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Choux de Siam
8 février 2006

Qui l'eut cru...

Eût cru; eut cru; conditionnel passé deuxième forme; conditionnel passé première forme; passé antérieur; orthographe; grammaire française.

  • Cristobal, superstar? Qui l'eut cru... Grâce à ses récentes performances, Cristobal Huet semble avoir gagné le coeur des partisans du Canadien. (PC.)

Au passé antérieur, l'auxiliaire avoir s'écrit sans accent circonflexe à la troisième personne du singulier :

Quand il eut terminé ses devoirs, l'enfant fut autorisé à regarder la télévision.

Il n'en va pas de même au conditionnel passé deuxième forme :

Cristobal, superstar? Qui l'eût cru...

Mais comment reconnaît-on un conditionnel passé deuxième forme? C'est tout simple : le verbe a le même sens qu'au conditionnel passé première forme, d'utilisation très courante :

Cristobal, superstar? Qui l'aurait cru...

Line Gingras

«Le Canadien - Les partisans semblent avoir choisi leur homme de confiance: Cristobal Huet» : http://www.ledevoir.com/2006/02/07/101466.html

7 février 2006

La dernière meilleure chance

Le dernier meilleur; la dernière meilleure; emploi d'un numéral avec le superlatif; anglicisme; calque de l'anglais; grammaire française; syntaxe du français.

  • L'équipe qui sera assermentée aujourd'hui inclut également une poignée de Québécois plus ou moins obscurs sur les frêles épaules desquels repose peut-être la dernière meilleure chance de réélection du gouvernement de Jean Charest et d'une accalmie prolongée sur le front référendaire. (Chantal Hébert.)

Si la dernière chance est meilleure que les précédentes, comment peut-elle être la dernière meilleure? La journaliste aurait-elle voulu changer d'adjectif et simplement oublié de supprimer celui qui devenait superflu? De toute façon, je rencontre souvent des tournures comme le quatrième meilleur, le dixième pays le plus développé, qui ne sont guère plus recommandables, ainsi que l'explique Camil Chouinard. Ces constructions avec un numéral sont fréquentes en anglais, mais en français il faut se souvenir que le meilleur, le plus élevé sont des superlatifs, et que ce qui est au quatrième ou au dixième rang ne saurait en même temps se trouver au premier.

Line Gingras

«L'éléphant dans le salon conservateur» : http://www.ledevoir.com/2006/02/06/101413.html?338

6 février 2006

Ni fleurs ni couronnes - Traiter une collègue d'«ignare»

Accord du verbe avec son sujet éloigné; orthographe d'accord; grammaire française; syntaxe du français.

  • Les discussions calmes et pondérées qui ont entouré l'inavouable possibilité de créer au Canada des tribunaux musulmans pour les affaires familiales, proposition qui aurait été rejetée avec colère et mépris avant le 11 septembre, illustre bien ma crainte. (Gil Courtemanche.)

Même type de faute dans la phrase suivante :

  • [...] les extrémistes, en poussant toujours plus loin leur violence verbale ou physique contre la liberté de penser, nous pousse, inconsciemment du moins, vers le repli et la prudence.

Le verbe s'accorde toujours avec son sujet, même s'il en est séparé. Dans le premier exemple, les deux propositions relatives intercalées ne doivent pas faire perdre de vue que ce sont les discussions qui illustrent la crainte. Dans le second, derrière la proposition qui joue le rôle de complément circonstanciel inversé se trouvent les extrémistes, qui nous poussent...; n'allons pas l'oublier.

Monsieur Courtemanche, ici, semble avoir manqué de vigilance; il était sans doute un peu pressé. Je ne lui reprocherai pas trop sévèrement une imperfection attribuable à la nature humaine; en revanche, je l'inviterais à davantage de courtoisie lorsqu'il est amené à rétablir certains faits :

  • À RDI, une journaliste ignare nous annonçait hier que le monde musulman tout entier protestait contre les sataniques caricatures danoises.

Lorsqu'on traite une collègue d'«ignare», on ne peut se permettre de négliger, deux fois dans le même article, de se conformer à une règle élémentaire du français.

Line Gingras

«Les caricatures sataniques» : http://www.ledevoir.com/2006/02/04/101324.html?338

5 février 2006

Accord du verbe avec plusieurs sujets inversés

Accord du verbe avec plusieurs sujets inversés; orthographe d'accord; grammaire française; syntaxe du français.

  • À la pornographie vulgaire s'ajoute maintenant, à l'échelle de la planète, le commerce de la prostitution forcée, l'esclavage des femmes, et un tourisme sexuel qui n'épargne plus les enfants. (Jean-Claude Leclerc.)

Le verbe s'ajouter a trois sujets; ceux-ci sont inversés, c'est-à-dire qu'ils suivent le verbe au lieu de le précéder, mais cela ne change rien au fait qu'ils commandent l'accord. Le verbe doit donc se mettre à la troisième personne du pluriel : s'ajoutent.

Line Gingras

«L'encyclique de l'amour - Benoît XVI va-t-il surprendre le monde catholique?» : http://www.ledevoir.com/2006/01/30/100851.html?338

4 février 2006

Ni fleurs ni couronnes - Mauvais raccord

  • Des heurts ne manqueront pas de survenir dès l'ouverture de la session parlementaire avec la présentation du discours du Trône, puis du dépôt du premier budget, au printemps. (Bernard Descôteaux.)

Avec la présentation du dépôt? Je ne crois pas. Il me semble qu'on a le choix entre ces deux possibilités :

[...] avec la présentation du discours du Trône, puis le dépôt du premier budget, au printemps.

[...] avec la présentation du discours du Trône, puis du premier budget, au printemps.

«Combien de temps?» : http://www.ledevoir.com/2006/01/28/100797.html

3 février 2006

Constater que

Constater que + subjonctif; constater que + indicatif; choix du mode après constater que; grammaire française; syntaxe du français.

  • Il est plutôt rassurant de constater que la représentation politique soit plus fidèle des différences* profondes qu'on constate sociologiquement entre Montréal et le reste du Québec. (Denise Bombardier.)

D'après le Trésor de la langue française informatisé, constater, c'est «prendre connaissance de quelque chose, se rendre compte de l'existence d'un fait» :

Les bourgeois de Plassans restèrent stupéfaits en constatant qu'on installait un café sous l'église. (Zola.)

À l'hôtel où je suis descendu, où j'entends parler quantité d'étrangers, je constate à nouveau que la langue française est de débit plus égal qu'aucune autre. (Gide.)

Le Lexis confirme que ce verbe, qui ne laisse guère de place au doute, s'emploie avec l'indicatif (et non pas avec le subjonctif, comme c'est le cas dans la phrase à l'étude) lorsqu'il a pour complément une proposition introduite par que.

Je suggérerais par ailleurs d'éviter une répétition peu élégante en remplaçant qu'on constate par qu'on observe ou qu'on remarque.

Line Gingras

* J'ai abordé cette question hier.

«Deux Québec» : http://www.ledevoir.com/2006/01/28/100752.html?338

2 février 2006

Une représentation fidèle des différences

Être fidèle de quelque chose; être fidèle à quelque chose; être fidèle à ou de quelque chose; grammaire française; syntaxe du français.

  • Il est plutôt rassurant de constater que la représentation politique soit* plus fidèle des différences profondes qu'on constate sociologiquement entre Montréal et le reste du Québec. (Denise Bombardier.)

Le substantif fidèle se rencontre avec la préposition de :

Les fidèles de l'Église catholique. (Multidictionnaire.)
C'est un fidèle des concerts du samedi. (Lexis.)

Bien entendu, cet emploi est très différent de celui qui nous intéresse, lequel correspond plutôt à la définition suivante : «Qui est conforme à la réalité, à un modèle, à un original, etc.» (Trésor de la langue française informatisé.) L'adjectif fidèle, dans cette acception, peut s'utiliser seul :

Une traduction fidèle n'a pas à être inélégante.

On le trouve aussi avec un complément, introduit par la préposition à :

Le film est fidèle au roman dont il a été tiré. (Petit Robert.)
Réalisation fidèle à la conception de l'auteur. (Petit Robert.)

Ou encore avec un complément du nom, amené par la préposition de :

La reproduction fidèle du propos qui lui fut tenu par un membre du conseil de guerre. (Clemenceau, cité par le Trésor.)

Dans le passage à l'étude - constater que la représentation politique soit* plus fidèle des différences profondes -, différences n'est pas complément du nom représentation, dont il est séparé par le verbe être; il fait partie du groupe attribut, dont fidèle est le noyau. Il faudrait donc la préposition à. Il me semble toutefois que l'idée gagnerait à être exprimée un peu différemment; je proposerais :

Il est plutôt rassurant de constater que la représentation politique reflète mieux les différences profondes qu'on remarque sociologiquement entre Montréal et le reste du Québec.

Line Gingras

* Je parlerai de l'emploi du subjonctif après le verbe constater dans un prochain billet.

«Deux Québec» : http://www.ledevoir.com/2006/01/28/100752.html?338

1 février 2006

Une initiative citoyen

Citoyen; initiative citoyenne; initiative citoyen; citoyen, adjectif variable; citoyen, adjectif invariable; répétition de la préposition de.

  • Entre-temps, les carnetiers du Québec y vont de coups de coeur, de coups de gueule, au gré de l'actualité et de leur quotidien personnel et professionnel. Tantôt pour parler d'un projet de loi, _ une initiative citoyen, du commerçant du coin ou tout simplement, de son voisin. (Bruno Guglielminetti.)

D'après le Petit Robert, citoyen peut s'employer comme adjectif au sens de «relatif à la citoyenneté, à l'esprit civique» :

L'entreprise citoyenne (c'est-à-dire «qui a un rôle à jouer dans la société»).

De toute évidence, ce n'est pas un adjectif invariable.

******************

La préposition de, comme les prépositions à et en, se répète en général devant chacun des éléments d'une énumération; dans le cas présent, elle introduit déjà les trois autres compléments du verbe parler...

******************

Il semblerait qu'on ait travaillé un peu vite, ici.

Monsieur Guglielminetti écrit encore : «[...] contrairement aux journalistes et aux médias qui les emploient chez nous, les carnetiers n'ont pas de code d'éthique, pas de politique de rédaction, pas de Conseil de presse ou d'ombudsman qui les surveillent pour les ramener dans le droit chemin.»

Pas de code d'éthique? Pas de politique de rédaction? Au moins, j'ai mes dictionnaires; et me sachant faillible, je me relis.

Line Gingras

«Technologie: Quand les blogueurs jouent dans les plates-bandes des communicateurs» : http://www.ledevoir.com/2006/01/30/100866.html?338

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