Ne rien oublier
Il y a eu le violon de la mer et ses nuances de nacre, chez Léone; ensuite la promenade au Bois de Coulonge et les courses d'écureuils; plus tard, dans le Petit-Champlain, la crème glacée molle à la vanille et à l'érable; enfin le traversier jusqu'à Lévis, pour les lumières; la remontée jusqu'à la rue Saint-Louis; le retour en évitant les zones dévastées par la guitare électrique.
Et avant le dessert, avec Anne-Marie, il y a eu le pique-nique. Avant le pique-nique, l'orage, qui s'est invité tout seul.
Mais vous le savez ou vous devez le savoir, les Québécoises - les de souche, du moins - ont la couenne dure; habituées aux terribles hivers canadiens, interminables et oh! combien rigoureux, nièces de coureurs des bois, filles de hardis défricheurs et de vaillantes laboureuses*, elles ne craignent rien. Et réalisent, toujours, ce qu'elles ont juré de réaliser. Ça comprend les pique-niques, qui ne peuvent en aucun cas se tenir à l'intérieur.
Quand même, nous avons attendu qu'il cesse de pleuvoir. Et puis nous sommes bravement parties souper all'aperto, sur les plaines d'Abraham.
Tout allait à merveille, jusqu'à ce que la pluie recommence. Il y a eu un moment étrange où, protégées par notre arbre, nous la regardions tomber en bruine sans rien sentir. Ensuite, l'une après l'autre, nous avons sorti le nécessaire.
Nous devions faire un joli tableau, trois bavardes rigolant sous l'arbre, un verre à la main, l'autre tenant un parapluie. Il a tonné. Nous avons décidé, je pense, qu'un batteur répétait son solo. L'ondée est passée; notre vin n'a pas même été changé en eau.
* D'après le Petit Robert, le Trésor de la langue française informatisé et même le Multidictionnaire, laboureur est seulement un nom masculin. Allons donc.
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Dur dur d'être un établissement
- En 2005-2006, plus des trois quarts des établissements ont connu un déficit et elles ont toutes prévu le même scénario négatif pour l'année prochaine... (Marie-Andrée Chouinard.)
On a sans doute substitué établissements à universités, mais il fallait penser aux changements qu'entraînait cette décision.
- Si l'établissement présente un déficit, le versement de la subvention est conditionnel à l'adoption de mesures nécessaires au rétablissement de leur équilibre budgétaire.
L'adjectif possessif ne renvoie pas à un pluriel; la journaliste a oublié, semble-t-il, qu'elle vient d'employer le mot établissement au singulier. Par ailleurs, pour éviter la répétition, on pourrait songer à remplacer établissement par université, ou rétablissement par retour.
Line Gingras
«Universités : les recteurs fulminent contre Québec» : http://www.ledevoir.com/2006/07/12/113489.html