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Choux de Siam
5 novembre 2005

Nous avons vu l'Étoile...

Ensemble vocal André Martin; oratorio Jephte, de Carissimi; concert de Noël; Québec.

Nous avons vu l’Étoile...

Ce sera le thème de notre concert du 10 décembre. Qui nous amènera d’un monde ancien à l’ère nouvelle, marquée par la réalisation d’une promesse, par la réponse du Ciel à l’appel des hommes.

Étrange idée pour un concert de Noël, nous avons d’abord au programme l’oratorio Jephte, de Carissimi. Jephte est une sorte de chef de guerre; appelé à défendre les fils d’Israël contre ceux d’Ammon, il part au combat en faisant un vœu : si le Seigneur lui donne la victoire, lui, Jephte, lui donnera en sacrifice quiconque, le premier, sortira de la maison pour l’accueillir à son retour.

Promesse imprudente : Jephte revient chez lui vainqueur, et c’est sa fille, sa fille unique, unique et vierge, qui la première court à sa rencontre.

Il est désespéré, déchire ses vêtements, mais ne songe pas à reprendre sa parole; et sa fille ne se révolte pas non plus, mais s’offre d’elle-même en holocauste. Seulement, elle demande deux mois pour aller dans les montagnes, avec sa suite, pleurer... sur sa virginité. Le livret de l’oratorio n’en dit pas davantage; dans l’Ancien Testament, on lit cependant que, les deux mois écoulés, la fille de Jephte rentre chez elle et que le vœu est accompli.

Cette histoire présente des parallèles intéressants avec celle du Christ : dans les deux cas, on voit le sacrifice d’un enfant unique – unique et vierge – par lequel est sauvé tout un peuple; la soumission de l’enfant à la volonté de son père; la retraite dans la montagne, avec ses amis, pour pleurer et se préparer à la mort.

Mais on voit bien, aussi, le contraste entre l’ordre ancien et le nouveau : le Dieu de Jephte est un « seigneur de la guerre », qui soutient son peuple par la victoire des armes; celui de l’ordre nouveau se définit plutôt comme le prince de la paix, venu inaugurer – en principe, n’est-ce pas – le règne de l’amour.

Dans le monde où vit Jephte, ce sont les hommes qui font des sacrifices à Dieu, qui sont prêts à lui offrir en holocauste un fils, une fille unique, et à mourir sans descendance. Dans l’ère nouvelle, c’est Dieu qui donne au monde son fils, son fils unique, pour le sauver.

Dieu, comme Jephte, accomplit sa promesse. Toutefois, le Messie qu’il envoie ne correspond pas exactement aux attentes des hommes : lui qui est le Dieu de majesté, il naît comme tous les hommes, petit enfant vulnérable, qu’il faut soustraire au massacre ordonné par Hérode; lui qui tient le monde entre ses mains, il naît dans une étable, devant le bœuf et l’âne; lui qui est le roi du Ciel, il ne veut pas régner par la force des armes, mais par celle de l’amour.

Line

Commentaires
C
Le parallèle que tu avances entre Jephté et Dieu est inhabituel, on le fait d'ordinaire entre Abraham et Dieu. Le croyant que je suis avoue être géné par ses notions de sacrifice même celui du Christ. je m'éloigne de cette lecture sacrificielle pour voir plutôt le salut apporté par la vie du Christ. Et en suivant la fin de ton texte, noël plus que le calvaire, me donne de la lumière.<br /> Chaque homme (dans sa nuit)
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