et Manon Cornellier.)

Line Gingras

Pour écouter La grand' demande : http://www4.bnquebec.ca/musique_78trs/mt571.htm
"Gomery monte au front" : http://www.ledevoir.com/2005/06/15/84252.html?355

14 octobre 2005

Discriminer, être discriminé

Discriminer quelqu'un; être discriminé; to discriminate against; to be discriminated against; Coventry Carol.

  • [...] les habitants de l'ancienne Allemagne de l'Est continuent de se sentir dénigrés, voire discriminés par leurs concitoyens de l'Ouest. (Dépêche.)

Au Moyen Âge, dans la ville de Coventry, on représentait des mystères - entre autres celui pour lequel fut composé le Coventry Carol, cette berceuse chantée par les femmes de Bethléem à leurs tout-petits, que les soldats d'Hérode vont bientôt massacrer. Selon William Sandys, une vieille tradition voudrait que le propre fils d'Hérode ait été parmi ces malheureux innocents. Pas de discrimination...

Le substantif discrimination s'emploie dans la langue courante, souvent de façon péjorative, pour désigner le "traitement différencié, inégalitaire, appliqué à des personnes sur la base de critères variables" (Trésor de la langue française informatisé).

Plus rarement, et plutôt dans la langue littéraire, il désigne l'"action de discerner, de distinguer les choses les unes des autres avec précision, selon des critères définis" (Petit Robert).

C'est à cette dernière acception que se rattache le verbe discriminer :

[Il a] judicieusement discriminé les créatures et les écrivains du second et du troisième rayon. (Henriot.)
C'était une autre affaire de discriminer les visiteurs. (Guéhenno.)
Les questions qui discriminaient significativement les sujets normaux des sujets présentant un syndrome mental donné. (Delay.)
Apprendre à discriminer les méthodes les plus efficaces. (Lexis.)
Discriminer rhumatismes infectieux et arthrites microbiennes. (Ravault.)
Quand la vie nous laissera-t-elle le temps de nuancer et de discriminer? (Dubos.)

Nulle part, dans les treize ouvrages que j'ai consultés, je n'ai trouvé ce verbe ("beaucoup plus rare, précisent Hanse et Blampain, que le nom discrimination et l'adjectif discriminatoire") avec la nuance péjorative que prend souvent le nom discrimination - si ce n'est dans une remarque du Trésor, où l'on signale avoir rencontré cet emploi dans la documentation; les auteurs font observer que discriminer y est utilisé de façon absolue, autrement dit sans complément :

En tolérant que l'Europe discrimine, c'est-à-dire maintienne les restrictions financières et commerciales contre les États-Unis tout en abaissant ces restrictions entre pays membres de l'OECE. (Univers économique et social, 1960.)

Il s'agit là, je le souligne, d'une simple mention.

René Meertens propose, comme équivalents de to discriminate against : constituer une discrimination à l'encontre de, placer dans une situation désavantageuse, défavoriser; et pour traduire to be discriminated against : être victime d'une discrimination, être ou faire l'objet de mesures discriminatoires.

Dans la phrase qui nous occupe, je pense qu'il aurait fallu étoffer, en écrivant par exemple :

  • [...] les habitants de l'ancienne Allemagne de l'Est continuent de se sentir dénigrés par leurs concitoyens de l'Ouest, qui auraient même à leur endroit des pratiques discriminatoires.

C'est plus long, évidemment...; mais sommes-nous si pressés?

Line Gingras

Texte sur le Coventry Carol : http://www.hymnsandcarolsofchristmas.com/Hymns_and_Carols/coventry_carol-1.htm
"Une première femme à la tête de l'Allemagne" : http://www.ledevoir.com/2005/10/11/92341.html

Archives